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Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs

Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs

Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs (PDF, 662 KB)

Préparé par
Salim Hayder, Ph. D.

Publié sous la direction de
Debra Beauchamp

Pêches et Océans Canada, Politiques et économie
501, croissant University, Winnipeg (Manitoba) R3T 2N6

Table des matières

Chapitre 7 : Analyse des incidences socio-économiques

Dans la présente étude, on a pris en considération les incidences socio-économiques qui découlent directement des impacts écologiques de l'introduction de la carpe asiatique. Ces incidences socio-économiques sont liées à l'évaluation des risques écologiques (MPO 2012) et servent de base à l'analyse socio-économique.

L'évaluation (MPO 2012) a fourni le scénario pour l'analyse des incidences socio-économiques, aussi bien pour les estimations des impacts que pour la comparaison des valeurs obtenues aux valeurs de référence. Afin d'estimer les incidences socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans les Grands Lacs, l'étude s'est grandement appuyée sur la probabilité globale d'introduction et l'échelle des répercussions mise au point dans l'évaluation des risques écologiques.

Pour préparer le scénario de l'évaluation d'impacts, les auteurs se sont inspirés de l'évaluation binationale (MPO 2012) et a présumé qu'en l'absence de mesures de prévention et de protection supplémentaires, la carpe asiatique arrivera, établira ses populations, survivra et se propagera en raison de la présence de nourriture, d'une niche thermique et d'un habitat de frai convenables, ainsi que de la présence d'échancrures très productives dans le bassin des Grands Lacs.

Comme il a été mentionné au chapitre 3, en plus des résultats tirés de l'évaluation binationale (MPO 2012), les auteurs ont eu recours à l'avis scientifique d'un groupe de scientifiques ayant participé à l'évaluation binationale afin de donner une assise solide à l'analyse des incidences socio-économiques. Les auteurs se sont surtout penchés sur : i) les activités et les secteurs qui pourraient être touchés; ii) la tendance des impacts sur des périodes de 20 et de 50 ans; iii) les manières autorisées d'utiliser l'échelle quantitative des probabilités globales dans les analyses des répercussions.

D'après les résultats rapportés par l'évaluation binationale (MPO 2012) et par Cudmore, Mandrak, Dettmers, Chapman et Kolar (2012), et après en avoir discuté avec les scientifiques, l'auteur de l'étude a conclu que, parmi les activités prises en compte dans le calcul des valeurs de référence du bassin des Grands Lacs, la carpe asiatique provoquerait des dommages modérés à élevés aux activités et secteurs de la pêche commerciale, de la pêche récréative, de la navigation de plaisance et de l'utilisation des plages et des rives pour la période d'étude. La carpe asiatique aurait des répercussions négligeables ou nulles sur les secteurs et les activités de l'utilisation de l'eau, de la chasse récréative, de la navigation commerciale et de l'extraction de gaz naturel et de pétrole. Par ailleurs, les auteurs ont également constaté que l'ampleur des dommages est propre à chaque lac et est directement liée aux dommages écologiques ainsi qu'aux activités qui dépendent des lacs.

La prochaine section du présent chapitre analyse dans le détail l'ampleur des dommages causés par la carpe asiatique dans les Grands Lacs et les principales activités touchées.

Pêche commerciale

Afin d'évaluer l'impact sur la pêche commerciale et les activités connexes, il a fallu appliquer les conséquences écologiques prévues aux espèces indigènes pêchées dans le cadre de la pêche commerciale des Grands Lacs. Cudmore et al. (2012) ont signalé que la carpe asiatique était en mesure de provoquer des changements considérables dans la composition des communautés planctoniques (la base du réseau trophique des Grands Lacs) et phytoplanctoniques, ce qui entraînerait des répercussions graves pour l'écosystème aquatique. Les effets écologiques nocifs liés à la présence de la carpe asiatique sont bien répertoriés dans la littérature scientifique pertinente. Ces effets se caractérisent par un déclin : i) des espèces de poissons planctonivores (s'alimentant essentiellement de plancton); ii) de la diversité des poissons; iii) des populations de plusieurs espèces aux premiers stades de vie pélagique. Cudmore et al. (2012) concluent que si la carpe asiatique s'établissait dans les Grands Lacs avec des populations importantes, on assisterait à des impacts semblables à ceux déjà constatés ailleurs dans le monde.

