Avis scientifique 2018/024
Évaluation du crabe des neiges de Terre-Neuve et du Labrador
Sommaire
Divisions 2HJ3KLNOP4R
- Les débarquements ont récemment atteint un sommet à 53 500 t en 2009 et ont depuis progressivement diminué pour atteindre 34 000 t en 2017, leur plus bas niveau en deux décennies. L’effort global s’est maintenu à quatre à cinq millions de casiers levés au cours de chacune des six dernières années.
- Les captures globales par unité d’effort (CPUE) étaient à leurs plus bas niveaux en vingt ans en 2017, la plupart des divisions étant à leurs plus bas niveaux historiques, ou presque.
- Malgré une légère augmentation en 2017, l’indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au chalut est resté à son niveau le plus bas au cours des trois dernières années. Parallèlement, l’indice dérivé du relevé au casier est à son plus bas niveau observé depuis deux ans.
- Le recrutement général dans la biomasse exploitable est très faible depuis quelques années et les données d’enquête laissent entendre que le recrutement disponible pour la pêche de 2018 restera faible dans la plupart des divisions. Toutefois, les données d’enquête et environnementales indiquent que de légères augmentations du recrutement seraient possibles dans certaines divisions au cours des deux à quatre prochaines années.
- La mortalité totale du crabe exploitable a augmenté pour se chiffrer à un maximum sans précédent de la série chronologique, ou presque, au cours des dernières années, dans toutes les divisions.
- Des prélèvements identiques maintiendraient la moyenne sur deux ans des indices du taux d’exploitation près des moyennes à long terme, ou au-dessus de ces dernières, dans toutes les divisions. Des maximums sans précédent de la série chronologique pourront être atteints dans les eaux côtières de la division 3L, dans les eaux extracôtières des divisions 3LNO et dans les divisions 4R3Pn.
- Le niveau relativement faible de biomasse résiduelle (crabe adulte à vieille carapace) pour toutes les tailles dans toutes les divisions au cours des dernières années, est préoccupant, car il est généralement associé à de faibles CPUE et à des niveaux élevés de remises à l’eau dans la pêche. Une augmentation du potentiel de recrutement dans certaines divisions, associée à une faible biomasse résiduelle laisse entendre que le gaspillage des prérecrues à carapace molle pourrait se révéler plus problématique dans les pêches au cours des prochaines années.
Divisions 2HJ
- Les débarquements se sont maintenus à 1 700 t au cours des quatre dernières années, tandis que l’effort est demeuré à son plus bas niveau pendant deux décennies.
- Les CPUE sont restées près de la moyenne décennale au cours des dernières années, ce qui reflète les tendances présentes dans toute la division.
- L’indice de biomasse exploitable a peu changé au cours de la dernière décennie, à l’exception d’une hausse en 2014.
- Le recrutement dans la biomasse exploitable a peu changé au cours de la dernière décennie, à l’exception d’une hausse en 2014. Les relevés au chalut et au casier de 2017 indiquent que le recrutement demeure le même en 2018.
- La biomasse exploitable était constituée principalement de recrues à venir au cours des six dernières années (75 %), avec peu de crabes à vieille carapace. Cela indique une mortalité élevée des grands crabes mâles adultes.
- La mortalité totale des crabes exploitables se situe à son niveau le plus élevé, ou presque, depuis quelques années. L’indice du taux d’exploitation se situe au-dessus de la moyenne à long terme depuis ces deux dernières années. Des prélèvements identiques en 2018 maintiendraient la moyenne sur deux ans de l’indice du taux d’exploitation à un niveau relativement élevé.
Division 3K
- Les débarquements ont diminué de 66 % depuis 2009 à un minimum sans précédent de la série chronologique de 5 450 t en 2017. L’effort est resté près de son niveau le plus bas en vingt ans au cours des cinq dernières années.
- Les CPUE étaient faibles au cours des sept dernières années, ce qui reflète les tendances dans la plupart des zones de gestion.
- L’indice de la biomasse exploitable selon le relevé au chalut d’après-saison a augmenté en 2017 par rapport à un minimum historique en 2015-2016. Bien que l’indice dérivé des relevés au casier d’après-saison soit resté proche d’un minimum historique au cours des trois dernières années, de légères améliorations ont été observées dans certaines zones de gestion côtières en 2017.
