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Document de recherche 2007/065

Analyse du potentiel de rétablissement de la population de saumons quinnats de l’Okanagan, Oncorhynchus tshawytscha

Par C. Davis, H. Wright, T. Brown, B. Phillips, R. Sharma, C. Parken

Résumé

La population de saumons quinnats de l’Okanagan est le dernier stock du bassin du fleuve Columbia qui réside encore au Canada. Cette population est en outre géographiquement et génétiquement distincte des autres populations de saumons quinnats. La population canadienne de l’Okanagan est composée de saumons anadromes qui migrent dans le Pacifique et qui retournent dans le fleuve Columbia, jusqu’à une région bornée par le barrage McIntyre, à la décharge du lac Vaseux. Selon les estimations, la population de saumons quinnats du Columbia aurait déjà atteint de 2 à 4 millions d’individus, l’abondance historique dans le cours supérieur du Columbia atteignant quant à elle des centaines de milliers de poissons. Avant l’établissement de l’homme blanc dans la région, la population de saumons quinnats de l’Okanagan était suffisamment importante pour soutenir une importante pêche commerciale et de subsistance. Toutefois, la pêche en aval, combinée à une mortalité élevée chez les saumons en migration entre les barrages, a entraîné une diminution de l’abondance. De plus, le développement humain rapide survenu dans le bassin du fleuve a été l’une des causes de la détérioration à grande échelle de l’habitat. La perte d’habitat est également attribuable à l’irrigation et aux prélèvements d’eau, à l’exploitation forestière et minière, aux voies de transport et à d’autres activités humaines qui ont réduit la disponibilité, la qualité et la capacité des frayères et des aires de croissance. Aujourd’hui, le nombre de saumons quinnats qui frayent chaque année au Canada est inférieur à 50 individus.

On note un haut degré de consanguinité chez les saumons quinnats de la rivière Okanagan. Les liens familiaux étroits témoignent du succès de l’émigration, du retour et de la survie des quelques familles de saumons quinnats de cette rivière. Pourtant, le degré de diversité génétique de la petite population et le rétablissement de quelques poissons marqués montrent qu’elle accueille actuellement des poissons égarés d’une plus grande population. Le manque de différenciation significative quant à la fréquence allélique entre les échantillons des rivières Similkameen et Okanagan indique que la population de la Similkameen est probablement le point d’origine des poissons égarés.

La disponibilité d’un habitat favorable à la reproduction et à la croissance dans la partie canadienne de la rivière Okanagan est estimée à 16 km². L’espèce anadrome peut utiliser le fleuve Columbia pour sa croissance et doit l’emprunter comme couloir de migration. Les jeunes grandissent et deviennent des adultes dans l’océan Pacifique, bien qu’il puisse exister une petite population résidente qui reste en eau douce pendant toute la durée de son cycle biologique. Les adultes frayent dans des habitat discontinus dans la partie nord la plus accessible de la rivière Okanagan. L’estimation de la capacité totale de reproduction varie entre 2 440 et 8 680 poissons, avec une estimation justifiable de 1 460 paires de reproducteurs. Ces estimations sont fondées sur la superficie des bassins, les habitats connus et les caractéristiques de comportement des saumons quinnats de l’Okanagan. On observe, dans les tronçons naturalisés du cours supérieur, une variété d’habitats complexes, tandis que l’habitat des tronçons du cours inférieur canalisé manque de complexité. On n’y trouve pas de bras-morts, de bassins primaires, de rives sapées, de rapides, et le mouvement attribuable aux eaux souterraines est limité. On ne connaît pas l’emplacement exact des aires de croissance des alevins des populations de l’Okanagan après leur émergence, en avril ou en mai. Nous soupçonnons qu’ils grandissent dans l’Okanagan pendant une courte période et dans le lac Osoyoos, mais ils pourraient aussi passer une partie de leur période de croissance dans le cours supérieur du Columbia.

Le cycle biologique des saumons quinnats de la portion canadienne de la population de l’Okanagan n’a jamais été étudié en tant qu’entité unique. Nous supposons que son cycle est semblable à celui d’autres stocks d’été du cours supérieur du Columbia qui ont été étudiés en détail. Les jeunes saumons quinnats descendent vers l’aval en empruntant le fleuve Columbia pendant toute l’année et arrivent dans l’océan après avoir traversé l’estuaire. Les poissons peuvent rester dans l’estuaire pendant des périodes variant de quelques semaines à quelques mois.