Cudmore et al. (2012) ont constaté que le régime de la carpe asiatique (qui consomme de 5 % à 20 % de son poids corporel moyen – 30 à 40 lb –, par jourFootnote 88) et celui des espèces de poissons indigènes se recouvrent. La compétition pour les ressources alimentaires aurait pour conséquences : i) une réduction des populations de poisson fourrage, de poisson-appât et de proies planctonivores des rives (p. ex., le cisco, le cisco de fumage, l'éperlan arc-en-ciel) et de poissons adultes piscivores (espèces de poissons qui consomment des poissons comme le touladi), une diminution des taux de croissance et du recrutement dans le lac Supérieur; ii) une réduction des populations de poisson fourrage, de poisson-appât et de proies planctonivores des rives (p. ex., le gaspareau, le cisco, le cisco de fumage, l'éperlan arc-en-ciel et la perchaude) et de poissons adultes piscivores (le saumon quinnat, le touladi, le doré jaune, le grand brochet), une diminution des taux de croissance et du recrutement dans le lac Huron; iii) une réduction des populations de poisson fourrage, de poisson-appât et de proies planctonivores (p. ex., le méné émeraude, l'alose noyer, l'éperlan arc-en-ciel, le baret), des poissons aux premiers stades de vie pélagique et des poissons adultes piscivores (p. ex., le touladi, la truite arc-en-ciel, le doré jaune, la perchaude), une diminution des taux de croissance et du recrutement dans le lacs Érié et Sainte-Claire; iv) en fonction de la biomasse de dreissenidés (une famille de petites moules d'eau douce), une réduction de la biomasse des gaspareaux pouvant aller jusqu'à 90 %, ce qui pourrait avoir un impact sur les populations de salmonidés du lac Ontario. Les auteurs ont aussi constaté que les habitudes alimentaires de la carpe asiatique sont très souples. Elle est capable de changer de comportement alimentaire en fonction de la nourriture disponible sans que cela ait d'incidence sur leur taux de survie.

D'après les résultats que rapportent l'évaluation binationale (MPO 2012) ainsi que Cudmore et al. (2012), la présence de la carpe asiatique dans les Grands Lacs pourrait avoir des incidences négatives sur la pêche commerciale et les activités connexes :

Diagramme 1 : Impact sur la pêche commerciale de la présence de la carpe asiatique

Description

Le diagramme 1 s’intitule Impact sur la pêche commerciale de la présence de la carpe asiatique. L’élément situé au centre de la ligne supérieure est carpe asiatique. Il a deux impacts directs : à gauche, Augmentation des coûts d’exploitation (p. ex., des besoins de nettoyage accrus, réparation de filets) et à droite Augmentation de la compétition pour les ressources alimentaires. L’augmentation des coûts d’exploitation a un impact direct : Baisse du bénéfice, qui à son tour entraîne une Baisse des revenus des pêcheurs (relation bidirectionnelle) et une Baisse des débarquements d’espèces de poissons indigènes. L’augmentation de la compétition pour les ressources alimentaires a deux impacts directs : une Réduction du plancton et du zooplancton et une Réduction des espèces de proies. Ces deux effets contribuent à une Diminution de la disponibilité de la nourriture, qui entraîne à son tour une Réduction des espèces de poissons indigènes visées par la pêche commerciale. Cette dernière se traduit elle aussi par une Baisse des débarquements d’espèces de poissons indigènes. La Baisse des débarquements d’espèces de poissons indigènes a cinq impacts directs : 1) une baisse des revenus des pêcheurs ; 2) une réduction du secteur de la transformation du poisson ; 3) une baisse des exportations de poisson et une augmentation des importations de poisson ; 4) une diminution de la production de biens complémentaires ; 5) une augmentation de la production de biens de substitution.

La présence d'une population de carpes asiatiques aurait probablement un impact négatif sur l'industrie de la pêche commerciale, autant sur l'offre que sur la demande du marché.

