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Réponse des Sciences 2012/006

Transport vers la côte Ouest du Canada de débris marins issus du tsunami de Tōhoku de 2011

Contexte

Le 9 décembre 2011, la Division des sciences océanologiques (DSO) de Pêches et Océans Canada (MPO) de la région du Pacifique a demandé à la Direction des Sciences du MPO, région du Pacifique, de fournir des informations et un avis sur le transport vers la côte Ouest du Canada de débris issus du tremblement de terre et du tsunami qui se sont produits au Japon en mars 2011. Cette demande avait été motivée par de nombreuses demandes reçues par la Division des sciences océanologiques; en effet, d'autres ministères et organismes fédéraux, la province de la Colombie-Britannique et les médias souhaitaient savoir quand, où et en quelle quantité des débris issus du tremblement de terre et du tsunami seraient susceptibles d'atteindre les eaux et les rivages canadiens. La Division des sciences océanologiques a posé les questions suivantes :

  1. À quel moment et à quel endroit s'attend-on à ce que les débris issus du tsunami de Tōhoku de 2011 atteignent les eaux et les lignes de côte canadiennes?
  2. Quels types de matières devrait-on s'attendre à trouver dans les débris et quelle quantité de matières estimée risque d'atteindre les eaux et les lignes de côte canadiennes?
  3. Quelle surveillance le Canada et la communauté internationale exercent-ils sur les débris qui flottent dans l'océan?
  4. Quels risques, s'il y a lieu, les débris posent-ils pour les espèces, habitats et écosystèmes se trouvant dans les eaux canadiennes?
  5. Quelles sont les éventuelles répercussions pour la navigation dans les eaux canadiennes?

Le présent processus spécial de réponse des Sciences (PSRS) se fonde sur l'information disponible sur les débris et deux modèles de circulation océanique indépendants, simulant les déplacements des débris et les vitesses de dérive dans le nord de l'océan Pacifique. Ces éléments sont toutefois sujets à un degré d'incertitude élevé en raison d'une observation et d'un suivi des débris insuffisants, de la nature diffuse de la zone de débris et de l'absence d'essais en bonne et due forme des modèles. Pêches et Océans Canada a choisi de recourir à un processus spécial de réponse des Sciences parce qu'il lui a été demandé d'examiner seulement l'information disponible sur le sujet et non les méthodes de collecte des données ni les modèles de simulation et leurs résultats.

Voici les réponses et conclusions du processus spécial de réponse des Sciences :

