Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs
Préparé par
Salim Hayder, Ph. D.
Publié sous la direction de
Debra Beauchamp
Pêches et Océans Canada, Politiques et économie
501, croissant University, Winnipeg (Manitoba) R3T 2N6
Table des matières
- Sommaire
- Introduction
- Chapitre 1 : Aperçu de la zone d'étude
- Chapitre 2 : Analyse documentaire
- Chapitre 3 : Méthodologie adoptée
- Chapitre 4 : Valeurs de référence des activités dans la région des Grands Lacs
- Utilisation de l'eau
- Utilisation de l'eau brute
- Eau à usage industriel
- Eau à usage agricole
- Pêche commerciale
- Pêche récréative
- Chasse récréative
- Navigation de plaisance
- Utilisation des plages et des rives des lacs
- Observation de la faune
- Navigation commerciale
- Pétrole et gaz
- Écoservices
- Valeur d'option
- Valeur de non-usage
- Contribution économique totale
- Limites et lacunes de l'étude
- Chapitre 5 : Les valeurs sociales et culturelles des Grands Lacs
- Chapitre 6 : Scénario fondé sur l'évaluation du risque biologique
- Chapitre 7 : Analyse des incidences socio-économiques
- Chapitre 8 : Conclusion
- Bibliographie
- Matrice 1 : Diagramme de l'évaluation de la valeur économique totale
- Définitions
- Matrice 2 : Les Grands Lacs – diagramme de l'établissement de la valeur économique totale
- Matrice 3 : Résumé des études empiriques utilisées aux fins de l'évaluation des activités économiques dans le bassin des Grands Lacs
- Annexe 1 : Sélection d'indicateurs socio-économiques de l'Ontario
- Annexe 2 : Population autochtone de l'Ontario et du Canada par sexe, groupes d'âge et âge médian
- Annexe 3 : Consommation d'eau estimée et valeur par secteur, lac et province pour l'année 2008
- Annexe 4 : Débarquements et valeur au débarquement de la pêche commerciale dans les Grands Lacs en 2011, par espèce et par lac
- Annexe 5 : Nombre de poissons pêchés à la ligne dans les Grands Lacs en 2005, par espèce et par lac
- Annexe 6 : Carte des points chauds – pêche commerciale et récréative dans 20 ans et dans 50 ans
Chapitre 6 : Scénario fondé sur l'évaluation du risque biologique
Par le passé, les EAE ont causé des dommages graves aux écosystèmes des Grands Lacs. Il est cependant difficile de mesurer avec exactitude les populations et de calculer leurs impacts avec un degré de certitude élevé (Jude et al. 2004). Certains facteurs critiques permettent de déterminer l'ampleur des menaces que pose une EAE, tels que le taux de reproduction de l'espèce, sa capacité de concurrencer les autres espèces et la biomasse qu'elle consomme. L'arrivée de la carpe asiatique ne représente pas en elle-même une menace écologique majeure, car l'espèce doit pouvoir établir une population autonome. Si la carpe asiatique établit une population saine, elle est alors susceptible de provoquer des dommages à la faune et à la flore indigènes en raison de sa grande taille et de sa capacité à consommer des quantités considérables d'espèces indigènes (Lieberman 1996).
Pour les EAE déjà établies, on pourrait obtenir des estimations des dommages causés, idéalement à partir d'analyses empiriques de certaines variables essentielles avant et après l'invasion, en neutralisant tous les autres facteurs qui pourraient avoir une incidence simultanée sur ces variables (Hoagland et Jin 2006). Pour une espèce envahissante qui, comme la carpe asiatique, n'a pas encore été introduite dans le bassin des Grands Lacs, une analyse de ce type n'est pas envisageable. Il est donc nécessaire de trouver une autre méthode à la place de la quantification de l'impact économique potentiel.
