Document de recherche 2004/121
Revue des problématiques potentielles liées à l’hydrophysique au Canada, leurs risques pour les mammifères marins, et des stratégies de monitorage et d’atténuation dans le contexte d’activités sismiques.
Par Lawson, J., McQuinn, I.
Résumé
Dans le but d’identifier les éléments de l’environnement physique affectant la propagation des sons sismiques, nous avons subdivisés les eaux canadiennes en cinq aires hydrophysiques en se basant sur un certain nombre de caractéristiques physiques telles que la profondeur, le type de substrat, les patrons climatiques et les terres environnantes: Plateau Continent Intérieur, Plateaux Continentaux Large et étroit, Plateau Arctique, et Canyons Côtiers. Ces caractéristiques se chevauchent entre les régions et affectent l’environnement acoustique sous-marin. La prédiction de la propagation acoustique sous-marine constitue un paramètre critique dans la détermination de la distance de perception des signaux acoustiques par les mammifères marins.
Il n’existe que peu d’études concernant (1) la sensibilité auditive des mammifères marins (particulièrement les baleines à fanons), (2) la structure physique et les caractéristiques de propagation sonore sous-marine dans les différentes aires marines du Canada, et (3) les effets des impulsions sismiques sur la sensibilité auditive des mammifères marins ou leur comportement, autant au niveau des individus que des populations. La constance de ces effets, leur magnitude, l’étendue des ‘temps de récupération’ après que de tels effets soient survenus, et les facteurs qui semblent influencer la probabilité, la magnitude et la durée de ces effets sont autant d’exemples d’informations qui demeurent présentement limitées pour la presque totalité des mammifères marins.
Les réactions des mammifères marins aux impulsions sismiques sont variables, et l’utilisation de critères d’exposition fixes au niveau du comportement peut s’avérer impraticable étant donné la variabilité des réactions et la nature changeante de la propagation du son.
Une étude des problématiques liées aux impacts potentiels des sons de nature sismique sur les mammifères marins est nécessaire:
- Quels sont les modèles de propagation de sons les plus appropriés pour les aires qui feront vraisemblablement l’objet d’exploration sismique?
- Il existe un besoin pour une connaissance plus approfondie et plus précise des bruits naturels et anthropiques dans les océans.
- Il existe un besoin d’acquisition de beaucoup plus d’information concernant les réactions des mammifères marins (et leurs proies) aux sons sous-marins générés par les appareils de levés sismiques.
- L’augmentation progressive de la puissance de la source constitue-t-elle une mesure efficace d’atténuation des effets?
- Le monitorage acoustique passif et/ou actif des mammifères marins à partir de la plate-forme générant le bruit constitue-t-il une stratégie efficace de monitorage ou d’atténuation des effets?
- Il existe un besoin criant de mieux connaître la distribution spatio-temporelle, les besoins physiologiques des populations de mammifères marins.
Nous avons souligné la complexité de développer des protocoles et des standards s’appliquant à l’exploration sismique pour les divers environnements physiques constituant l’environnement marin du Canada. Toutefois, le Ministère désire ultimement comprendre les effets de l’exploration sismique sur les individus et les populations d’organismes vivant et exploitant ces aires hydrophysiques de manière à adopter des manières de faire minimisant les impacts de cette source de bruit. La complexité des patrons de propagation des sons dans ces diverses régions peut faire en sorte que certains mammifères marins ne soient pas nécessairement exposés aux conditions moyennes prédites pour les levés sismiques. Conséquemment, nous devons déterminer et demeurer sensibles aux conditions des scénarios extrêmes qui peuvent être rencontrées de manière à nous assurer de ne pas sous-estimer les impacts sur un segment particulier d’une population de mammifères marins.
Particulièrement dans le contexte des espèces considérées En Péril (Loi sur les Espèces en Péril), les effets négatifs subits par un individu peuvent se répercuter au niveau de la population; dans le cas de situation critiques (p. ex., la baleine franche noise et le rorqual bleu), la réduction des performances ou la perte d’un seul individu devient une préoccupation pour la santé et la productivité de la population. La responsabilité de dicter des mesures de gestion et d’atténuation adéquates et prudentes revient au MPO de manière à s’assurer qu’aucune pression additionnelle n’est imposée aux populations déjà à risque. Ceci peut nécessiter des mesures extraordinaires lorsque des espèces en danger de disparition sont impliquées dans des comportements critiques (p. ex., reproduction, alimentation et migration), incluant possiblement la fermeture saisonnières ou de certaines zones aux levés sismiques, ou l’interruption des opération lorsque les probabilités de détection de mammifères marins chutent sous certains seuils suite à des conditions de monitorage sub-optimales.
La validité de l’évaluation des effets potentiellement dommageables des sons de nature sismiques sur les mammifères marins dépendra de façon cruciale de l’exactitude et l’applicabilité des modèles de propagation acoustique et de la qualité des données qui y sont introduites. Le MPO devra agir en adoptant une approche prudente compte tenu qu’il est peu probable qu’aucune mesure directe de la sensibilité auditive des grands cétacés ne puisse être effectuée, et que les réactions comportementales des mammifères marins aux bruits de nature sismiques demeureront toujours variables.
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