Document de recherche 2015/009
Conditions environnementales dans le sud du golfe du Saint-Laurent en lien avec le crabe des neiges
Par J. Chassé, P.S. Galbraith, N. Lambert, M. Moriyasu, E. Wade, J.Marcil et R.G. Pettipas
Résumé
Les températures et les salinités près du fond dans le sud du Golfe du Saint-Laurent (sGSL; plateau madelinien) ont été examinées à l'aide de données principalement recueillies au cours des relevés plurispécifiques et des relevés visant le crabe des neiges. Les données annuelles sont présentées en fonction des conditions normales (moyenne de 1971-2000). La série chronologique du volume de la couche intermédiaire froide montre clairement une plus grande quantité d'eau froide dans les années 1990 dans le sGSL, avec un retour à des conditions plus normales vers la fin de la série chronologique (2010). L'analyse indique que la variabilité interannuelle des températures près du fond en septembre est plus importante dans les eaux peu profondes (p. ex., dans le détroit de Northumberland) et le long des pentes plus fortes (p. ex., dans le chenal Laurentien) qu'au-dessus du fond relativement plat du plateau madelinien. Les moyennes mobiles sur cinq ans des anomalies de température au fond pour les zones de pêche au crabe des neiges 12, 19, 12E et 12F montrent une baisse constante de la température, allant du dernier maximum au début des années 1980 jusqu'au minimum au début des années 1990; depuis, la tendance indique un réchauffement général. La surface du fond du plateau madelinien, comprise entre -1 °C et 3 °C au cours du relevé plurispécifique de septembre, a subi une baisse générale depuis le début des années 1990. Malgré sa forte variabilité interannuelle, la température moyenne annuelle de la zone d'habitat du crabe des neiges a augmenté significativement au cours de cette même période. La valeur en 2010 est significativement plus élevée que la moyenne à long terme et représente en fait la valeur la plus élevée depuis 1982, année durant laquelle on a enregistré la température la plus haute (1,31 °C) de la série chronologique. Dans le sGSL, les salinités sont inférieures à 34 psu avec une faible variabilité interannuelle. L'analyse de la répartition thermique du crabe des neiges visé par la pêche commerciale a révélé que les crabes se trouvent très rarement dans les zones où la température de l'eau est supérieure à 3 °C, avec seulement 5,2 % des prises provenant de telles zones. Les résultats suggèrent que les crabes mâles ciblés par la pêche commerciale préfèrent un habitat dont la température se situe entre -1,2 °C et 1,2 °C. La répartition de la profondeur permet de penser que les crabes ciblés par la pêche commerciale préfèrent un habitat situé à une profondeur allant de 65 m à 100 m. L'analyse de la couverture thermique des ancien et nouveau polygones servant à estimer la biomasse révèle que le nouveau polygone couvre mieux l'habitat thermique du crabe des neiges que l'ancien. L'exactitude de la couverture du polygone augmente également lorsque l'on prend en compte les seuils de température au fond de 3 °C à 5 °C. Puisque 95 % des crabes sont capturés dans des eaux en dessous de 3 °C, le nouveau polygone couvre relativement bien l'habitat du crabe des neiges ciblé par la pêche commerciale.
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