Document de recherche 2009/008
Évaluation écologique et océanographique de la zone alternative pour l’échange des eaux de ballast de la région du détroit d'Hudson
Par D.B. Stewart et K.L. Howland
Résumé
Cette étude considère les risques écologiques de l'introduction d'espèces allogènes liée à l’échange des eaux de ballast dans la région du détroit d'Hudson de l'Arctique canadien par les navires en route vers la baie d'Hudson et l'Arctique de l'Est canadien. Selon le Règlement sur le contrôle et la gestion de l'eau de ballast de la Loi sur la marine marchande du Canada (C.P. 2006-495 8 juin 2006), l'eau de ballast peut, dans le détroit d'Hudson, être renouvelée dans une zone située à l'est du méridien par 70° de longitude ouest et où l'eau atteint une profondeur d'au moins 300 m. Cette zone de renouvellement des eaux de ballast est utilisée par les navires qui n'ont pas procédé à un renouvellement de leurs eaux de ballast en pleine mer en dehors de la zone économique exclusive (ZEE) du Canada.
En matière d'océanographie et d'écologie, on sait très peu du détroit d'Hudson et du complexe de la baie d'Hudson en général. On en sait encore moins des espèces animales et végétales potentiellement envahissantes acheminées jusque-là dans les eaux de ballast. Les données disponibles mettent en avant quelques paramètres physiques (notamment, la profondeur, la température, la salinité, l'éloignement du rivage, les courants, la hauteur des marées et la couverture de glace) qui peuvent être utilisés pour envisager le meilleur endroit où définir une zone d’échange des eaux de ballast dans la région. Au sein du détroit d'Hudson, chacun de ces paramètres offre de multiples possibilités susceptibles de faciliter ou de contrarier l'établissement d'espèces envahissantes issues d'eaux côtières plus chaudes.
Les eaux profondes, froides, relativement salines et couvertes de glace de façon saisonnière de la zone d’échange des eaux de ballast existante sont éloignées du rivage et soumises à de forts courants d'ouest en est. Cette zone constitue la principale zone d’échange du détroit d'Hudson. Ces caractéristiques signifient par ailleurs que les espèces animales et végétales aspirées lors d'un échange pourraient être moins susceptibles de s'établir dans les eaux côtières moins profondes, plus chaudes et moins salines à proximité de Churchill.
Tous les navires entrant dans la zone de l'Arctique de l'Est canadien par le détroit d'Hudson devraient se conformer aux mêmes procédures que les navires transocéaniques, à savoir l’échange des eaux de ballast pour les navires disposant d'eau de ballast à bord, et une chasse des citernes de ballast à l'eau de mer pour les navires sans eau de ballast à bord. Cette approche de précaution devrait être adoptée jusqu'à la mise en œuvre d'une procédure de traitement des eaux de ballast ou jusqu'à ce que des études scientifiques démontrent que le risque couru est acceptable. En l'absence de telles procédures, la dispersion d'espèces allogènes issues des eaux côtières intérieures s'opère de façon incontrôlée.
Des recherches supplémentaires devraient être entreprises afin d'évaluer le risque d'introduction d'espèces associé à l’échange des eaux de ballast dans le détroit d'Hudson et à la dispersion d'espèces par des navires étrangers et canadiens au sein du complexe de la baie d'Hudson. En outre, il serait utile de considérer les avantages que pourrait présenter un échange des eaux de ballast dans la mer du Labrador à l'est de la baie d'Hudson plutôt que dans le détroit d'Hudson.
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