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Document de recherche 2004/116

Étude de cas sur l’habitat essentiel – Saumon rouge du lac Sakinaw

Par Godbout, L., J.R. Irvine, C.C. Wood, C. Fu, G. Jamieson

Résumé

Le saumon rouge (Oncorhynchus nerka) du lac Sakinaw, situé dans le sud de la Colombie Britannique, a été étudié en vue de son inscription à la liste des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), ce qui nécessiterait que son habitat essentiel soit identifié dans la mesure du possible. Le saumon rouge du lac Sakinaw était abondant il y a 15 ans, mais la population a diminué à des niveaux si bas que sa disparition est très probable.

Nous décrivons une méthode que nous avons mise au point pour identifier les habitats essentiels potentiels pour le saumon rouge. La LEP définit l’habitat essentiel comme l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d'une population. Notre méthode consiste 1) à décrire l’état actuel et le cycle vital du saumon du lac Sakinaw, 2) à proposer une définition opérationnelle de l’habitat essentiel et 3) à modéliser les exigences en matière d’habitat essentiel. Un habitat a été considéré comme essentiel s’il faisait partie de la configuration minimale qui permet la viabilité de la population, laquelle est définie comme une population qui présente une probabilité de quasi-extinction inférieure à 10 % et une probabilité de rétablissement d’au moins 95 %. Pour illustrer notre démarche, nous avons établi l’atteinte d’un seuil de 250 géniteurs femelles en 2017 comme objectif de rétablissement. Nous reconnaissons que cela sous-estime la quantité d’habitat nécessaire pour atteindre des objectifs de rétablissement à plus long terme (~100 ans) et plus ambitieux (p. ex. 5 000 géniteurs ou 2 500 géniteurs femelles).

Nous avons mis au point un modèle stochastique du cycle vital selon l’âge qui utilise des données vitales obtenues surtout sur d’autres populations (non en péril) de saumons rouges. Nous avons évalué les liens entre des combinaisons possibles d’habitats essentiels et des mesures de gestion (p. ex. niveaux d’ensemencement et de pêche) par simulation Monte Carlo. Nos scénarios d’habitat ont surtout porté sur la décharge du lac et les plages de fraie, deux habitats qui sont sans doute limitatifs et où des changements pourraient accroître la survie du saumon. Les changements à la décharge qui pourraient modifier la survie (p. ex. le contrôle des prédateurs et la régulation du débit) ont été modélisés en variant les taux de survie des prégéniteurs, tandis que les améliorations des plages de fraie ont été modélisées en accroissant les taux de survie des oeufs jusqu’au stade d’alevin et la capacité du milieu à soutenir des géniteurs femelles. Selon les résultats de notre modèle préliminaire, l’habitat de fraie devrait soutenir de 280 à 360 géniteurs femelles (selon le scénario) pour que la population présente une probabilité de quasi-extinction inférieure à 10 % et une probabilité de rétablissement d’au moins 95 % en l’absence de pêche. Pour compenser un taux d’exploitation de 15 %, l’habitat de fraie devrait soutenir de 7 à 110 géniteurs femelles supplémentaires (selon le scénario). Tous les scénarios comprennent de la multiplication artificielle. Les habitats essentiels potentiels comprennent aussi la décharge du lac pour que 90 à 95 % des prégéniteurs puissent atteindre le lac.

Ces résultats devraient être considérés comme préliminaire jusqu’à ce qu’une analyse de sensibilité plus exhaustive, l’évaluation des effets de différentes réponses dépendantes de la densité et l’établissement des critères de quasi-extinction soient effectués. Il faudrait aussi effectuer des simulations rétrospectives axées sur des tailles initiales relativement grandes de la population (comme c’était le cas dans les années 1970 et 1980) pour déterminer la mesure dans laquelle les taux vitaux doivent être réduits pour simuler la vitesse du déclin de l’abondance observée depuis 1987. Cela permettra de réévaluer l’effet global de l’habitat essentiel sur la capacité de la population à survivre et à se rétablir.

Nous suggérons d’appliquer cette approche générale à d’autres populations de saumons rouges et, dans certaines limites, à d’autres espèces de saumons. Toutefois, le succès de cette méthode nécessite une bonne compréhension du cycle vital de l’espèce étudiée et des conditions éventuelles dans lesquelles l’habitat pourrait être limitant.

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