- Le recrutement a augmenté par rapport aux minimums de la série chronologique dans le cadre des relevés au chalut et au casier d’après-saison de 2016 à 2017. Les relevés au chalut et au casier de 2017 indiquent que le recrutement devrait augmenter en 2018.
- La biomasse exploitable était constituée principalement de recrues à venir tout au long des séries chronologiques (50-75 %), avec peu de crabes à vieille carapace. Cela indique une mortalité élevée des grands crabes mâles adultes.
- La mortalité totale des crabes exploitables se situe à son niveau le plus élevé, ou presque, depuis quelques années. L’indice du taux d’exploitation a atteint son plus haut niveau en dix ans au cours des deux dernières années. Des prélèvements identiques en 2018 réduiraient le taux d’exploitation, l’indice de la moyenne sur deux ans étant inférieur à la moyenne de la série chronologique.
Divisions 3LNO (eaux extracôtières)
- Les débarquements ont diminué de 26 % depuis 2016 pour atteindre 18 050 t en 2017, le plus bas niveau en deux décennies. L’effort s’est rapidement étendu de 1992 au milieu des années 2000 et a depuis fluctué à un niveau semblable.
- Plus récemment, les CPUE globales ont presque atteint un maximum de la série chronologique en 2013 et ont depuis diminué de 41 % pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 1992. Des déclins importants se sont produits dans toutes les zones de gestion au cours des dernières années, bien que les taux de prise soient restés relativement élevés dans les parties centrales de la division.
- L’indice de la biomasse exploitable reste à un minimum, ou presque, de la série chronologique dans le cadre des relevés au chalut et au casier.
- Le recrutement global dans la biomasse exploitable s’est situé à un minimum, ou presque, de la série chronologique dans le cadre des relevés au chalut et au casier au cours des deux dernières années. Cela reflète les tendances dans l’ensemble des zones de gestion. Aucune augmentation importante de la biomasse exploitable ne devrait se produire en 2018.
- La mortalité totale des crabes exploitables a augmenté continuellement depuis 2009 pour se situer à son niveau le plus élevé, ou presque, au cours des dernières années. L’indice du taux d’exploitation a augmenté selon un facteur de cinq de 2014 à 2017. Des prélèvements identiques en 2018 maintiendraient la moyenne sur deux ans de l’indice du taux d’exploitation à un niveau historique élevé.
Division 3L (eaux côtières)
- Les débarquements ont chuté de 29 %, passant d’un niveau historique élevé en 2015 à 6 000 t en 2017. L’effort a presque doublé depuis 2013 pour atteindre un niveau historique élevé en 2017.
- Les CPUE globales ont diminué de 56 % depuis 2013 pour atteindre leur niveau le plus bas en 28 ans. D’importants déclins se sont produits à l’échelle de la division au cours des dernières années.
- L’indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au casier d’après-saison a reculé de 73 % depuis 2012, atteignant alors son niveau le plus bas de la série chronologique en 2017. Le changement global de 40 % de 2016 à 2017 reflète des déclins jusqu’à atteindre un minimum de la série chronologique dans toutes les zones de gestion.
- Le recrutement global a continuellement diminué au cours des trois dernières années pour atteindre un minimum de la série chronologique en 2017. Les indices de recrutement dérivés des relevés de Pêches et Océans Canada (MPO) et des relevés collaboratifs au casier d’après-saison dans l’ensemble des zones de gestion atteignaient des minimums sans précédent, ou presque, en 2017. Aucune amélioration importante dans la biomasse disponible pour la pêche ne devrait se produire à court terme.
- L’indice du taux d’exploitation global dérivé du relevé au casier a augmenté à partir de 2013 pour atteindre un maximum de la série chronologique en 2017. Maintenir des prélèvements identiques rehausserait la moyenne sur deux ans de l’indice du taux d’exploitation pour atteindre un niveau exceptionnellement élevé en 2018, et toutes les zones de gestion atteignent des maximums de la série chronologique ou restent près de ces derniers.
- Le scénario d’une biomasse exploitable appauvrie associée à des perspectives de faible recrutement et à des indices du taux d’exploitation élevés indique un potentiel minimal d’amélioration à court terme.