Comme le montre le diagramme, la présence de la carpe asiatique se traduirait par une augmentation des coûts et une diminution des revenus des pêcheurs commerciaux. Les coûts d'exploitation de l'industrie de la pêche commerciale augmenteraient également (besoin de changer de lieux de pêche, réparations fréquentes des filets), ce qui entraînerait à son tour une réduction des activités de pêche et des bénéfices des pêcheurs. Un autre impact attendu de la présence de la carpe asiatique sur la pêche commerciale concerne la diminution des revenus de la pêche. La raison est que la présence de la carpe asiatique renforcerait la compétition pour les ressources alimentaires avec les jeunes et les adultes des espèces indigènes. La carpe asiatique réduirait les niveaux de plancton, de zooplancton et d'espèces de proies dont s'alimentent les espèces pêchées dans le cadre de la pêche commerciale. L'impact sur les espèces de proies résulterait de la consommation directe de ces espèces par la carpe asiatique ainsi que de la diminution des ressources alimentaires dont disposent ces espèces. Cette diminution des ressources alimentaires aurait des répercussions négatives sur les populations de poissons visés par la pêche commerciale, ce qui se traduirait à son tour par une réduction des prises de ces poissons et une diminution des revenus et des activités des pêcheurs. La diminution du revenu réduirait à son tour les bénéfices bruts, en créant un cercle vicieux d'impacts. Pour ce qui est de la demande, cela aurait également des impacts négatifs sur le secteur, en raison de la diminution de la qualité des espèces de poissons indigènes, comme en témoignerait la taille plus petite des poissons visés par la pêche commerciale.

Selon une analyse des données de la récolte de 2011, on a pêché dans les Grands Lacs cette année-là, 12 141 tonnes de poissons, dont la valeur totale au débarquement se chiffrait à 33,6 M$ (voir annexe 4). La pêche dans le lac Érié a constitué 81,5 % (9 894 tonnes) de la récolte totale. Elle a été suivie par celle dans le lac Huron, 13,9 % (1 691 tonnes); et les pêches dans les lacs Supérieur et OntarioFootnote 89, 2,9 % (354 tonnes) et 1,7 % (203 tonnes) respectivement. Les principales espèces pêchées sont la perchaude (34,5 %), l'éperlan arc-en-ciel (22,1 %), le doré jaune (17,3 %), le corégone (13,6 %) et le bar blanc (6,8 %).

Dans le cadre de la présente étude, il a été estimé qu'en 2018, la valeur marchande actualisée des prises totales des lacs Érié, Huron, Ontario et Supérieur sur une période de 20 ans (de 2018 à 2038) atteindrait 4,8 milliards de dollars (valeur estimée à partir de la valeur marchande en dollars constants). De ce total, le lac Érié comptera pour 82,7 % (3,9 G$), suivi des lacs Huron, Supérieur et Ontario qui compteront respectivement pour 14,2 % (0,7 G$), 1,7 % (82,4 M$) et 1,4 % (65 M$).

La présente étude a permis d'estimer qu'en 2018, la valeur marchande actualisée des prises totales des lacs Érié, Huron, Ontario et Supérieur sur une période de 50 ans (de 2018 à 2068) atteindra 10,3 G$, estimés à partir de la valeur marchande en dollars constants. De ce total, le lac Érié comptera pour 8,6 G$, suivi des lacs Huron, Supérieur et Ontario qui compteront respectivement pour 1,5 G$, 0,2 G$ et 0,1 G$.

Concernant les espèces de poissons indigènes pêchées dans le cadre de la pêche commerciale, et d'après les observations des taux de migration actuels de la carpe asiatique, celle-ci sera en concurrence directe avec la perchaude et le bar blanc, et à un degré moindre avec le corégone, en raison de l'absence de nourriture benthique, comme le zooplancton. Le doré jaune, dont le taux de reproduction est faible et variable, sera touché indirectement par des changements à la chaîne alimentaire. Pour les espèces d'une valeur commerciale moins importante (telles que le meunier noir, l'éperlan arc-en-ciel et le grand brochet), la présence de la carpe asiatique aurait des effets négatifs causés par la compétition pour la nourriture et entraînerait un déclin de leurs populations. La dégradation de la qualité de l'eau causée par la carpe asiatique aurait également des répercussions négatives sur les populations d'espèces de poissons indigènes.

