Document de recherche 2009/075
Invasion des rivières de la région du Golfe par l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu) : Évaluation des impacts sur les populations de saumon atlantique (Salmo salar)
Par A. Valois, R.A. Curry et S.M. Coghlan
Résumé
L’introduction de l’espèce à l’extérieur de son aire de répartition naturelle peut entraîner d’importantes diminutions des espèces de poissons indigènes, notamment le saumon atlantique (Salmo salar). L’expansion rapide de l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu), à la fois naturelle et facilitée par l’humain, partout en Nouvelle-Angleterre et dans les Maritimes, a attiré une attention accrue sur les possibles effets négatifs de telles introductions sur les efforts visant à maintenir et à rétablir le saumon atlantique. Bien que les effets négatifs de l’achigan à petite bouche envahissant les autres espèces de poissons indigènes (p. ex. cyprinidés, salmonidés du Pacifique) soient bien documentés, aucune étude directe n’évalue les interactions de prédation et de compétition avec le saumon atlantique. Le risque de prédation menant à la plus importante menace éventuelle pour le saumon atlantique est la consommation de juvéniles, c.-à-d. des nouveaux alevins aux saumoneaux. En raison de sa plus grande taille, le saumoneau est moins exposé à la prédation que le jeune tacon. Des études portant sur l’utilisation de l’habitat et le comportement en quête de nourriture des achigans à petite bouche juvéniles dans les cours d’eau laissent entrevoir des ressemblances fonctionnelles et un chevauchement potentiel de l’habitat avec le saumon atlantique, ce qui pourrait entraîner des interactions de compétition avec l’achigan à petite bouche d’âge 0 et plus. Ces effets négatifs découlant de la compétition avec l’achigan à petite bouche atteindront leur sommet lors des périodes estivales, qui demandent beaucoup d’énergie aux poissons, alors que la température de l’eau est élevée, que le débit est réduit et que la disponibilité des proies est réduite. Les effets de l’achigan à petite bouche sur les espèces de poissons indigènes sont plus marquants lorsque les systèmes sont moins complexes sur les plans biologique et physique. Dans la plupart des rivières de l’Est habitées par le saumon atlantique, les deux conditions sont communes : il y a moins d’espèces de poissons et l’habitat de l’achigan à petite bouche correspond aux eaux calmes et plus profondes. Par conséquent, on prévoit un niveau important d’interaction entre le saumon atlantique et l’achigan à petite bouche dans les rivières de l’Est.
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