Sous-division 3Ps
- Les débarquements ont diminué pour passer d’un sommet récent de 6 700 t en 2011 à un minimum sans précédent de la série chronologique, soit 1 200 t au cours des deux dernières années. L’effort a décliné de 44 % depuis 2014 pour atteindre son plus bas niveau, ou presque, au cours de deux décennies. Le TAC n’a pas été atteint en huit ans.
- En baisse constante depuis 2009, les CPUE ont atteint un creux historique au cours des deux dernières années, ce qui reflète le déclin précipité dans la majorité des zones de pêche de la sous-division au cours des dernières années.
- L’indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au chalut en cours de saison était à un minimum sans précédent de la série chronologique en 2016, mais a légèrement progressé en 2017. Toutefois, l’indice dérivé du relevé au casier d’après-saison indique des améliorations importantes de la biomasse exploitable à l’échelle des principaux lieux de pêche.
- Le recrutement global dans la biomasse exploitable était au niveau le plus bas jamais observé au cours des dernières années, mais a légèrement augmenté en 2017.
- Les perspectives de recrutement dans la biomasse exploitable en 2018 ont progressé par rapport aux niveaux les plus bas qui ont été connus au cours des dernières années. Les données d’enquête relatives à l’abondance des prérecrues indiquent une amélioration des perspectives pour les prochaines années.
- En 2017, la mortalité totale du crabe exploitable était élevée, mais l’indice du taux d’exploitation a brutalement diminué à un niveau relativement faible. En supposant que la biomasse exploitable reste à son niveau actuel, des prélèvements identiques donneraient lieu à un indice du taux d’exploitation proche de la moyenne à long terme en 2018.
- Les remises à l’eau représentaient la moitié des prises au cours des deux dernières années. Il s’agit d’une situation préoccupante, car le fait de pêcher des crabes petits et de prérecrues lorsque les niveaux de mortalité sont élevés pourrait nuire à la capacité de reproduction ou au rendement du recrutement à venir.
Divisions 4R3Pn
- Les débarquements diminuent continuellement depuis une augmentation récente en 2013. Parallèlement, l’effort est resté à un niveau faible.
- Les CPUE diminuent depuis 2013 pour se situer en dessous de la moyenne à long terme, ce qui reflète les tendances dans toutes les zones de pêche principales.
- L’indice de la biomasse exploitable dérivé du relevé au casier a récemment atteint son sommet en 2012, mais a depuis diminué pour un atteindre un minimum sans précédent de la série chronologique en 2017, reflétant ainsi les tendances dans toutes les zones étudiées.
- Le recrutement dans la biomasse exploitable est très faible depuis ces quatre dernières années. Les données d’enquête de 2017 indiquent qu’aucune amélioration n’est attendue en 2018.
- L’indice général du taux d’exploitation a augmenté depuis 2013, ce qui reflète les tendances dans toutes les zones étudiées. Des prélèvements identiques rehausseraient la moyenne sur deux ans de l’indice du taux d’exploitation pour atteindre un niveau exceptionnellement élevé en 2018, et toutes les zones de gestion surveillées atteignent des maximums sans précédent de la série chronologique.
- Le scénario d’une faible biomasse exploitable et de faibles PUE, associés à une vague approchante de crabes de prérecrues dans la zone de gestion du crabe (ZGC) 12EF, indique qu’une pêche excessive en 2018 pourrait nuire au rendement des années à venir en raison de la mortalité élevée associée des crabes à carapace molle.
Perspectives de l’écosystème
- L’indice de l’habitat thermique du crabe des neiges (défini comme la superficie couverte par de l’eau de fond de température inférieure à 2 °C) est revenu à des conditions quasi moyennes dans toutes les divisions au cours des dernières années.
- Les conditions écosystémiques dans la biorégion de Terre-Neuve-et-Labrador indiquent un état général de faible productivité. La biomasse actuelle totale des mollusques et crustacés et des poissons est à un niveau semblable à celui observé au milieu des années 1990. Toutefois, les mollusques et crustacés constituent une proportion nettement inférieure de cette biomasse.
- La prédation sur le crabe des neiges était élevée au cours des dernières années, et elle était associée à une faible disponibilité des principales espèces fourragères telles que le capelan et la crevette. Toutefois, un déclin prononcé dans la prédation sur le crabe des neiges a été observé en 2017.
Le présent avis scientifique découle de la réunion des 20 et 21 février 2018 sur l’évaluation du crabe des neiges de Terre-Neuve-et-Labrador. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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