Afin d'estimer l'impact de l'arrivée de la carpe asiatique dans les Grands Lacs, les auteurs ont appliqué les analyses des conséquences écologiques rapportées par l'évaluation binationale (MPO 2012) aux débarquements et aux valeurs marchandes pour les périodes prises en compte; ils sont partis du principe que l'impact écologique se répercuterait de manière semblable sur les populations des espèces et les débarquements. En outre, il est supposé qu'aucune mesure supplémentaire pour lutter contre la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs ne sera prise. En se fondant sur tout ce qui précède, l'étude prévoit que les impacts sur l'industrie de la pêche commerciale dans les lacs Érié, Huron et Ontario, qui représente 98,6 % (4,7 milliards de dollars) de la valeur actualisée nette totale (4,8 milliards de dollars), seront modérés, avec un degré d'incertitude modéré à élevé, après 20 ans, à compter de 2018.Footnote 90 Uniquement dans le lac Supérieur, où la valeur de la pêche commerciale représente 1,4 % (65 M$), les auteurs prévoient un impact faible, avec un degré d'incertitude modéré à élevé.

Description

Le tableau 8 s’intitule Valeurs actualisées estimées (k$) de la valeur marchande de la pêche commerciale dans 20 ans et dans 50 ans par lac. Il est tiré des calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique. Il comporte six colonnes : Variables, Supérieur, Huron, Érié, Ontario et Total. Les deux lignes dans la colonne Variables sont les suivantes : - Ligne 1 : 20 ans, avec 64 998 pour Supérieur, 672 238 pour Huron, 3 929 996 pour Érié, 82 443 pour Ontario et 4 749 676 pour Total. - Ligne 2 : 50 ans, avec 141 544 pour Supérieur, 1 463 917 pour Huron, 8 558 253 pour Érié, 179 535 pour Ontario et 10 343 248 pour Total.

Tableau 8 : Valeurs actualisées estimées (k$) de la valeur marchande de la pêche commerciale dans 20 ans et dans 50 ans par lac
Variables Supérieur Huron Érié Ontario Total
20 ans 64 998 672 238 3 929 996 82 443 4 749 676
50 ans 141 544 1 463 917 8 558 253 179 535 10 343 248

Source : Calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique.

Le tableau 8 montre que, pour la période de 50 ans prenant fin en 2068, les impacts sur l'industrie de la pêche commerciale des lacs Érié, Huron et Ontario (qui représentent 98,6 %, soit 10,2 milliards de dollars, de la valeur actualisée nette totale de 10,3 milliards de dollars) seront élevés, avec un degré d'incertitude modéré à élevé. Uniquement dans le lac Supérieur, où la valeur de la pêche commerciale représente 1,4 % (142 M$), les auteurs prévoient un impact faible, avec un degré d'incertitude modéré à élevé.

L'ampleur de l'impact sur la pêche commerciale par lac dépend aussi de la taille et de la profondeur du lac. Par exemple, 30 % de la population de corégone fraye dans les eaux du lac Érié. Étant donné qu'il est le moins profond de tous les Grands Lacs, l'impact sur les espèces de poissons indigènes devrait être plus élevé dans les eaux du lac Érié en raison de possibilités d'interaction plus importantes entre la carpe asiatique et les espèces de poissons indigènes.Footnote 91 Par ailleurs, les populations de certaines espèces (p. ex., le corégone) ont déjà commencé à décliner sous l'effet d'autres influences nocives, comme la moule zébrée. Un déclin plus prononcé, exacerbé par la carpe asiatique, compromettrait la viabilité des activités de pêche commerciale et annoncerait la fin de l'industrie de la pêche commerciale du lac Érié (d'où provenaient 81,5 % des prises des Grands Lacs en 2011) et, par la suite, de l'industrie de l'ensemble des Grands Lacs.

