Document de recherche 2010/052
Évaluation de la qualité de l’habitat et de son utilisation par la population disparue de bar rayé (Morone saxatilis) de l'estuaire du Saint Laurent, Québec
Par J. Robitaille
Résumé
Ce document fait le bilan des connaissances sur les habitats de l'ancienne population de bar rayé du Saint-Laurent, disparue vers la fin des années 1960.
On ne possède aucun renseignement sur la fraie, l'incubation et la vie larvaire. Des bars de l'ancienne population ayant la taille de reproducteurs séjournaient dans l'estuaire supérieur et le lac Saint-Pierre durant l'hiver. Cependant, ils semblaient avoir quitté ces endroits au moment où la température de l'eau aurait dû déclencher la fraie.
Les juvéniles de l'ancienne population apparaissaient au début de juillet dans des engins de pêche fixes installés sur l'estran. Ces petits bars étaient capturés à partir de début juillet à Neuville, puis graduellement dans des sites plus en aval, en août et septembre. Les lieux où on prenait ces bars juvéniles étaient des baies et des anses à l'abri du courant, présentant diverses conditions de substrat et voisinant le plus souvent des herbiers. Les bars juvéniles semblaient s'alimenter d'abord des ressources alimentaires locales, surtout des invertébrés. Ces petits bars devenaient plus mobiles à mesure qu'ils croissaient et étaient rapportés dans un plus grand nombre de sites vers la fin de l'été. La majorité des modifications susceptibles d'avoir touché des habitats de bars juvéniles, entre la disparition de l'ancienne population et la réintroduction de la nouvelle, se trouvent concentrées aux abords de la ville de Québec, entre le pont de Québec et celui de l'île d'Orléans; ailleurs, les altérations de ces habitats touchent de moins grandes superficies et sont plus ponctuelles.
Les bars d'un an et plus ne semblaient pas associés à un habitat qu'on puisse caractériser, ni délimiter en fonction de conditions physico-chimiques particulières. Les meilleurs descripteurs de leur habitat seraient plutôt la distribution et l'abondance de leurs proies de prédilection, c'est-à-dire des crustacés et des poissons à rayon mous, en particulier des clupéidés juvéniles. Les bars d'un an et plus montraient des changements de leur distribution longitudinale dans l'estuaire en fonction de leur âge et de la période de l'année. Les bars les plus gros (plus de 370 mm) effectuaient les plus grands déplacements saisonniers. Ils fréquentaient l'estuaire moyen, jusqu'aux environs de Kamouraska, pendant l’été; au début de la saison froide, ils remontaient vers l'estuaire supérieur et le lac Saint-Pierre, un déplacement qui pourrait être associé à la reproduction. Des modifications d'habitat survenues lors d'opérations de dragage, dans les années 1950, semblent avoir touché la distribution estivale des bars immatures et accentué les effets de la pêche. Les pratiques en matière de dragage ont été améliorées depuis cette époque, mais on devra quand même vérifier leurs éventuelles répercussions sur la nouvelle population.
Les données sur la population en cours de recolonisation indiquent que la reproduction naturelle a redémarré dans le Saint-Laurent. Il semble donc que les habitats requis à chaque étape du cycle vital existent toujours. On devrait en priorité localiser ces sites de reproduction et de premier développement afin d'assurer leur protection.
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