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Examen de l’introduction proposée d’alevins de saumon rouge de l’Okanagan dans les lacs Skaha et Okanagan : historique, incertitudes et répercussions

Processus de réponse des Sciences – Région du Pacifique

Mai 2017
Nanaimo (C.-B.)

Présidente : Lesley MacDougall

Contexte

Le bassin du fleuve Columbia abrite un agrégat de saumons rouges (Oncorhynchus nerka), composé de trois populations de saumons rouges, c’est-à-dire la population de l’Okanagan en Colombie-Britannique (C.-B.), au Canada, la population du lac Wenatchee, dans l’État de Washington, et la toute petite population du lac Redfish, en Idaho, laquelle est désignée en vertu de l’Endangered Species Act (ESA) des États-Unis. En moyenne, la population de l’Okanagan compte pour plus de 80 % de tous les saumons rouges qui reviennent au bassin du Columbia. Dans le passé, le fleuve Columbia a fait l’objet d’importantes pêches commerciales aux États-Unis, de pêches tribales en vertu d’un traité ou en l’absence d’un traité, ainsi que de pêches de Premières Nations au Canada. La production de saumons rouges a diminué de façon importante de la moitié jusqu’à la fin du XXe siècle, ce qui a donné lieu à l’ouverture sporadique de la pêche commerciale depuis 1972, ainsi qu’à une réduction importante de la pêche autochtone au cours des 35 années suivantes.

Un ou plusieurs écotypes de saumon rouge qui passent leur cycle biologique complet en eau douce (c.-à-d. le saumon kokani) ou en eaux douce et marine (c.-à-d. le saumon rouge anadrome) représentent la plus abondante des espèces de poissons limnétiques qui effectuent leur croissance dans trois des plus grands lacs de la vallée de l’Okanagan (lacs Okanagan, Skaha et Osoyoos). Le grand corégone (Coregonus clupeaformis), une espèce introduite, et la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), une espèce indigène, occupent également les eaux profondes de ces lacs, bien qu’en moins grand nombre. Bien qu’elles ne soient pas identiques, les communautés de poissons pélagiques et leurs réseaux trophiques de soutien qui caractérisent les eaux libres des lacs Osoyoos, Skaha et Okanagan sont très similaires (Northcote et al. 1972; Andrusak et al. 2002). Toutes les classes d’âge du saumon rouge, du saumon kokani et du grand corégone qui occupent ces lacs se nourrissent principalement de zooplancton. En revanche, les truites arc-en-ciel au stade de juvéniles se nourrissent de petits invertébrés aquatiques et de plancton, alors que les truites des classes d’âge supérieures sont piscivores et consomment de petits saumons rouges ou kokani au large des côtes (Scott et Crossman 1973).

En Colombie-Britannique, le Comité des introductions et des transferts (CIT) examine les demandes d’introduction et de transfert d’espèces aquatiques d’élevage afin d’évaluer les risques d’effets pathologiques, écologiques et génétiques sur les espèces et les écosystèmes indigènes, et de veiller à ce que les exigences en matière de délivrance de permis en vertu de l’article 56 du Règlement de pêche (dispositions générales) soient respectées. À la délivrance d’un permis, le CIT peut également ordonner la prise de certaines mesures visant à réduire au minimum les risques liés aux activités de transfert (p. ex., désinfection des œufs, mise en quarantaine des stocks). Plus précisément, le CIT peut recommander au ministre de délivrer un permis si :

  1. la libération ou le transfert de poissons est en accord avec la gestion et la surveillance judicieuses des pêches;
  2. les poissons sont exempts de maladies et d’agents pathogènes qui pourraient nuire à la protection et à la conservation des espèces;
  3. la libération ou le transfert ne risque pas d’avoir un effet néfaste sur la taille du stock de poissons ou sur les caractéristiques génétiques du poisson ou des stocks de poissons.

En 2004, l’Okanagan Nation Alliance (ONA) a entrepris d’introduire des alevins de saumon rouge d’élevage dans le lac Skaha, dans le cadre d’un projet en collaboration de réintroduction du poisson dans le lac Skaha. L’ONA a plus d’une dizaine d’années d’expérience dans la propagation à partir d’écloseries et l’introduction d’alevins de saumon rouge d’élevage (de 2004 à aujourd’hui), par l’intermédiaire du programme de réintroduction du saumon rouge du lac Skaha, y compris la réalisation d’une évaluation des risques sanitaires et écologiques sur trois ans, préalable au lancement du programme (2000-2002). L’évaluation des risques de maladies portait sur la probabilité d’introduire de nouveaux agents pathogènes ou d’étendre l’aire de répartition des agents pathogènes connus, et désignait plus particulièrement cinq agents pathogènes préoccupants dans le cadre du programme de réintroduction. L’évaluation générale du risque écologique a permis d’étudier les répercussions potentielles de l’introduction d’alevins de saumon rouge sur les populations de poissons résidentes et les autres biotes aquatiques. Depuis lors, des données d’observation servant à évaluer les maladies et d’autres répercussions écologiques ont été recueillies sur une base continue par l’ONA, et ont fait l’objet d’un examen annuel par les trois partenaires (ONA, Pêches et Océans Canada [MPO], ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique) du groupe de travail technique canadien du bassin de l’Okanagan (Alexander et Hyatt éd. 2015). L’ONA a demandé l’autorisation de relâcher jusqu’à 750 000 alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan en 2017, et a indiqué que son écloserie a la capacité d’élever 7 millions d’alevins, l’introduction annuelle maximale étant estimée à 3,5 millions d’alevins.

