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Document de recherche 2013/125

Exposition du béluga (Dephinapterus leucas) au trafic maritime associée à divers scénarios de déviation des routes de transit dans l’estuaire du Saint-Laurent

Par V. Lesage, I.H. McQuinn, D. Carrier, J.-F. Gosselin et A. Mosnier

Résumé

La voie maritime dans l’estuaire du Saint-Laurent (ESL) chevauche actuellement les aires principales d’agrégation des grands rorquals, des bélugas mâles, et des activités d’observations en mer de mammifères marins, soulevant des préoccupations quant à de possibles collisions entre les navires et les baleines, ou entre les navires et les embarcations engagées dans des activités d’observations en mer. Motivés par la volonté de réduire les risques de collisions, les autorités du Parc Marin Saguenay-Saint-Laurent et celles de la future Aire Marine Protégée de l’ESL par l’entremise du Groupe de Travail sur le Trafic Maritime et la Protection des Mammifères Marins (G2T3M) ont proposé à l’industrie maritime du transport de réduire la vitesse des navires à 10 nœuds dans un secteur particulièrement sensible situé à la tête du Chenal Laurentien dans le Chenal Nord (CN), tout en laissant la possibilité aux pilotes de dévier leur course vers le Chenal Sud (CS), évitant ainsi presque toute la zone de réduction de vitesse et les aires d’agrégation de rorquals. La présente étude indique que le trafic commercial transitant dans l’estuaire expose plusieurs fois par jour une portion substantielle (15-53 %) de la population de bélugas de l’ESL, dont une grande majorité (72-81 %) sont des femelles accompagnées de veaux ou de juvéniles, à des niveaux de bruit susceptibles d’entraîner des réponses comportementales négatives chez une majorité des individus exposés. Une déviation du trafic vers le CS entraînerait non seulement une augmentation de la proportion de la population et de son habitat (incluant son Habitat Critique) exposés à des niveaux de bruits supérieurs aux seuils d’effets comportementaux négatifs, mais contribuerait aussi à la dégradation acoustique des habitats du béluga situées au sud de l’Île Rouge, jusqu’ici relativement peu exposés au bruit associé à la navigation. Nous concluons donc que de maintenir ou de concentrer autant que possible la navigation marchande dans le CN constitue le scénario qui minimise les impacts sur le béluga et son habitat. Une diminution de la vitesse des navires ou de leur taille, des changements dans leur design, ou toute autre mesure ayant pour effet de les rendre plus silencieux, contribuerait à réduire les effets négatifs sur les bélugas de l’ESL.

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