À mesure que les espèces de poissons pêchées dans le cadre de la pêche commerciale subissent l'impact causé par la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs, les auteurs prévoient que tous les secteurs liés à la pêche commerciale, sous l'effet d'entraînement en amont et en aval (p. ex., secteurs de la transformation des aliments et de l'exportation), subiront un impact proportionnel. Par exemple, les répercussions négatives sur les espèces d'eau douce pêchées nuiraient au secteur de la transformation du poisson d'eau douce (à la valeur marchande), provoqueraient une réduction des exportations internationales (et une augmentation des importations) de poissons et de produits du poisson d'eau douce, exerceraient une pression accrue sur les espèces de poissons d'eau douce exploitées ailleurs au Canada et, dans une certaine mesure, porteraient atteinte à l'environnement concurrentiel du secteur alimentaire dans l'économie régionale et nationale.

En ce qui concerne les exploitations, en 2011, les principales espèces d'eau douce destinées à l'exportation internationale au Canada étaient la perchaude, le corégone, le doré jaune, la truite, le brochet et l'éperlan; ces espèces représentaient 75,7 % de toutes les exportations de poissons d'eau douce.Footnote 92 En 2011, les exportations de produits de poisson d'eau douce de l'Ontario s'élevaient à 14 682 tonnes pour une valeur totale de 89 M$.Footnote 93 Les exportations d'espèces d'eau douce des Grands Lacs (en particulier, le corégone, le doré jaune, le mulet et le brochet) font face à la concurrence de la pêche ailleurs au Canada et dans le monde, et des produits connexes.

L'impact de carpe asiatique dans les Grands Lacs pourrait entraîner une redistribution de la production et de l'emploi, ce qui pourrait nuire à l'environnement concurrentiel. La raison est l'existence de produits complémentaires ou de substitution en mesure de remplacer les espèces d'eau douce des Grands Lacs comme source de protéines dans les restaurants et les supermarchés. Par exemple, lorsque l'industrie de la pêche commerciale subit des impacts qui se répercutent sur la qualité et le prix, les consommateurs ont toujours la possibilité de négliger les produits de poissons d'eau douce au profit d'autres produits de substitution vendus à des prix plus avantageux (p. ex., les poissons de mer, le poulet et le bœuf). Une demande de produits de substitution plus élevée se traduira par une augmentation des niveaux de production et d'emploi ainsi que de la valeur ajoutée du secteur de substitution et par une diminution concomitante de tous ces niveaux dans le secteur de la pêche commerciale.

La carpe asiatique pourrait ainsi contribuer à créer de nouvelles possibilités, ce qui pourrait contrebalancer partiellement les pertes dues au déclin des populations des espèces de poissons visées par la pêche commerciale. Pour le moment, la valeur commerciale de la carpe asiatique reste faible et bien inférieure à la valeur des poissons indigènes qu'elle remplacerait.Footnote 94

Il est prévu que les impacts mentionnés ci-dessus soient pour l'essentiel proportionnels aux conséquences écologiques rapportées par l'évaluation binationale (MPO 2012) et Cudmore et al. (2012). Il faut toutefois souligner que, compte tenu de la taille immense des Grands Lacs et de la complexité de ses écosystèmes et des réseaux trophiques, il n'est pas aisé de prévoir l'ampleur des impacts de la carpe asiatique, ainsi que le laps de temps pour que se manifestent les effets sur l'abondance des poissons d'espèces indigènes.Footnote 95 Par exemple, si les taux d'arrivée et de migrations actuels sont différents de ceux prévus par l'évaluation binationale (MPO 2012) et Cudmore et al. (2012), l'amplitude des impacts et le laps de temps pour qu'ils se fassent sentir seront substantiellement différents.

Pêche récréative

Afin d'estimer l'impact de la carpe asiatique sur la pêche récréative dans le bassin des Grands Lacs, il a fallu déterminer la réduction du nombre de jours de pêche à la ligne causée par la dégradation de la qualité de ces jours de pêche. D'après les résultats que rapportent l'évaluation binationale (MPO 2012) et Cudmore et al. (2012), la présence de la carpe asiatique dans les Grands Lacs pourrait avoir des incidences négatives sur les activités de la pêche récréative.

