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Document de recherche 2013/119

Causes de mortalité des bélugas (Delphinapterus leuca) de l'estuaire de Saint-Laurent de 1983 à 2012

Par Stéphane Lair, D. Martineau, Lena N. Measures

Résumé

Entre 1983 et 2012 on a rapporté un total de 469 carcasses de belugas de la population de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL). Des nécropsies, basées sur un protocole en évolution mais relativement uniforme, ont été réalisées sur 222 de ces carcasses (117 femelles, 103 mâles et deux intersexes). La cause primaire de la mort a été déterminée pour chaque béluga. L'âge a été estimé en comptant le nombre de groupes de couches de croissance de dentine (GLGs) sur une section de dent. Au total 178 des carcasses ont été classifiées comme adultes (≥8 GLGs), 25 comme juvéniles, et 19 comme nouveau-nés. Les maladies infectieuses ont été identifiées comme cause de la mort de 32 % des bélugas examinés, incluant : des infections bactériennes (11 %), des pneumonies vermineuses (11 %), des gastro-entérites et péritonites vermineuses (4 %), des cas de toxoplasmose (2 %), des pneumonies à protozoaires (2 %) et des infections par des virus herpès (1 %). Les cas de maladies bactériennes, de gastro-entérites et péritonites vermineuses et de pneumonies à protozoaires ont surtout été diagnostiqués chez les adultes avec une surreprésentation des mâles. Les pneumonies vermineuses étaient la principale cause de mortalité chez les juvéniles. Un total de 39 cancers a été diagnostiqué chez 35 des bélugas examinés. Ces néoplasmes malins ont été identifiés comme responsables de la mort de 14 % des bélugas examinés (ou 20 % des bélugas adultes). Aucun cancer n'a été diagnostiqué chez les animaux dont l'année de naissance estimé succède 1971. Les adénocarcinomes gastro-intestinaux étaient les cancers les plus fréquemment diagnostiqués (7% des adultes matures) suivis des carcinomes mammaires (10 % des femelles adultes matures). Des dystocies et complications postpartum ont été identifiées comme cause de la mort de 15 % des femelles examinées. Le nombre de cas documentés de dystocies / complications postpartum, et de mortalités de veaux dépendants, a augmenté au cours des dernières années. Les autres causes de mortalités inclus : des collisions avec des bateaux (4 %), des inanitions primaires (2 %), des empêtrements dans des engins de pêche (1 %) ainsi qu'un cas d'intoxication à la saxitoxine. Des tumeurs bénignes, incluant des fibroléiomyomes, des changements dégénératifs et hyperplasiques des glandes surrénales et thyroïdes, des papillomes gastriques et lésions génitales ulcéreuses non terminales, ainsi que des infections parasitaires sous-létales ont aussi été diagnostiqués. Différentes hypothèses pouvant expliquer la prévalence de certaines conditions pathologiques dans le béluga de l`ESL ont été générées à la lumière de comparaisons avec d'autres populations de mammifères marins et d'extrapolation de conclusions d'études expérimentales contrôlées et d'études épidémiologiques en santé publique vétérinaire. Une de ces hypothèses suggère un lien entre certaines conditions observées dans les bélugas échoués et une exposition chronique à des contaminants industriels. Bien qu'il soit difficile de démontrer une relation de cause à effet entre ces conditions et la contamination chimique, le principe de précaution devrait s'appliquer. Bien que l'impact de ces maladies sur la croissance de cette population de belugas reste difficile à mesurer, la croissance sous-optimale apparente de cette population indique que certains facteurs limitant sont présents dans l'environnement du béluga. La compréhension des causes de mortalité et de leur étiologie peut aider à mieux caractériser ces facteurs limitant.

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