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Document de recherche 2014/090

Comparaison du rendement des pêches et des activités de conservation relatives aux régimes d’exploitation fixes et fondés sur l’abondance du saumon coho dans le sud de la Colombie‑Britannique

Par Josh Korman et Arlene Tompkins

Résumé

Nous avons comparé un éventail de politiques de récolte à taux fixe ou fondées sur l'abondance pour le saumon coho dans le sud de la Colombie-Britannique en utilisant un modèle de simulation. Le modèle consistait en une composante sur la dynamique des populations en deux phases (géniteur-saumoneau, saumoneau-recrue adulte) et en une composante de gestion qui simulait les erreurs dans les prévisions de recrutement et dans la mise en œuvre des récoltes; ce modèle était paramétré en fonction d'une méta-analyse des données de recrutement au stock « du géniteur au saumoneau » et en fonction de renseignements sur les taux de survie en mer de stocks indexés. Le modèle simulait la dynamique de multiples populations de productivité et de capacité différentes au sein d'une même zone de gestion (ZG). Le rendement sous différentes politiques de récolte a été évalué en fonction des rendements simulés, de la variabilité interannuelle de ces rendements ainsi que de mesures indexant l'état de conservation des populations individuelles. Les auteurs ont simulé des taux de récolte fixes allant de 0,1 à 0,8, des politiques basées sur l'abondance avec toute une gamme de seuils et de plafonds de recrutement des adultes ainsi que de taux de récolte, et une politique de quotas fondés sur l'abondance.

Le rendement maximal soutenu pour les populations en comigration faisant partie d'une même ZG, en supposant un taux de survie en mer moyen de 0,04, s’est produite à des taux de récolte allant de 0,3 à 0,4. Le coefficient de variation (CV) interannuelle du rendement était relativement stable jusqu'à des taux de récolte de 0,3 à 0,4 après quoi il augmentait considérablement en raison de la surexploitation. Les taux d'échec de conservation ont augmenté rapidement, les valeurs médianes étant de 40 % et de 60 % à des taux de récolte de 0,3 et 0,4, respectivement. Les taux de disparition étaient 5 fois supérieurs à un taux de récolte de 0,4 (env. 50 %) qu'à un taux de 0,3 (env. 10 %).

Les taux de récolte basés sur l'abondance ont généralement connu le même rendement, ou un rendement légèrement supérieur, que les politiques à taux de récolte fixe. Les politiques fondées sur l'abondance plus agressives (faibles seuils ou plafonds de recrutement) ont entraîné des taux de récolte moyens plus élevés et des rendements plus faibles sur le plan de la conservation en comparaison avec les politiques moins agressives. En général, la faiblesse des politiques basées sur l'abondance était leur CV plus élevé en matière de prises. La politique à taux de prises basée sur l'abondance de type CSP (trois différents taux de récolte pour les trois niveaux de statut tels que définies par la Commission du saumon du Pacifique) a généralement donné un rendement aussi bon que celui de la politique de récolte continue basée sur l'abondance qui a eu le meilleur rendement en matière de conservation, mais il y avait une plus grande variation interannuelle des prises. La politique de récolte basée sur les quotas a eu un rendement très faible. Dans la plupart des scénarios, les différences en termes de rendement et de mesures de conservation entre les stratégies prévoyant un taux d'exploitation fixe de 0,3 et celles prévoyant un taux de récolte fondé sur l'abondance ayant le meilleur rendement n'étaient pas importantes.

Le rendement des modèles était très sensible au taux de survie en mer. Dans le contexte d'un faible régime de survie (survie moyenne de 0,01), aucune des populations faisant partie de la ZG simulée ne pouvait être soutenue, peu importe la politique de récolte. Cela s’explique par le fait que la productivité « géniteur à géniteur » (a*MS*(1-H)) était, en moyenne, inférieure à 1 pour la durée de chaque simulation, même pour ce qui est des stocks productifs. Sans surprise, les taux d'échappement et de prises étaient beaucoup plus élevés, et les taux d'échec de conservation et de disparition beaucoup moins élevés, sous le régime à taux de survie en mer élevé (moyenne = 0,06). Á un taux d'exploitation fixe de 0,3 ou moins et pour toutes les politiques basées sur l'abondance, la différence dans les taux d'échec de conservation était beaucoup plus grande dans le contexte d'un taux de survie en mer élevé. Cela s'explique par le fait que les taux d'exploitation concrétisés, dans le cadre des politiques fondées sur l'abondance à un taux de survie en mer élevé, avaient tendance à se chiffrer à 50 %, ce qui causait une importante augmentation relative des taux d'échec de conservation pour les stocks moins productifs. Dans le cadre des politiques de récolte fondées sur l'abondance, les populations à faible productivité bénéficiaient moins des taux de survie en mer élevés que les populations plus productifs puisque les taux de récolte étaient plus élevés.