Diagramme 2 : Impact sur la pêche récréative de la présence de la carpe asiatique

Description

Le diagramme 2 s’intitule Impact sur la pêche récréative de la présence de la carpe asiatique. L’élément situé au centre de la ligne supérieure est carpe asiatique. Il a un impact direct, juste en dessous : Augmentation de la compétition pour les ressources alimentaires. Celui-ci a deux impacts à son tour : Réduction du plancton et du zooplancton et Réduction des espèces de proies, qui ont tous deux pour effet une Diminution de la disponibilité de la nourriture, qui entraîne à son tour une Réduction des espèces de poissons indigènes. Cette dernière se traduit par une Baisse du taux de prise d’espèces de poissons indigènes, qui engendre une Diminution de la demande d’excursions de pêche et donc une Diminution des jours de pêche à la ligne. La Diminution des jours de pêche à la ligne a trois effets : une Baisse du surplus du consommateur, une Baisse des dépenses et investissements liés à la pêche récréative et une Hausse des activités de substitution. La Baisse des dépenses et investissements liés à la pêche récréative entraîne une Diminution de la production de biens complémentaires. La Hausse des activités de substitution se traduit par une Hausse du secteur de production de biens de substitution.

Comme le montre le diagramme, si les taux de prises diminuaient à la suite d'un déclin des populations de poissons, la demande à l'égard des excursions de pêche se réduirait probablement de manière proportionnelle, ce qui aurait pour effet une réduction des jours de pêche et donc des activités de pêche récréative dans les Grands Lacs, que l'on pourrait mesurer par la chute des dépenses liées à la pêche récréative et du surplus du consommateur.

Dans les Grands Lacs, ceux qui pratiquent la pêche à la ligne sont : i) les résidents canadiens de l'Ontario; ii) les Canadiens qui ne résident pas en Ontario; iii) les pêcheurs étrangers qui visitent le Canada. En 2005, des 4,8 millions de jours de pêche à la ligne dans le bassin des Grands Lacs, 4,2 millions de jours ont été attribués aux résidents, et 23 412 jours, aux Canadiens non résidents (MPO 2008). Les pêcheurs étrangers comptaient pour le 11,5 % restant (554 000 jours).Footnote 96

Description

Le tableau 9 s’intitule Total des principaux achats et investissements, et des dépenses directes (M$) par type de pêcheur à la ligne et par lac, 2005. Il est tiré du MPO (2008). Il comporte huit colonnes : Variables, Lac Ontario, Lac Érié, Lac Sainte-Claire, Lac Huron, Lac Supérieur, Fleuve Saint-Laurent et Réseau des Grands Lacs. Les variables sont réparties en deux sections : Principaux achats et investissements, subdivisée en trois lignes, et Dépenses directes, qui comprend aussi trois lignes. La dernière section s’intitule Montant total. Les lignes de la première section (Principaux achats et investissements) sont les suivantes : - Ligne 1, Principaux achats et investissements, avec 47,97 pour Lac Ontario, 50,76 pour Lac Érié, 14,17 pour Lac Sainte-Claire, 69,19 pour Lac Huron, 10,29 pour Lac Supérieur, 36,01 pour Fleuve Saint-Laurent et 228 394 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 2 : Pêcheur résident, avec 47 430 pour Lac Ontario, 45 924 pour Lac Érié, 14 125 pour Lac Sainte-Claire, 62 093 pour Lac Huron, 7 521 pour Lac Supérieur, 35 752 pour Fleuve Saint-Laurent et 212 846 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 3 : Pêcheur non résident, avec 123 pour Lac Ontario, rien pour Lac Érié, 20 pour Lac Sainte-Claire, 2 pour Lac Huron, rien pour Lac Supérieur, 2 pour Fleuve Saint-Laurent et 147 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 4 : Pêcheur étranger, avec 417 pour Lac Ontario, 4 840 pour Lac Érié, 25 pour Lac Sainte-Claire, 7 095 pour Lac Huron, 2 772 pour Lac Supérieur, 252 pour Fleuve Saint-Laurent et 15 401 pour Réseau des Grands Lacs. Les lignes de la deuxième section (Dépenses directes) sont les suivantes : - Ligne 5 : Dépenses directes, avec 44,93 pour Lac Ontario, 33,37 pour Lac Érié, 13,91 pour Lac Sainte-Claire, 92,13 pour Lac Huron, 17,06 pour Lac Supérieur, 13,21 pour Fleuve Saint-Laurent et 241 607 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 6 : Pêcheur résident, avec 39 226 pour Lac Ontario, 29 368 pour Lac Érié, 8 157 pour Lac Sainte-Claire, 69 685 pour Lac Huron, 9 108 pour Lac Supérieur, 7 707 pour Fleuve Saint-Laurent et 163 251 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 7 : Pêcheur non résident, avec 1 396 pour Lac Ontario, 2 pour Lac Érié, 1 pour Lac Sainte-Claire, 357 pour Lac Huron, 42 pour Lac Supérieur, 276 pour Fleuve Saint-Laurent 2 075 pour Réseau des Grands Lacs. - Ligne 8 : Pêcheur étranger, avec 4 305 pour Lac Ontario, 4 001 pour Lac Érié, 5 751 pour Lac Sainte-Claire, 22 087 pour Lac Huron, 7 912 pour Lac Supérieur, 6 225 pour Fleuve Saint-Laurent et 49 281 pour Réseau des Grands Lacs. La dernière section est le Montant total, avec 93 pour Lac Ontario, 84 pour Lac Érié, 28 pour Lac Sainte-Claire, 161 pour Lac Huron, 27 pour Lac Supérieur, 49 pour Fleuve Saint-Laurent et 443 000 pour Réseau des Grands Lacs.

