Avis scientifique 2018/034
Évaluation du stock de saumon de l’Atlantique de Terre-Neuve et du Labrador – 2017
Sommaire
- En 2017, dix-neuf populations de saumons de l’Atlantique ont été évaluées. Les saumons adultes ont été dénombrés dans quatre rivières du Labrador et 15 rivières de Terre-Neuve. Dans cinq des 15 rivières évaluées à Terre-Neuve, les saumoneaux migrant vers la mer ont aussi été dénombrés.
- En 2017, on a relevé des déclins des montaisons totales dans 15 rivières surveillées; ces déclins étaient supérieurs à 30 % de la moyenne des cinq années précédentes dans 12 de ces 15 rivières. Les données n’étaient pas disponibles pour permettre de comparer les montaisons de 2017 à la moyenne des cinq années précédentes pour quatre rivières.
- Il est très inhabituel d’enregistrer des déclins de cette ampleur sur une vaste zone géographique deux années de suite dans la région de Terre-Neuve-et-Labrador depuis le moratoire sur la pêche commerciale (1992).
- En 2017, l’état de la rivière d’après les montaisons est semblable à celui évalué selon les reproducteurs.
- En 2017, les échappées de géniteurs (œufs) étaient inférieures au point de référence limite de la rivière dans trois des quatre rivières évaluées au Labrador, mais celles de la quatrième rivière étaient supérieures à son point de référence supérieur du stock.
- À Terre-Neuve, les échappées de géniteurs (œufs) étaient inférieures au PRL pour neuf des 15 rivières évaluées (60 %). Parmi les autres rivières de Terre-Neuve évaluées en 2017, les échappées de géniteurs étaient supérieures au PRS dans cinq rivières sur 15 (33 %) et une se trouvait dans la zone de prudence (entre le PRL et le PRS).
- La survie en mer demeure le principal facteur limitant l’abondance du saumon de l’Atlantique dans la région. Les montaisons d’une année sont surtout déterminées par la survie en mer, plus que par les variations de la production de saumoneaux. La variation de la survie en mer d’une année sur l’autre continue de fluctuer; en 2017, la survie était comprise entre 3,7 % et 7,7 % pour les trois rivières surveillées pour lesquelles les estimations de la survie en mer étaient disponibles.
- La récolte des pêches autochtones et de subsistance au Labrador a été déduite des journaux de bord rapportés (56 % ont été rapportés), à 13 600 saumons en 2017 (7 200 petits, 6 400 grands), soit 4 % de moins que la moyenne sur les six années précédentes (2011-2016) de 14 100 saumons (9 000 petits, 5 100 grands).
- L’analyse génétique des saumons de l’Atlantique capturés dans les pêches du Labrador (2006-2016) montre que la majorité des saumons provenaient du Labrador (95-99 %).
- Les estimations des prises de la pêche récréative pour Terre-Neuve-et-Labrador sont extrêmement variables depuis 2005 (la fourchette des prises totales va de 38 900 à 76 100 saumons). Les estimations préliminaires des saumons conservés et remis à l’eau en 2017 étaient d’environ 19 400 et 22 800, respectivement.
- Les stocks de saumon de l’Atlantique qui se trouvent sur la côte sud de Terre-Neuve (ZPS 9-11) demeurent en mauvais état. Les montaisons dans la rivière Conne n’étaient que de 710 poissons en 2017, le résultat le plus bas enregistré dans la série chronologique sur 32 ans, et équivalaient à seulement 32 % du PRL. Les taux de survie en mer restent bas, à moins de 4 % la plupart de ces dernières années. Il existe des preuves d’hybridation entre des juvéniles sauvages et d’élevage dans la baie Fortune et la baie d’Espoir. Les conséquences à long terme sur les populations de saumons sauvages ne sont pas connues avec certitude.
- L’indice climatique composite régional de diverses mesures des conditions météorologiques, de la glace de mer, de la température océanique et de la salinité a révélé une tendance au réchauffement depuis le milieu des années 1990 qui a culminé en 2010, avant de redescendre à des conditions généralement inférieures à la moyenne au cours des quatre dernières années. De telles conditions climatiques et océaniques à vaste échelle sont associées aux indices de la production primaire et secondaire dans le nord-ouest de la région de l’Atlantique. La réduction importante de la biomasse du zooplancton observée depuis 2015 indique un possible transfert d’énergie réduit aux niveaux trophiques supérieurs, y compris le saumon de l’Atlantique.
- La disparition de la glace de mer dans les régions côtières le long des côtes Est et Nord-Est de Terre-Neuve a été retardée en 2017, parfois de 45 jours dans certaines zones, ce qui a entraîné un retard considérable (jusqu’à 50 jours) du réchauffement printanier (jusqu’à 3 °C) des eaux côtières.
- On ne connaît pas les conséquences de ces conditions environnementales sur les montaisons totales de saumons en 2017, sur les taux de survie des saumoneaux migrant en 2017, ni sur les montaisons des adultes en 2018.
- On a enregistré des déclins importants et imprévus des montaisons de saumons de l’Atlantique en 2016 et 2017. Il n’est pas possible de prédire avec exactitude les montaisons en 2018. D’après l’expérience de 2017, une évaluation en cours de saison des montaisons jusqu’alors, accompagnée de projections de l’abondance à la fin de l’année, a donné des prévisions exactes des montaisons de 2017. Une approche semblable pourrait être envisagée pour 2018.
Le présent avis scientifique découle de la réunion régionale d’examen par les pairs de l’évaluation du saumon de l’Atlantique à Terre-Neuve-et-Labrador qui s’est tenue du 28 février au 1 mars 2018. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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