Document de recherche 2007/075
Évaluation du potentiel de rétablissement du naseux de la Nooksack (Rhinichthys cataractae)
Par Harvey, B.
Résumé
Le naseux de la Nooksack est un proche parent du naseux des rapides, méné d’eau douce largement réparti en Amérique du Nord. La sous-espèce de la Nooksack est présente dans quatre cours d’eau seulement au Canada, tous dans la vallée du Fraser. Trois d’entre eux se trouvent dans le bassin de la rivière Nooksack et coulent vers le sud, jusque dans l’État de Washington; le quatrième, la rivière Brunette, est un affluent du Fraser. La plus grande partie de l’habitat du naseux de la Nooksack se trouve aux États Unis.
La sous-espèce de la Nooksack a été désignée comme espèce en voie de disparition par le COSEPAC en 1996, et sa désignation a été confirmée par la mise à jour de 2000. Le centre de données sur la conservation de la C. B. (Conservation Data Centre) classe la sous-espèce comme S1, soit dangereusement en péril (Critically Imperiled). Le naseux de la Nooksack a été classé dans la liste des espèces en voie de disparition (annexe 1) de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2003. Ce poisson fait partie de la « faune de Chehalis », un groupe de poissons qui aurait divergé de la faune du fleuve Columbia au cours des glaciations et se serait retrouvé dans un refuge libre de glace, au sud du Puget Sound. Cette sous-espèce offre donc un intérêt scientifique considérable pour les biologistes captivés par l’étude de l’évolution biologique.
Le naseux de la Nooksack passe une grande partie de sa vie près du fond, dans des segments limités de cours d’eau, affichant une forte préférence pour les rapides (zones d’eau vive). La taille de la population des ruisseaux Bertrand, Pepin et Fishtrap est incertaine, et a pu être estimée seulement à l’aide de processus indirects : ruisseau Bertrand : 5 700; ruisseau Pepin : 800; ruisseau Fishtrap : 300. Les données sont insuffisantes pour décrire toute tendance de l’abondance.
L’habitat essentiel du naseux de la Nooksack est défini comme comprenant les tronçons de ses cours d’eau d’origine qui contiennent ou sont réputés avoir contenu des rapides sur plus de 10 % de leur longueur. Les activités humaines qui menacent le plus le naseux de la Nooksack au Canada sont celles qui modifient, détruisent ou morcellent son habitat essentiel. Les menaces à l’habitat du naseux résultent de plus d’un siècle d’expansion agricole, industrielle et urbaine dans la vallée du Fraser. Elles comprennent la destruction physique, les baisses saisonnières de débit, la sédimentation et la fragmentation. Le naseux de la Nooksack continue de perdre de l’habitat à cause des projets de lutte contre les inondations et de drainage agricole. Les zones de rapides et les bassins marginaux sont les plus touchés.
Il existe des solutions permettant non seulement de réduire les occasions de destruction et de fragmentation de l’habitat, mais aussi d’en minimiser les effets. La première démarche repose sur la mise à profit de nos connaissances sur les menaces, leurs effets et les mécanismes réglementaires existants afin de mettre en application des pratiques exemplaires de gestion adaptées aux segments de cours d’eau. La deuxième démarche consiste à admettre qu’il y a déjà eu perte d’habitat et à concentrer les efforts sur la remise en état. La restauration de l’habitat, la création d’un nouvel habitat de rapides et les plantations riveraines sont toutes techniquement réalisables.
Les solutions de remplacement des activités qui ont des conséquences négatives sur l’habitat du naseux consistent à soustraire des terres à la production agricole. Le Programme américain de mise en valeur de réserves de terres sous conservation (Conservation Reserve Enhancement Program) est un programme de retrait volontaire des terres, administré par l’Agence des services agricoles du département de l’Agriculture américain. La solution canadienne axée sur les pratiques exemplaires et la remise en état des terres riveraines dans la vallée du Fraser pourrait suivre l’exemple des projets réussis de rétablissement à grande échelle de l’habitat du gibier à plume entrepris par des fiducies foncières et leurs partenaires en C.B.
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