Tableau 9 : Total des principaux achats et investissements, et des dépenses directes (M$) par type de pêcheur à la ligne et par lac, 2005
Variables Lac Ontario Lac Érié Lac Sainte-Claire Lac Huron Lac Supérieur Fleuve Saint-Laurent Réseau des Grands Lacs
Principaux achats et investissements 47,97 50,76 14,17 69,19 10,29 36,01 228 394
  Pêcheur résident 47 430 45 924 14 125 62 093 7 521 35 752 212 846
  Pêcheur non résident 123 20 2 2 147
  Pêcheur étranger 417 4 840 25 7 095 2 772 252 15 401
Dépenses directes 44,93 33,37 13,91 92,13 17,06 13,21 241 607
  Pêcheur résident 39 226 29 368 8 157 69 685 9 108 7 707 163 251
  Pêcheur non résident 1 396 2 1 357 42 276 2 075
  Pêcheur étranger 4 305 4 001 5 751 22 087 7 912 5 225 49 281
Montant total 93 84 28 161 27 49 443 000

Source : MPO (2008)

Sur le plan de l'économie canadienne, si la pêche récréative dans les Grands Lacs subit des impacts, il y aura des répercussions sur les dépenses et le surplus du consommateur des pêcheurs canadiens, résidents et non résidents, ainsi que sur les dépenses étrangères liées à la pêche récréative dans les Grands Lacs. Comme il a été mentionné, le surplus des consommateurs non résidents (étrangers), au contraire des dépenses, ne rapporte aucun bénéfice au Canada. Ces dépenses s'évanouiraient si ces visiteurs décidaient de dépenser leur argent dans leur pays plutôt que dans la partie canadienne de la région des Grands Lacs.Footnote 97

L'estimation réalisée dans le cadre de cette étude, a indiqué qu'en 2018, en se fondant sur les valeurs en dollars constants pour la période subséquente de 20 ans, la valeur totale actualisée des dépenses liées à la pêche récréative et du surplus du consommateur (des Canadiens uniquement) dans les lacs Érié, Huron, Ontario, Supérieur et Sainte-Claire ainsi que dans le fleuve Saint-Laurent s'élèverait à 11,8 milliards de dollars (voir tableau 10). De ce total, 4,4 milliards de dollars seront attribuables à la pêche récréative dans le lac Huron (37 %), suivie de la pêche récréative dans le lac Érié (y compris le lac Sainte-Claire) avec 3 milliards de dollars (25 %); le lac Ontario avec 2,5 milliards de dollars (21 %), le fleuve Saint-Laurent avec 1,3 milliard (10,7 %) et le lac Supérieur avec 0,7 milliard de dollars (6 %).

