Document de recherche 2021/025
Modélisation du potentiel de rétablissement de l’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens) au Canada
Par van der Lee, A.S., et Koops, M.A.
Résumé
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué que l’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens) de quatre unités désignables (UD) était une espèce en voie de disparition dans les UD 1 et 2, menacée dans l’UD 4, et préoccupante dans l’UD 3. Dans le présent document, la modélisation de la population, réalisée à l’aide d’un modèle matriciel des femelles uniquement, est présentée pour déterminer les cibles de rétablissement fondées sur la population, évaluer l’incidence des dommages anthropiques, et effectuer des projections à long terme du rétablissement de la population à l’appui d’une évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) pour les populations d’esturgeon jaune au Canada. Des simulations ont été effectuées pour des populations ayant cinq profils de croissance distincts caractérisés par leur taux de croissance et leur taille maximale afin d’intégrer la diversité des caractéristiques du cycle biologique prévue dans l’ensemble du Canada. On a estimé que les populations dont la croissance est plus lente présentaient des taux de survie plus élevés chez les adultes (~ 95 %) et des durées de génération plus longues (> 50 ans) comparativement aux populations d’esturgeons dont la croissance est plus rapide (~ 92 % et ~ 30 ans). Les tendances des estimations de l’élasticité étaient semblables pour tous les types de croissance. Dans la plupart des scénarios, le taux de croissance de la population (λ) était le plus sensible aux variations de la survie des jeunes adultes (âges 26 à 62). Les populations dont le taux de survie chez les adultes a continué de diminuer (ce qui a entraîné un déclin de la population), qui étaient les plus sensibles aux changements du taux de survie des juvéniles plus avancés (âges 13 à 25), faisaient exception à cette règle. Cela indique l’importance de comprendre les stress actuels et la répartition selon l’âge d’une population au moment de déterminer les dommages ou les mesures de rétablissement à prendre. En vue d’assurer la durabilité démographique (c.-à-d. une population autosuffisante à long terme) dans des conditions avec une probabilité de catastrophe de 0,15 par génération, un seuil de quasi-disparition de 25 femelles adultes à une probabilité d’extinction de 1 % sur 250 ans, l’abondance de la population devait varier de 1 255 à 4 840 poissons femelles. Les populations dont la croissance est plus rapide ont besoin que la taille de leur population soit plus importante (~ 5 000) pour atteindre la durabilité démographique, car les périodes de faible génération ont entraîné une augmentation de la fréquence du déclin catastrophique de la population (une diminution de 50 % tous les 200 à 250 ans comparativement à 340 à 360 ans pour l’esturgeon jaune à croissance lente). La taille de la population minimale viable nécessitait entre 550 et plus de 13 000 ha d’habitat lacustre et entre 162 et 3 800 ha d’habitat fluvial (incluant les deux sexes et toutes les classes d’âge). Les temps de rétablissement sont variables, selon la taille initiale de la population et son taux de croissance.
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