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Plan d'action canadien de lutte contre les espèces aquatiques envahissantes

Groupe de travail sur les espèces aquatiques envahissantes du Conseil canadien des ministres des pêches et de l'aquaculture

Plan d'action canadien de lutte contre les espèces aquatiques envahissantes

Plan d'action canadien de lutte contre les espèces aquatiques envahissantes (PDF, 116 KB)

Table des matières

Orientation stratégique

Principes sous-jacents

Le but ultime de tout plan de lutte contre les espèces envahissantes doit être de limiter le plus possible (et idéalement de stopper) l'introduction de nouvelles espèces aquatiques envahissantes ainsi que la propagation et l'impact des espèces déjà présentes au Canada. Pour y parvenir, il faut entre autres empêcher l'introduction de nouvelles espèces indésirables, détecter rapidement les envahisseurs potentiels, réagir rapidement pour prévenir l'établissement des espèces en question et assurer une gestion visant à contenir celles qui se sont déjà établies à l'intérieur de nos frontières.

Le plan canadien doit s'appuyer sur une approche à long terme qui reconnaît le rapport entre un environnement sain et une économie viable. Le commerce des organismes vivants est important pour l'économie de nombreuses instances. Les gouvernements reconnaissent qu'on peut répondre aux demandes des consommateurs tout en tenant compte des préoccupations soulevées par le transfert des organismes et en répondant aux exigences des accords commerciaux (OMC, ALÉNA).

Le Code national sur l'introduction et le transfert d'organismes aquatiques répond à cette question. Le Code fournit aux gouvernements des principes, fondés sur la science, à appliquer dans leurs décisions de gestion concernant les introductions non intentionnelles et les transferts d'organismes aquatiques aux fins d'aquaculture, d'ensemencement et de recherche scientifique. Le Protocole d'évaluation des risques posés l'organisme aquatique peut être utilisé pour analyser les effets de l'introduction et du transfert d'espèces aquatiques, et pour évaluer les mesures mise en place pour minimiser les conséquences néfastes d'un transport avant qu'il n'ait lieu. Le présent document endosse le Code et préconise la considération des enjeux environnementaux, sociaux, et économiques associés aux introductions non intentionnelles et accidentelles.

Les principes sous-jacents du plan canadien sont les suivants :

  1. S'appuyer sur la législation canadienne et internationale et sur les conventions en place pour élaborer une stratégie canadienne compatible en ce qui a trait aux espèces aquatiques envahissantes.
  2. Élaborer une stratégie aux fondements scientifiques, qui exploite les meilleures connaissances existantes.
  3. Adopter une approche à la gestion adaptative qui intègre et améliore constamment les politiques et les pratiques de gestion grâce aux leçons tirées des programmes opérationnels.
  4. Collaborer avec tous les paliers de gouvernement, les peuples autochtones, l'industrie, les ONG et les autres intervenants tant au Canada qu'à l'échelle internationale.
  5. Mobiliser le public et promouvoir une bonne participation auprès de tous les membres de la société.
  6. Respecter les droits autochtones et les droits conférés par les traités au moyen de consultation et d'inclusion dans le processus décisionnel.
  7. S'assurer de l'intégration du savoir traditionnel et des autres sources de connaissances dans les stratégies pour faire face à la menace posée par les espèces exotiques envahissantes.
  8. Prendre en considération le plus grand nombre possible de facteurs (environnementaux, sociaux, économiques, culturels, et sanitaires) tout en intégrant les priorités et intérêts régionaux.
  9. S'assurer que l'important rôle social et économique du commerce des organismes vivants au Canada soit préservé en respectant les accords commerciaux internationaux tout en prévenant les invasions.
  10. Appliquer le principe de précaution qui présume que toute nouvelle espèce pose un risque, qu'il importe d'évaluer avant son importation ou son utilisation au Canada.
  11. Adopter une approche écosystémique/biogéographique, qui reconnaît que le problème des espèces aquatiques envahissantes transcende les frontières.

Objectifs stratégiques

En consultation avec les divers intervenants, le Groupe de travail a cerné plusieurs secteurs clés où la prise de mesures pourrait se révéler efficace pour limiter l'introduction et la propagation d'espèces exotiques. La première étape consistait à identifier les voies par lesquelles les organismes pénètrent dans les eaux canadiennes et s'y propagent, puis à trouver des moyens d'empêcher leur introduction ou d'en contenir la propagation si ceux-ci se sont déjà introduits.

