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Réponse des Sciences 2012/045

Transport vers la côte de la Colombie-Britannique de débris issus du tsunami japonais : mise à jour

Contexte

Le 9 décembre 2011, la Division des sciences océanologiques (DSO) de Pêches et Océans Canada (MPO) de la région du Pacifique a demandé à la Direction des Sciences du MPO, région du Pacifique, de fournir des renseignements et un avis sur le transport vers la côte ouest du Canada de débris issus du tremblement de terre et du tsunami qui se sont produits au Japon en mars 2011. Cette demande avait été motivée par de nombreuses demandes reçues par la Division des sciences océanologiques; en effet, d'autres ministères et organismes fédéraux, la province de la Colombie-Britannique et les médias souhaitaient savoir quand, où et en quelle quantité des débris issus du tremblement de terre et du tsunami seraient susceptibles d'atteindre les eaux et les lignes de côte canadiennes.

Pour ce faire, un processus spécial de réponse des Sciences (PSRS) a été réalisé le 6 mars 2012 d'après l'information disponible sur les débris, notamment les résultats de deux modèles de circulation océanique indépendants simulant les déplacements des débris dans l'océan Pacifique Nord. Les résultats de ce PSRS peuvent être consultés en ligne. Ce document comprend les réponses aux questions suivantes posées à la Division des sciences océanologiques :

  1. À quel moment et à quel endroit pense-t-on que les débris issus du tsunami de Tōhoku de 2011 atteindront les eaux et les lignes de côte canadiennes?
  2. Quels types de matériaux devrait-on s'attendre à trouver dans les débris et quelle est la quantité de matériaux estimée qui risque d'atteindre les eaux et les lignes de côte canadiennes?
  3. De quelle manière le Canada et la communauté internationale surveillent-ils les débris pendant qu'ils flottent dans l'océan?
  4. Quels risques, s'il y a lieu, les débris posent-ils pour les espèces, les habitats et les écosystèmes se trouvant dans les eaux canadiennes?
  5. Quelles sont les éventuelles répercussions pour la navigation dans les eaux canadiennes?

Le présent rapport constitue une mise à jour du PSRS original et le remplace. Cette mise à jour est essentielle en raison de plusieurs événements qui se sont produits depuis la préparation du document original. Dans le rapport original, on reconnaissait qu'il serait probablement nécessaire de faire une mise à jour de l'avis formulé lorsque de nouveaux renseignements seraient disponibles. Les récents événements comprennent l'observation en mer de débris issus du tsunami ainsi que l'arrivée de gros débris le long de la côte ouest de l'Amérique du Nord. De surcroît, de nouvelles simulations de modèles ont été publiées. Alors que les simulations publiées antérieurement portaient sur les débris présentant une prise au vent pratiquement nulle, les nouvelles simulations, elles, étudient l'effet de l'exposition au vent sur le transport des débris. En outre, plutôt que d'utiliser des statistiques climatologiques, les nouvelles simulations de modèles utilisent l'action éolienne réelle observée dans le Pacifique entre mars 2011 et août 2012.

Les questions examinées dans la présente mise à jour sont les mêmes que celles mentionnées précédemment et que celles du PSRS original. Voici les réponses et les conclusions mises à jour pour ces questions :