  1. À quel moment et à quel endroit s'attend-on à ce que les débris issus du tsunami de Tōhoku de 2011 atteignent les eaux et les lignes de côte canadiennes?  D'après les prévisions du modèle, les débris du tsunami de mars 2011 devraient commencer à arriver dans les eaux nord-américaines en 2013 et continuer d'arriver dans une zone géographique étendue, allant de l'Alaska à la Californie, pendant plusieurs années. Note de bas de page 1Cependant, les objets fortement exposés au vent peuvent être poussés par les vents d'ouest dominants et se déplacer plus rapidement vers la côte nord-américaine que les eaux de surface qui transportent probablement la plupart des débris. Les objets offrant une plus grande prise au vent pourraient atteindre la côte de la Colombie-Britannique plus tôt que la majorité des débris, qui devraient arriver dans le premier semestre de 2013. La plupart des débris consisteront en petits morceaux plutôt qu'en gros objets ou champs de débris, en raison des effets des courants de surface, des vents et des vagues. Il est important de noter que les débris issus du tsunami s'ajouteront aux débris déjà à la dérive dans les eaux canadiennes et qui arrivent chaque jour sur le rivage de la Colombie-Britannique. Les tendances actuelles de dépôt des débris sur les lignes de côte devraient se maintenir au moment de l'arrivée des débris du tsunami. Comme il n'est pas possible de déterminer l'origine de la plupart des débris rejetés, le seul indicateur de l'arrivée de débris issus du tsunami sera probablement une augmentation de la quantité de débris (par poids) par rapport à la moyenne à long terme. Il est peu probable que les débris issus du tsunami pénètrent dans le détroit de Georgie en raison des propriétés de l'eau de surface et des courants présents à l'entrée du détroit de Juan de Fuca. 
  2. Quels types de matières devrait-on s'attendre à trouver dans les débris et quelle quantité de matières estimée risque d'atteindre les eaux et les lignes de côte canadiennes?  La quantité et la composition des débris du tsunami qui devraient atteindre l'Amérique du Nord sont extrêmement incertaines. Selon les premières estimations, la masse de débris emportée par l'océan varierait de 20 à 25 millions de tonnes. Néanmoins, une estimation mise à jour par le gouvernement du Japon indique que 1,54 million de tonnes de débris produits par le tsunami étaient encore à flot en mars 2012. À ce jour, aucune source indépendante n'a confirmé cette information et la composition des débris est peu connue. D'après les connaissances actuelles des processus océanographiques et du transport des débris marins, seuls les objets à la plus grande durabilité et flottabilité survivront à la traversée de l'océan Pacifique et atteindront l'Amérique du Nord. Les modèles utilisés pour prévoir les déplacements des débris montrent que la plupart des débris du tsunami resteront dans l'océan pendant plusieurs années et se rassembleront dans la Plaque de déchets du Pacifique Nord. Il est peu probable que les débris pris dans la plaque de déchets atteignent ensuite la côte de la Colombie-Britannique.
  3. Quelle surveillance le Canada et la communauté internationale exercent-ils sur les débris qui flottent dans l'océan?  Les débris emportés dans l'océan Pacifique ont été suivis par satellite pendant environ un mois après le tsunami. Les tentatives de localisation des débris par imagerie satellitaire à haute résolution en décembre 2011 se sont soldées par un échec. En l'absence de surveillance systématique des débris par satellite, les observations fortuites réalisées par des navires de passage ont été compilées et classées par le gouvernement japonais. Les lignes de côte de l'État de Washington sont actuellement observées pour recueillir des données sur la quantité et la composition des débris marins qui y échouent. Cette surveillance pourrait s'étendre aux côtes de l'Oregon et de la Californie. Il n'existe aucun programme officiel de surveillance systématique de la ligne de côte de la Colombie-Britannique, mais certaines données de référence sont recueillies lors des journées annuelles de nettoyage des plages coordonnées par des organisations non gouvernementales de l'environnement. 
  4. Quels risques, s'il y a lieu, les débris posent-ils pour les espèces, habitats et écosystèmes se trouvant dans les eaux canadiennes?  Il est impossible de quantifier les risques posés par les débris du tsunami pour les espèces, habitats et écosystèmes marins de la Colombie-Britannique et de savoir si ces risques dépassent les seuils d'effet. Les niveaux de risque de référence posés par l'action des débris marins pour les espèces, les habitats et les écosystèmes dans les eaux canadiennes sont peu compris et mal documentés; c'est pourquoi, à l'heure actuelle, nous ne pouvons estimer l'augmentation cumulative des risques associée à l'arrivée des débris du tsunami. Cependant, le risque de radioactivité des débris associée au césium 137 (137Cs) et à l'iode 131 (131I) en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima est estimé comme faible. Les résultats d'essais limités réalisés sur des débris du tsunami recueillis par un navire de recherche russe en septembre 2011 indiquent que les niveaux de radioactivité se situent sous les seuils de détection.
  5. Quelles sont les éventuelles répercussions pour la navigation dans les eaux canadiennes? Les répercussions des débris marins sur la navigation dans les eaux canadiennes sont mal connues. Le plus grand risque pour la navigation serait posé par l'arrivée d'objets de grande taille (p. ex. conteneurs d'expédition, maisons) dans les eaux côtières, mais on estime comme faible la probabilité que de tels objets restent intacts après la traversée de l'océan Pacifique. Bien que les filets, cordages et autres débris sources d'enchevêtrement provenant du tsunami représentent un risque pour la navigation, ce dernier et les incidences en résultant viendront probablement s'ajouter par processus cumulatif aux risques posés actuellement par les autres débris sources d'enchevêtrement. Les petits objets (p. ex. grumes ou petits morceaux de bois) ne devraient représenter aucun risque supplémentaire pour la circulation de navires au large de la côte ouest de l’île de Vancouver. À leur arrivée, les débris du tsunami ne devraient pas poser de risque pour la circulation des bateaux dans les détroits de Juan de Fuca et de Georgie, car les propriétés de l'eau et les régimes de courants empêcheront le déplacement des débris vers ces étendues d'eau.

Nous savons qu'une partie des débris du tsunami survenu au Japon en 2011 finira par atteindre l'Amérique du Nord, mais de nombreuses incertitudes subsistent quant à la quantité et la composition des débris encore à la dérive, leur emplacement, leurs voies de passage, ainsi que le moment où ils atteindront nos côtes et leur quantité. Pour y répondre, il est recommandé de mettre à jour le présent avis à mesure que de nouveaux renseignements sont obtenus d'autres organismes gouvernementaux et de coordonner la surveillance et le suivi des débris.

Le présent rapport de réponse des Sciences est tiré du Processus spécial de réponse des Sciences de la région du Pacifique sur le transport vers la côte Ouest du Canada des débris marins issus du tsunami de Tōhoku de 2011, publié le 6 mars 2012 par le Secrétariat canadien de consultation scientifique de Pêches et Océans Canada.

Avis d’accessibilité

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