Les écologues s'efforcent de repérer les changements concrets que les EAE provoquent dans les écosystèmes. En supposant que seules les mesures de gestion actuelles sont en en place, et toutes choses étant égales par ailleurs, le CEARA, MPO, a évalué la probabilité d'arrivée, de survie, d'établissement et de propagation des carpes à grosse tête (carpes argentées et à grosse tête) dans le bassin des Grands Lacs et l'importance des incidences écologiques sur une échelle qualitative, avec les degrés de certitude correspondants, pour des périodes de 20 et de 50 ans.Footnote 85
Comme Mandrak, Cudmore et Chapman (2011), l'évaluation binationale (MPO 2012) a divisé le processus de l'évaluation des risques en trois étapes.Footnote 86
Premièrement, les auteurs ont estimé la probabilité globale d'introduction de la carpe asiatique (à partir d'estimations des probabilités d'arrivée, de survie, d'établissement et de propagation) comme suit :
Probabilité d'introduction = Min. [Max. (Arrivée, Propagation), Survie, Établissement].
Selon cette formule, la probabilité globale d'introduction a été déterminée de manière séquentielle : les auteurs ont d'abord déterminé la cote la plus élevée entre l'arrivée et la propagation, puis l'ont intégrée aux cotes de la survie et de l'établissement et, enfin, ont choisi la plus faible de ces trois cotes.
Dans un deuxième temps, l'étude a permis de déterminer l'ampleur des répercussions écologiques de l'établissement d'une population de carpes asiatiques.
Enfin, les auteurs ont combiné les résultats obtenus à la première étape et l'ampleur des répercussions écologiques dans une matrice de risques afin de proposer un risque global. Pour chaque lac, ils ont réalisé les évaluations après 20 ans et après 50 ans.
Voici les principales constatations de l'évaluation des risques écologiques posés par les carpes à grosse tête ayant trait à la présente étude d'évaluation des répercussions socio-économiques liées à la présence de la carpe asiatique :
- Une fois que les carpes auraient atteint le bassin, très probablement par le système de voies navigables de la région de Chicago (CAWS) qui est relié au lac Michigan, les probabilités globales d'introduction sur une période de 20 ans seraient très élevées pour les lacs Michigan et Érié; élevées pour le lac Ontario et modérées pour le lac Supérieur (avec une certitude modérée).
- Les carpes à grosse tête survivraient et s'établiraient en raison de la présence de nourriture, de niches thermiques et d'habitats de frai convenables dans le bassin des Grands Lacs (particulièrement dans le lac Érié et le lac Sainte-Claire) et de la haute productivité des échancrures (indentations de la rive dont les dimensions se situent entre celles d'une anse et celles d'un golfe) des lacs Supérieur, Michigan, Huron et Ontario.
- On s'attend à ce qu'une population établie de carpes à grosse tête ait certaines répercussions, notamment des changements dans les communautés planctoniques, la réduction de la biomasse planctonivore (animaux s'alimentant surtout de plancton), la réduction du recrutement de poissons aux premiers stades de vie pélagique, et la diminution des stocks d'espèces piscivores (espèces qui consomment des poissons).
- On prévoit un certain délai avant que les répercussions de l'établissement d'une population de carpes à grosse tête soient visibles dans les Grands Lacs.Footnote 87 Après 20 ans, les auteurs ont qualifié l'ampleur des répercussions écologiques de « modérée » pour tous les lacs, à l'exception du lac Supérieur, qui a obtenu la cote « faible ». Après 50 ans, ils ont qualifié l'ampleur des répercussions écologiques de « élevée » pour tous les lacs, à l'exception du lac Supérieur, qui a obtenu la cote « modérée ». Toutes les cotes des répercussions écologiques de l'ensemble des lacs, pour les deux périodes, correspondaient à une certitude modérée. Selon ces cotes il est prévu que les répercussions attendues s'amplifient à mesure que l'invasion progresse et que la population augmente au fil du temps.
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