Document de recherche 2009/061
Évaluation du stock de morue (Gadus morhua) dans les divisions 2J+3KL de l’OPANO en 2009
Par J. Brattey, N.G. Cadigan, K. Dwyer, B.P. Healey, M.J. Morgan, E.F. Murphy, D. Maddock Parsons et D. Power
Résumé
L’état du stock de morue du Nord (Gadus morhua) dans les divisions 2J+3KL de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) a été évalué à l’occasion d’une réunion zonale tenue à St. John’s, Terre-Neuve, du 24 février au 6 mars 2009. Une pêche d’intendance dirigée de la morue et une pêche récréative ont été rouvertes dans les eaux côtières en 2006 et elles se sont poursuivies en 2007 et 2008; les eaux du large sont demeurées fermées à la pêche dirigée ces deux années. Aucun TAC (total autorisé des captures) n’a été officiellement établi, mais chaque titulaire de permis de pêche commerciale a été autorisé à capturer 3 000 livres de morue en 2006, 2 500 livres en 2007 et 3 300 livres en 2008. Les pêcheurs récréatifs ont été autorisés à capturer 5 poissons par personne par jour, jusqu’à un maximum de 15 poissons par bateau. Les débarquements totaux déclarés pour l’ensemble des pêches en 2008 (intendance, récréative, relevés sentinelles et prises accessoires) se sont établis à 4 162 t. Ce total comprenait 3 089 t pour la pêche d’intendance, dont 121 t de prises accessoires et 818 t dans les pêches récréatives; un total de 254 t supplémentaires ont été débarquées dans le cadre des relevés sentinelles.
Les indices de l’abondance hauturière et de la biomasse établis à partir des relevés d’automne par navire scientifique du MPO ont continué d’augmenter en 2008 et montrent une tendance à la hausse depuis 2003 à un taux annuel moyen de 30 % pour l’abondance et de 60 % pour la biomasse. La majeure partie de cette augmentation est enregistrée au sud de 3K et au nord de 3L, dans une région qui n’englobe que 14 % de la superficie totale des eaux du large couverte par des relevés. Au cours des trois dernières années (2006 à 2008), les valeurs moyennes des indices ont augmenté d’environ 8 % par rapport à la moyenne enregistrée pendant les années 1980 pour ce qui est de l’abondance, de la biomasse, et de la biomasse du stock reproducteur (BSR). Le récent déclin du taux de mortalité totale s’est maintenu et le taux moyen de mortalité totale pour 2007-2008 s’est établi à 0,24, en dépit de la reprise des pêches commerciale et récréative dans les eaux côtières; cela laisse croire que le taux de mortalité naturelle a diminué de façon marquée et que les perspectives concernant le rétablissement du stock se sont améliorées. L’importance des classes d’âge dans les eaux côtières demeure faible comparativement aux années 1980 et la majeure partie de l’amélioration de l’état du stock constaté au cours des récentes années est attribuable à la croissance et à de meilleurs taux de survie, en particulier pour les classes d’âge de 2000 à 2002. Un second relevé acoustique mené en hiver (mars 2008) dans la zone d’hivernage traditionnelle qui suit le bord du plateau continental a permis la découverte de denses concentrations de morues (biomasse totale évaluée à environ 100 000 t et BSR évaluée à environ 42 000 t) dans le sud de 3K, mais la densité des concentrations de morues était généralement plus faible ailleurs. Des expériences de marquage et des études par télémétrie menées au large ont révélé qu’une portion importante des morues des concentrations du large de 3K migrait vers les eaux côtières de 3KL; l’exploitation de cette morue du large dans les pêches côtières (d’après le marquage) était de 6 %. Les nouvelles preuves de migration vers les eaux côtières révèlent que le moratoire imposé dans les eaux du large ne suffit plus pour protéger le stock du large, tant que le rétablissement n’est pas clairement établi.
Dans les eaux côtières, les taux de prise des relevés sentinelles à filet maillant menés dans la zone du nord sont faibles, mais ils sont actuellement supérieurs à la moyenne de la série chronologique (1995-2008). Dans la zone centrale, les taux de prise au filet maillant et à la palangre se sont améliorés de façon constante depuis 2003; ils sont supérieurs à la moyenne, et supérieurs à ceux des autres zones côtières. Dans la zone du sud, les taux de prise avec des filets maillants sont demeurés stables depuis 2005, mais sont légèrement inférieurs à la moyenne. Les taux d’exploitation moyens (pourcentage récolté) établis à l’aide des études de marquage allaient de 3 à 7 % dans les zones côtières du centre et du sud. Les données sur le recrutement, tirées des relevés sentinelles au filet maillant à maillage serré et des relevés à la senne de plage, laissent croire que les classes d’âge de 2003 et de 2004 sont moins abondantes que celles des années 2000 à 2002.
Même si aucun point de référence limite particulier n’a été établi, le stock dans son ensemble est bien en deçà de tout point de référence limite acceptable et demeure dans la zone critique en ce qui a trait à l’approche de précaution. L’application de l’approche de précaution exigerait que les prises, en 2009, soient maintenues au plus bas niveau possible. Cela comprend l’interdiction de la pêche dirigée et la prise de mesures pour réduire les prises accessoires de morues dans les autres pêches. L’état du stock du large s’améliore, mais celui-ci ne s’est pas accru dans la majeure partie de son aire de répartition historique. Les gestionnaires devraient axer leurs efforts sur la poursuite de l’augmentation de la BSR et l’amélioration du recrutement jusqu’à ce que le stock soit devenu plus résilient aux effets de la pêche. Les récentes pêches ont donné de faibles taux d’exploitation et ont permis une croissance de la BSR dans certaines zones au large; si la pêche est permise en 2009, les taux d’exploitation ne doivent pas augmenter. Les données sur le recrutement laissent sous-entendre que la biomasse exploitable dans les eaux côtières en 2009-2010 devrait être similaire à celle de 2008-2009. Par conséquent, pour obtenir les mêmes taux d’exploitation qu’en 2008, il faut éviter d’accroître les prélèvements totaux (pêche récréative plus pêche commerciale). De plus, les taux de prise dans la zone côtière du nord sont inférieurs à ceux des autres zones côtières, ce qui laisse sous-entendre une abondance de la morue moins élevée. Les pêches pratiquées dans la zone du nord sont tributaires de l’immigration saisonnière de poissons provenant probablement des régions du large, y compris les eaux du large de 2J où la biomasse demeure faible. En conséquence, il serait prudent de limiter les prélèvements dans cette zone. Dans la zone côtière du sud, les prises sont en partie fonction de l’immigration saisonnière de poissons provenant de 3Ps, où le stock est en déclin. Les prélèvements futurs peuvent, par conséquent, être davantage tributaires des morues provenant des eaux du large de 3KL.
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