Au Canada, les saumons quinnats ont subi les effets négatifs des changements apportés par l’homme à l’environnement, notamment : les prélèvements d’eau, la construction de barrages qui limitent ou obstruent le passage ou entraînent/blessent les poissons migrateurs, les modifications de chenal et l’introduction d’espèces de poisson exotiques. Les effets sur l’habitat dans la portion américaine du fleuve Columbia sont parfois graves. Ces modifications ont entraîné une réduction de la complexité de l’habitat, une diminution de la vitesse du courant et une hausse des températures de l’eau du Columbia et de l’Okanagan. Les populations de saumons quinnats ont aussi souffert de la pêche et des lâchers à grande échelle de poissons d’élevage.

Nous avons utilisé une estimation des paramètres et une analyse de sensibilité ainsi que des éléments stochastiques et déterministes afin d’évaluer la trajectoire de la population dans les conditions de base et avons examiné les effets possibles de multiples scénarios de gestion (annexe C). Notre modèle d’analyse de la viabilité de la population (AVP) révèle que le taux de survie des jeunes en aval, au niveau de la centrale hydroélectrique, limite la longévité de la population. Il en est de même pour la survie des adultes, qui est aussi restreinte par la mortalité en amont, au passage de la centrale hydroélectrique. La survie en mer est un autre paramètre d’influence, mais les valeurs utilisées pour nos simulations provenaient d’une période au cours de laquelle le taux de survie en mer était parmi les plus élevés jamais observés (fin des années 1990). Ainsi, il est probable que les taux de déclin observés dépassent ceux que nous avons obtenus dans nos simulations. Même si la mortalité par pêche contribue au déclin, un arrêt complet des captures et la réduction correspondante du taux de mortalité seraient insuffisants pour assurer le rétablissement du stock.

Étant donné l’incertitude entourant la capacité des gestionnaires d’améliorer considérablement le taux de survie des juvéniles et des adultes dans le dédale des barrages et des réservoirs hydroélectriques américains, il semble que la seule solution susceptible de repousser le moment de la disparition locale à court terme soit la production en écloserie. Toutefois, l’ampleur de la production artificielle requise pour atteindre les objectifs d’échappée est considérable et exigerait un vaste programme (environ 1,75 million de saumoneaux par année). Un programme de cette ampleur amènerait lui aussi son propre éventail de risques.

L’objectif de rétablissement à long terme devrait être une population canadienne assurée et viable de saumons quinnats dans le bassin de l’Okanagan. L’objectif à court terme serait de maintenir la remonte de saumons quinnats par des apports artificiels. L’objectif à long terme nécessiterait une population viable de saumons quinnats canadiens capables de se reproduire naturellement. La taille minimale de cette population de géniteurs, selon un scénario découlant de l’analyse de viabilité de la population, serait de 295 individus en moyenne sur quatre années de génération. On présume que cet objectif pourrait être atteint d’ici 2050.

Des mesures immédiates doivent être prises pour empêcher la population canadienne de disparaître localement. Premièrement, il faudrait mettre en oeuvre un programme d’élevage pour soutenir la population actuelle. Deuxièmement, il faudrait vérifier s’il est possible de faciliter le passage aux installations qui limitent actuellement l’accès. Troisièmement, il faut déterminer et atténuer les effets de la prédation ou de la compétition des espèces de poissons exotiques. Quatrièmement, il faudrait examiner s’il est possible de réduire les répercussions de la pêche. Enfin, il faut entreprendre une étude afin de déterminer de quelle façon le Canada peut contribuer à améliorer la survie en aval à travers les barrages hydroélectriques du cours principal. Afin d’appuyer la population sauvage actuelle, des mesures devraient être prises pour faire en sorte que les caractéristiques requises de l’habitat soient maintenues, améliorées ou rétablies dans la portion canadienne de l’Okanagan.

Le choix des objectifs et des cibles de rétablissement et la définition des habitats essentiels sont empreints d’une grande incertitude. Il est impératif d’obtenir une bonne compréhension des caractéristiques du cycle de vie de la population de la portion canadienne de l’Okanagan. Il existe trois scénarios biologiques fondés sur des différences possibles dans le degré d’isolement et le caractère unique de la population. Chacun de ces scénarios a des répercussions différentes pour ce qui est du délai et des objectifs de rétablissement, ainsi que de la délimitation des habitats essentiels. La poursuite d’études visant à dissiper ces incertitudes est recommandée.

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