Le rendement des modèles était très sensible aux hypothèses relatives aux dynamiques liées à la conservation (figure 5). Le taux d'échec de conservation a augmenté en même temps que le niveau absolu de la limite de conservation, et le fait d'augmenter la limite à laquelle les disparitions se réalisent n'a fait qu'augmenter le taux de disparition et diminuer les échappées et les prises. Ces résultats ne sont pas surprenants et soulignent la sensibilité du modèle aux paramètres très incertains qui déterminent la dynamique de la conservation. Cependant, en général, les limites de conservation et de disparition n'ont eu aucune répercussion sur le rendement relatif des politiques de récolte.

Les mesures du rendement étaient généralement insensibles à la plupart des hypothèses concernant la dynamique des métapopulations, à l'exception de l'errance. L’assignation d'une longueur de cours d'eau aléatoire ou fixe avait peu d’effet sur les populations d'une même ZG. Le nombre de populations simulées n'a pas influencé la réponse médiane pour l'ensemble des essais, mais les augmentations ont réduit l'ampleur des variations des réponses entre les essais. Le rendement de la conservation s'est amélioré à mesure que l'ampleur de l'errance des géniteurs en montaison vers les populations non natales a augmenté. Cela s'explique par le fait que les poissons errants provenant de populations productives et se retrouvant avec des populations moins productives augmentent en général les échappées vers les populations moins productives. L'ampleur de l'errance avait peu d'effet sur le rendement relatif des politiques de récolte proposées comme solutions de rechange aux scénarios.

Les mesures du rendement étaient sensibles à l'ampleur de la variation interannuelle des taux de survie en mer, mais relativement insensibles à l'ampleur de la corrélation temporelle ou de la corrélation entre les populations relativement à la survie en mer. L'analyse de la simulation a démontré que la réduction des erreurs dans la mise en œuvre des régimes de récolte grâce à une meilleure gestion en cours de saison pourrait mener à des améliorations de l'état de conservation des populations moins productives ainsi que de la production des pêches.

Les mesures du rendement n'étaient pas sensibles aux erreurs de prédiction. Ceci était prévu dans le cas des politiques à taux d'exploitation fixe qui ne dépendent pas des prévisions de recrutement, mais il s'agit d'une surprise dans le cas des régimes basés sur l'abondance qui, eux, en dépendent. Cette insensibilité a été causée par l'utilisation d'une abondance totale des populations en comigration afin de déterminer un taux d'exploitation qui protège les populations moins productives au sein de l’ensemble des populations en comigration, une faille fondamentale. Une règle fondée sur l'abondance qui dépend du recrutement de l’ensemble des populations en comigration entraînera tout de même une surexploitation des populations faibles, peu importe les erreurs dans les prévisions de recrutement. La surexploitation de ces populations entraîne un rendement réduit sur le plan de la conservation et de la production.

En conclusion, les règles de pêche avec taux de récolte fondés sur l'abondance ne sont utiles que si leurs points de référence limites sont basés sur l'état des populations faibles qu'elles doivent protéger. Cette analyse a indiqué qu'un taux d'exploitation fixé à 0,3 donnait lieu à un rendement et un rendement de conservation similaires par rapport aux politiques fondées sur l'abondance. Considérant la plus grande variation interannuelle du rendement associée aux politiques fondées sur l'abondance et les coûts de gestion supplémentaires nécessaires à la mise en œuvre (p. ex., prévision du recrutement), une stratégie d'exploitation fixe de 0,3 est la politique de récolte optimale examiné dans cette étude. Même si cette conclusion était corroborée sous plusieurs des hypothèses du modèle, il s'agit d'un résultat préliminaire et non d'une recommandation en matière de gestion. Une grande incertitude persiste sur l'ampleur de l'effet dépensatoire des relations géniteur-saumoneau et stock-recrutement, l’interchangeabilité des paramètres stock-recrutement parmi les ZG, et à des biais possibles relatifs à l'atteinte de taux de récolte cibles.

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