Document de recherche 2001/065
Population Structure and Genetic Variability in Northeastern Pacific Killer Whales: Towards an Assessment of Population Viability.
Par Barrett-Lennard, L.G., Ellis, G.M.
Résumé
Les études menées à long terme sur l'orque (Orcinus orca) dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique ont permis d'identifier deux populations sympatriques et distinctes : des résidents piscivores et des migrateurs dont le régime alimentaire est composé d'autres mammifères. Un troisième groupe, les hauturiers, fréquente la marge externe de la plate-forme continentale. La population résidente de la C.B. englobe deux sous-populations de la C.B., considérées comme menacées à l'heure actuelle par le Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada (COSEPAC). Une autre sous-population de résidents, dont le statut n'est pas officiel, et deux sous-populations de migrateurs ont aussi été signalées en Alaska. Ce complexe de populations et de sous-populations qui perdure malgré l'absence d'obstacles évidents à la dispersion pose un problème aux responsables de la conservation, qui doivent décider si les sous-populations doivent être évaluées ensemble ou séparément. Il est évident que les décisions devraient reposer sur une connaissance du caractère distinctif des sous-populations. Le présent rapport fait état d'une analyse moléculaire conçue en vue d'acquérir cette connaissance. Elle a permis a) d'établir les caractéristiques génétiques de chaque sous-population d'orque, b) de comparer la variabilité génétique entre les sous-populations et c) d'analyser les patrons d'accouplement au sein des sous-populations résidentes en vue d'établir les niveaux de consanguité.
Des échantillons de tissus ont été prélevés à l'aide de fléchettes pneumatiques légères sur 269 orques au large de la Colombie-Britannique et en Alaska. L'empreinte génétique de l'ADN nucléaire extrait des échantillons a été établie à 11 locus de microsatellites polymorphes, ainsi que la séquence de toute la boucle D mitochondriale. Les résultats ont servi à établir la phylogenèse des populations, à évaluer la diversité génétique, à calculer des indices de localisation (statistiques sur F) et à effectuer des analyses de paternité. Les résultats suivants sont à noter : 1) les résidents et les migrateurs ne s'accouplent pas entre eux, 2) la division des orques en trois sous-populations régionales est justifiée au plan génétique, 3) les hauturiers sont génétiquement différents de toutes les sous-populations connues de résidents et de migrateurs, 4) la variation génétique est moins marquée chez les résidents par rapport aux migrateurs, 5) l'observation sur le terrain que les résidents n'abandonnent jamais leur groupe d'origine est typique de l'histoire récente de la population, et 6) même s'ils n'abandonnent par leur groupe d'origine en permanence, les résidents s'accouplent avec des individus d'autres groupes.
Une sous-population migratrice (soit la population AT1 du nord du golfe d'Alaska, qui est en grave danger de disparition) semble être génétiquement isolée de toutes les autres sous-populations. Les échanges permanents entre les deux autres sous-populations migratrices sont très rares ou inexistants, mais on ne peut exclure la possibilité d'un flux génétique entre elles par le biais d'accouplements occasionnels. De tels accouplements peuvent se produire entre la sous-population nordique résidente (qui fréquente les eaux du centre et du nord de la Colombie-Britannique) et la sous-population résidente de l'Alaska (qui fréquente les eaux de l'enclave du sud de l'Alaska et des côtes du golfe d'Alaska). Nos résultats concordent à l'isolation génétique totale de la sous-population résidente méridionale du sud de la Colombie-Britannique et du nord de l'État de Washington. On se préoccupe de la conservation de cette sous-population à cause de sa faible taille (ses effectifs se chiffrant à moins de 85 individus), de la baisse récente des effectifs et de sa forte charge en contaminants.
Des analyses de paternité ont révélé que les résidents possèdent des mécanismes d'évitement forts (probablement de nature comportementale) de l'autofécondation. Dans tous les cas, sauf un, les mâles d'une troupe ont été exclus comme père possible des baleineaux de la même troupe. Dans la sous-population nordique résidente, la plupart des accouplements ont eu lieu entre des individus issus de troupes appartenant à différents « clans acoustiques ». Aucun lien de paternité n'a été établi entre les membres de la sous-population méridionale résidente et les membres des deux autres sous-populations résidentes, mais plusieurs possibilités de paternité ont été relevées entre ces deux dernières sous-populations.
Nous recommandons que trois sous-populations résidentes, trois sous-populations migratrices et une population hauturière soient reconnues comme des unités de gestion ou stocks distincts aux fins de conservation en Colombie-Britannique et en Alaska.
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