La meilleure façon, et de loin, de contrôler les espèces envahissantes est d'empêcher qu'elles entrent au Canada. Grâce à cette approche proactive, on évitera ainsi de multiplier les mesures de lutte contre les espèces qui se sont déjà établies, dont le coût atteint déjà plusieurs millions de dollars. Les efforts de prévention devraient porter sur l'importation, l'exportation et le déplacement des espèces au Canada. Les activités ciblées comprennent les contrôles à la frontière, l'inspection, l'application de la loi, l'éducation et la communication, l'analyse des risques et la gestion de l'information.

Depuis qu'on a découvert sa présence dans le lac St.Claire au milieu des années 1980, la moule zébrée est devenue un des envahisseurs les plus connus des eaux canadiennes. Originaire des mers Noire et Caspienne, cette espèce s'est propagée dans l'ensemble des Grands Lacs et au delà. En plus de modifier des habitats et de menacer des espèces indigènes, les espèces exotiques envahissantes peuvent causer d'importants dommages aux infrastructures artificielles en obturant les tuyaux de prise d'eau et en se fixant à d'autres structures. Comme elles sont très solidement établies sur un vaste territoire, il existe peu de moyens de leur faire une lutte efficace. Dans l'ouest canadien, là où la moule zébrée n'est pas encore établie, le moyen de contrôle le plus efficace demeure la prévention de son introduction.

Dans le cas des espèces déjà introduites, une attention particulière sera accordée à leur éradication, au contrôle de leur propagation et à la gestion adaptative. Bien que la détection précoce soit possible pour certaines espèces, le temps qui s'écoule entre leur introduction et leur établissement se mesure souvent en années, voire en décennies. Indépendamment du moment où une nouvelle espèce est découverte, le plan canadien doit permettre d'intervenir rapidement. Un plan d'intervention rapide évalue tous les aspects de l'introduction, y compris les possibilités d'éradication ou de contrôle.

Dès qu'une espèce est établie, la situation devient beaucoup plus délicate. Des dommages peuvent déjà avoir été causés aux écosystèmes locaux, si bien qu'une éradication complète peut s'avérer impossible. Les mesures de contrôle doivent faire l'objet d'une analyse exhaustive de leurs effets nocifs potentiels sur d'autres espèces ou sur l'ensemble de l'écosystème.

Le niveau d'intervention devrait également être proportionnel à la gravité de la menace. L'application des mesures de contrôle est présentement entravée par le manque de ressources, l'absence de coordination, et l'absence d'outils de contrôle adéquats ou par l'incapacité d'y recourir.

Les activités de gestion visant à éliminer les espèces envahissantes doivent inclure un volet axé sur la restauration. Un écosystème altéré ne pourra pas toujours se régénérer et revenir à son état initial et est donc plus vulnérable à une invasion ultérieure. Les mesures à prendre pourrait favoriser la prolifération d'espèces indigènes. Plus un écosystème est en santé, plus il peut résister aux invasions.

Approche de base

L'élaboration du plan canadien a commencé par l'examen des principales voies d'entrée qui constituent des sources importantes d'espèces aquatiques envahissantes. Des mesures immédiates et à plus long terme peuvent être prises pour chacune de ces voies d'entrée. Si certaines mesures sont très ciblées (elles visent une seule espèce dans une région donnée), nombre d'entre elles s'appliquent à l'ensemble des voies d'entrée, des paliers de compétence, des espèces et des écosystèmes. Par exemple, les mesures axées sur l'éducation sont des outils efficaces pour prévenir l'introduction d'espèces dans les eaux canadiennes, que ce soit par l'intermédiaire des navires commerciaux, des embarcations de plaisance ou de l'aquariophilie.

Un plan viable doit permettre d'établir des priorités nationales et régionales. Certaines espèces déjà établies ne se propagent pas assez vite pour être considérées comme une grave menace. D'autres prolifèrent et perturbent gravement l'habitat, les espèces indigènes ou l'activité économique. Les critères utilisés pour évaluer les priorités comprennent notamment la gravité des dommages potentiels à l'écosystème, l'importance des répercussions économiques et les coûts des mesures de contrôle.

La souplesse est un autre élément clé. Le plan canadien doit prendre en considération la diversité des priorités juridictionnelles. Tous les intervenants doivent participer à l'élaboration et à la mise en œuvre du plan à titre de partenaires.

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