Pour fournir une recommandation quant à l’autorisation d’introduction, le CIT exige des avis scientifiques concernant les perturbations écosystémiques, le transfert d’agents pathogènes ou les interférences génétiques potentiels associés à l’introduction proposée. Au printemps 2016, l’ONA a reçu l’approbation du MPO d’amorcer une « introduction rituelle » de 10 000 alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan, et l’ONA devrait présenter des demandes annuelles visant à introduire des quantités plus importantes d’alevins de saumon rouge (p. ex., jusqu’à 750 000 alevins, et possiblement plus, au cours des prochaines années) dans le lac Okanagan.

La Division de la gestion de l’aquaculture du MPO a demandé au Secteur des sciences de passer en revue la documentation et les résultats de l’évaluation en cours du programme de réintroduction expérimental dans le lac Skaha, ainsi que d’autres sources de renseignements pertinents, et de fournir des conseils sur les répercussions potentielles et les incertitudes associées à des réintroductions d’importances variables d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan. L’évaluation et l’avis découlant de la réponse du Secteur des sciences au Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS) serviront à soutenir la prise d’une décision concernant l’autorisation réglementaire. Les autorisations annuelles nécessiteraient une assurance qu’il n’y a aucune répercussion décelable importante sur les réseaux trophiques du lac Okanagan ou sur ses poissons résidents.

Objectifs

En ce qui a trait à la proposition de réintroduction d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan et à ses effets potentiels sur d’autres espèces aquatiques, y compris les conséquences génétiques et pathologiques de cette introduction, et à la capacité de charge de l’habitat du réseau de l’Okanagan, la présente réponse du Secteur des sciences répondra aux objectifs suivants :

  1. Évaluer les données démontrant que le saumon rouge fait partie de longue date de l’écosystème du lac Okanagan, malgré l’obstacle naturel potentiel que posent les chutes Okanagan à la montaison des saumons anadromes.
  2. Évaluer les répercussions potentielles sur la structure et la fonction des réseaux trophiques existants ou sur les résultats perceptibles en matière de production pour le vulnérable biote aquatique, y compris le saumon rouge du lac Okanagan (Oncorynchus nerka) et la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), découlant de l’introduction de 750 000 alevins sur une seule année (printemps 2017) ou de l’introduction continue de 750 000 à 3,5 millions d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan.
  3. Évaluer la possibilité que l’introduction proposée d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan introduise de nouveaux agents pathogènes dans cette partie du bassin de l’Okanagan, en cas d’introduction de 750 000 alevins de saumon rouge sur une seule année (printemps 2017) ou d’introduction continue de 750 000 à 3,5 millions d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan.
  4. Évaluer les répercussions potentielles, en raison de l’introgression génétique, de l’introduction annuelle d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan sur les deux écotypes de saumons kokani résidents, en cas d’introduction de 750 000 alevins de saumon rouge sur une seule année (printemps 2017) ou d’introduction continue de 750 000 à 3,5 millions d’alevins de saumon rouge dans le lac Okanagan.

Publications prévues

Participants

Références

Alexander, C.A.D., Hyatt, K.D. (éd). 2015. Peer Review Workshop for the Okanagan Sockeye Re-introduction Experiment. Final Draft. Workshop summary report to the Okanagan Nation Alliance. 101-3535 Old Okanagan Highway, Westbank, BC V4T 3L7. 125 p. DOI: 10.13140/RG.2.1.3069.6085.

Rae, R., Andrusak, H. 2006. Ten-year summary of the Okanagan lake Action Plan 1996-2005. Ministry of Environment, 2006. Victoria, BC 36 p.

Northcote, T.G., Halsey, T.G., MacDonald, S.J. 1972. Fish as indicators of water quality in the Okanagan Basin lakes, British Columbia. Preliminary report (Canada/British Columbia Okanagan Basin Agreement). 22: ii + 78 p.

Scott, W.B., Crossman, E.J. 1973. Freshwater fishes of Canada. Bull. Fish. Res. Board Can. 184: 966 p.

Avis

La participation aux réunions d'évaluation par les pairs du SCCS est sur invitation seulement.

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