Document de recherche 2007/074
Évaluation du potentiel de rétablissement du naseux moucheté (Rhinichthys osculus)
Par Harvey, B.
Résumé
Le naseux moucheté Rhinichthys osculus est un petit poisson de rivière semblable au méné, vivant près du fond. L’aire de cette espèce commune des régions occidentales des États-Unis ne s’étend, au Canada, que dans le bassin des rivières Kettle-Granby situé dans la région de Kootenay, dans le sud de la Colombie-Britannique. Le naseux moucheté a été observé sur près de 300 km de rivière dans cet habitat; la disponibilité limitée des radiers et autres habitats de qualité en zones de courant fort serait le principal facteur limitatif de son abondance. Le COSEPAC désigne cette espèce comme étant en voie de disparition, en raison de son isolement dans un seul bassin versant et de son incapacité de recolonisation aux lendemains d’une catastrophe. L’espèce n’est cependant pas inscrite à la liste des espèces protégées en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP).
L’abondance est mal connue; les estimations les plus fiables varient entre 11 546 et 23 092 poissons. En l’absence d’un recensement méthodique, nous ignorons tout des tendances de l’abondance qui semble varier substantiellement selon l’époque de l’année et le débit d’eau. Aucun objectif quantitatif ne peut être fixé pour le naseux moucheté sans l’appui de données de recensement plus précises. Établir un seuil générique pour une population qui n’est pas nécessairement en déclin nous éloignerait peut-être de l’objectif des cibles de rétablissement.
Espèce semblant privilégier les habitats de radiers à courant relativement rapide, le naseux moucheté pourrait être souffrir sérieusement de modifications de longue durée du volume et de la vélocité des cours d’eau. Certaines préoccupations ont été soulevées quant à l’effet que pourrait avoir sur la population de naseux la sollicitation croissante de cette réserve hydrique aux fins d’irrigation. Des débits minimums calculés en fonction de pourcentages du débit annuel moyen ont été proposés comme mesures de conservation d’habitats tels que celui que privilégie le naseux moucheté de la rivière Kettle. Nous disposons toutefois de trop peu de données pour être en mesure de quantifier les effets négatifs que pourrait avoir différents débits sur le naseux. Par ailleurs, l’application de points de référence est compliquée par l’importante marge de manœuvre accordée au soutirage des eaux de surface sous permis et à l’exploitation des eaux souterraines sans permis, ainsi que par le peu de connaissances des liens existants entre les eaux de surface et les réserves aquifères. On propose donc la délivrance de permis régissant les prélèvements d’eaux souterraines, un examen plus approfondi du lien entre les eaux souterraines et de surface du bassin, ainsi que l’instauration de pratiques agricoles différentes, notamment l’irrigation au goutte-à-goutte.
Un projet de centrale hydroélectrique au fil de l’eau de 25 mégawatts aux chutes Cascade, sur la rivière Kettle, a été approuvé en 2006 après avoir été modifié de manière à réduire les impacts potentiels sur l’habitat. Une évaluation qualitative du risque, fondée sur un modèle quantitatif de viabilité de population, a permis de conclure que le projet ne présentait qu’un risque négligeable pour la population de naseux mouchetés. La méthode ayant servi à déterminer l’impact potentiel sur le naseux moucheté pourrait être utilisée à nouveau pour toute proposition subséquente d’activité susceptible de nuire à l’habitat de la rivière.
Une infestation de dendroctones du pin ponderosa (Dendroctonus ponderosae) pourrait entraîner une dégradation de l’habitat lotique par la chute d’arbres morts dans l’eau (perte du couvert au-dessus du cours d’eau et augmentation de l’accumulation de neige) et la réexploitation forestière qui crée un milieu plus propice aux inondations. Pour minimiser les dommages causés par l’exploitation forestière aux habitats des cours d’eau, il existe plusieurs moyens qui permettent de réduire le ruissellement, de maintenir la diversité du couvert forestier et d’éviter les sols sensibles.
L’on estime que les changements climatiques risquent d’augmenter la fréquence et l’ampleur des épisodes de sécheresse dans les cours d’eau intérieurs de la Colombie-Britannique. Pour les espèces sensibles au débit des cours d’eau telles que le naseux moucheté, ces changements peuvent se révéler inquiétants.
Le modèle employé pour explorer divers scénarios de perte d’habitat du naseux moucheté dans le cadre du projet hydroélectrique des chutes Cascade témoigne de la possibilité de faire certaines prédictions quantitatives, même dans le cas d’espèces comme le naseux moucheté pour lesquelles il existe très peu de données. L’élaboration d’autres modèles pour l’évaluation de la viabilité de la population de naseux requière une connaissance plus approfondie de l’abondance, de la répartition spatiale, du recrutement et de la disponibilité des habitats.
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