  1. À quel moment et à quel endroit pense-t-on que les débris issus du tsunami de Tōhoku de 2011 atteindront les eaux et les lignes de côte canadiennes? Dans le cas présent, il est nécessaire d'établir une distinction en fonction de la prise au vent des débris. Les gros débris qui flottent bien au-dessus de l'eau et qui sont directement entraînés par le vent sont déjà arrivés dans les eaux canadiennes et se sont déjà échoués sur les côtes de la Colombie-Britannique. Les simulations de modèles révèlent que ces débris offrant une forte prise au vent ont commencé à arriver le long de la côte de la Colombie-Britannique au cours de l'hiver 2011-2012. Cependant, on estime que la majorité des débris offre une exposition au vent de faible à modérée. D'après les simulations de modèles, ces débris issus du tsunami japonais se déplacent plus lentement et devraient approcher de la côte de l'Amérique du Nord au cours du deuxième semestre de 2012 et du premier semestre de 2013. Les débris continueront vraisemblablement d'arriver sur la côte dans une vaste zone géographique s'étendant de l'Alaska à la Californie, et ce, pendant plusieurs années. Pour la plupart, ils consisteront en de petits morceaux plutôt qu'en gros objets, en raison des effets des courants de surface, des vents et des vagues. Il est important de noter que les débris issus du tsunami s'ajouteront aux débris déjà à la dérive dans les eaux canadiennes et qui arrivent chaque jour sur la côte de la Colombie-Britannique. Les tendances actuelles en matière de dépôt de débris sur les lignes de côte devraient se maintenir au moment de l'arrivée des débris du tsunami. Comme il n'est pas possible de déterminer l'origine de la plupart des débris rejetés, le seul indicateur de l'arrivée de débris issus du tsunami sera probablement une augmentation de la quantité des débris (en poids) rejetés par la mer par rapport à la moyenne à long terme. Il est peu probable que les débris issus du tsunami pénètrent dans le détroit de Georgie en raison des courants de surface s'écoulant vers l'océan à l'entrée du détroit de Juan de Fuca ainsi que de la barrière formée par les îles Gulf et San Juan.
  2. Quels types de matériaux devrait-on s'attendre à trouver dans les débris et quelle est la quantité de matériaux estimée qui risque d'atteindre les eaux et les lignes de côte canadiennes? On n'a vraiment aucune idée de la quantité et de la composition des débris du tsunami qui devraient atteindre l'Amérique du Nord. Selon les premières estimations, la masse de débris emportée par l'océan se situerait entre 20 et 25 millions de tonnes. Toutefois, selon une nouvelle estimation du gouvernement du Japon, environ 1,5 million de tonnes de débris issus du tsunami flottaient toujours dans l'océan en mars 2012. Même si on connaît mal la composition des débris, le gouvernement du Japon estime qu'il s'agit en majorité de matériaux de construction provenant des maisons qui ont été emportées par les vagues. En conséquence, on estime que le bois d'œuvre, très utilisé dans la construction de bâtiments au Japon, constitue une composante importante des débris. La taille et le poids des débris varient énormément, les plus gros pouvant peser des centaines de tonnes, voire plus. La grande majorité des objets sont toutefois probablement beaucoup plus petits. D'après les connaissances actuelles des processus océanographiques et du transport des débris marins, seuls les objets dont la durabilité et la flottabilité sont les plus grandes survivront à la traversée de l'océan Pacifique et atteindront l'Amérique du Nord. Les modèles utilisés pour prévoir les déplacements des débris montrent que la plupart des débris du tsunami resteront dans l'océan pendant de nombreuses années et se rassembleront dans une partie de la zone de convergence subtropicale, aussi appelée la « plaque de déchets du Pacifique Nord ». Il est peu probable que les débris pris dans la plaque de déchets atteignent ensuite la côte de la Colombie-Britannique.
  3. Quelle surveillance le Canada et la communauté internationale exercent-ils sur les débris qui flottent dans l'océan? Les débris emportés dans l'océan Pacifique ont été suivis par un satellite de surveillance environnementale pendant environ un mois après le tsunami. On tente actuellement de localiser les débris au moyen d'images satellites de plus haute résolution, mais celles-ci se limitent à de petites parcelles de l'océan. En l'absence de surveillance systématique des débris par satellite, les observations fortuites réalisées par des navires de passage ont été colligées et cataloguées par le gouvernement japonais jusqu'en novembre 2011. Présentement, la National Atmospheric and Oceanic Administration (NOAA) du U.S. Department of Commerce Marine Fisheries participe à un effort continu visant à compiler les observations de débris issus du tsunami.
  4. Quels risques, s'il y a lieu, les débris posent-ils pour les espèces, habitats et écosystèmes se trouvant dans les eaux canadiennes? Il est impossible de quantifier les risques posés par les débris du tsunami pour les espèces, les habitats et les écosystèmes marins de la Colombie-Britannique et de savoir si ces risques dépassent les seuils d'effet. Les niveaux de risque de référence posés par l'action des débris marins pour les espèces, les habitats et les écosystèmes dans les eaux canadiennes sont peu compris et mal documentés; c'est pourquoi, à l'heure actuelle, on ne peut estimer l'augmentation cumulative des risques associée à l'arrivée des débris du tsunami. Il est possible que les débris du tsunami servent de vecteurs à l'introduction d'espèces envahissantes dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Par ailleurs, le risque de radioactivité associée au césium 137 (137Cs) et à l'iode 131 (131I) en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima est jugé faible. Les quelques essais réalisés sur des débris du tsunami ont indiqué des niveaux de radioactivité inférieurs aux seuils de détection. 
  5. Quelles sont les éventuelles répercussions pour la navigation dans les eaux canadiennes? Les répercussions des débris marins sur la navigation dans les eaux canadiennes sont mal connues. Le risque le plus important pour la navigation est vraisemblablement posé par l'arrivée de gros objets dans les eaux côtières ou les voies de navigation, surtout si seule une petite partie de ces objets émerge de l'eau, les rendant donc presque invisibles pour les équipages et les radars des navires. Il peut s'agit par exemple de navires partiellement submergés, de caisses d'expédition, de quais, etc. On estime qu'il est fort peu probable que des maisons réussissent à traverser le Pacifique en restant intactes. Bien que les filets, cordages et autres débris sources d'enchevêtrement provenant du tsunami représentent un risque pour la navigation, ce dernier et ses répercussions viendront probablement s'ajouter, par processus cumulatif, aux risques posés actuellement par les autres débris sources d'enchevêtrement. Les petits objets (p. ex., grumes ou petits morceaux de bois) ne devraient représenter aucun risque supplémentaire pour la circulation des navires au large de la côte ouest de l’île de Vancouver. 

Le présent rapport de réponse des Sciences est tiré du Processus spécial de réponse des Sciences de la région du Pacifique sur le transport vers la côte ouest du Canada des débris marins issus du tsunami de Tōhoku de 2011, publié le 5 novembre 2012 par le Secrétariat canadien de consultation scientifique de Pêches et Océans Canada.

Avis d’accessibilité

Ce document est disponible en format PDF. Si le document suivant ne vous est pas accessible, veuillez communiquer avec le Secrétariat pour l’obtenir sous une autre forme (par exemple un imprimé ordinaire, en gros caractères, en braille ou un document audio).

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