Description

Le tableau 10 s’intitule Valeurs actualisées estimées (millions $) des dépenses liées à la pêche récréative et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans, par lac. Il est tiré des calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique. Il comporte sept colonnes : Variables, Supérieur, Érié et Sainte-Claire, Ontario, Saint-Laurent et Total. Les variables sont réparties en deux sections : 20 ans et 50 ans, qui comprennent toutes les deux trois lignes. Les lignes de la première section (20 ans) sont les suivantes : - Ligne 1 : 20 ans, avec 702 pour Supérieur, 4 345 pour Huron, 2 949 pour Érié et Sainte-Claire, 2 493 pour Ontario, 1 262 pour Saint-Laurent et 11 751 pour Total. - Ligne 2 : Surplus du consommateur intérieur, avec 57 pour Supérieur, 543 pour Huron, 305 pour Érié et Sainte-Claire, 304 pour Ontario, 102 pour Saint-Laurent et 1 311 pour Total. - Ligne 3 : Dépenses intérieures, avec 393 pour Supérieur, 3 114 pour Huron, 2 300 pour Érié et Sainte-Claire, 2 078 pour Ontario, 1 031 pour Saint-Laurent et 8 916 pour Total. - Ligne 4 : Dépenses étrangères, avec 252 pour Supérieur, 688 pour Huron, 344 pour Érié et Sainte-Claire, 111 pour Ontario, 129 pour Saint-Laurent et 1 524 pour Total. Les lignes de la deuxième section (50 ans) sont les suivantes : - Ligne 1 : 50 ans, avec 1 528 pour Supérieur, 9 462 pour Huron, 6 422 pour Érié et Sainte-Claire, 5 429 pour Ontario, 2 749 pour Saint-Laurent et 25 590 pour Total. - Ligne 2 : Surplus du consommateur intérieur, avec 124 pour Supérieur, 1 183 pour Huron, 663 pour Érié et Sainte-Claire, 661 pour Ontario, 223 pour Saint-Laurent et 2 854 pour Total. - Ligne 3 : Dépenses intérieures, avec 856 pour Supérieur, 6 781 pour Huron, 5 009 pour Érié et Sainte-Claire, 4 525 pour Ontario, 2 245 pour Saint-Laurent et 19 416 pour Total. - Ligne 4 : Dépenses étrangères, avec 548 pour Supérieur, 1 498 pour Huron, 750 pour Érié et Sainte-Claire, 242 pour Ontario, 281 pour Saint-Laurent et 3 320 pour Total.

Tableau 10 : Valeurs actualisées estimées (k$) des dépenses liées à la pêche récréative et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans, par lac
Variables Supérieur Huron Érié et Sainte-Claire Ontario Saint-Laurent Total
20 ans 702 4 345 2 949 2 493 1 262 11 751
Surplus du cons. intérieur 57 543 305 304 102 1 311
Dépenses intérieures 393 3 114 2 300 2 078 1 031 8 916
Dépenses étrangères 252 688 344 111 129 1 524
50 ans 1 528 9 462 6 422 5 429 2 749 25 590
Surplus du cons. intérieur 124 1 183 663 661 223 2 854
Dépenses intérieures 856 6 781 5 009 4 525 2 245 19 416
Dépenses étrangères 548 1 498 750 242 281 3 320

Source : Calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique.

Comme le montre le tableau 10, les auteurs ont calculé qu'en 2018, en se fondant sur les valeurs en dollars constants pour la période subséquente de 50 ans, la valeur totale actualisée des dépenses liées à la pêche récréative et le surplus du consommateur (uniquement des consommateurs canadiens) sera de 25,6 milliards de dollars. De ce total, 9,5 milliards de dollars seront attribuables à la pêche récréative dans le lac Huron, suivi de la pêche récréative dans le lac Érié (y compris le lac Sainte-Claire) avec 6,4 milliards de dollars; le lac Ontario avec 5,4 milliards de dollars, le fleuve Saint-Laurent avec 2,8 milliards de dollars et le lac Supérieur avec 1,5 milliard de dollars.

Les principales espèces pêchées dans le cadre de la pêche récréative à la ligne étaient la perchaude (31,9 % des prises), l'achiganFootnote 98 (23,2 %), le corégone (8,1 %), le brochet (5 %) et la truiteFootnote 99 (9,0 %)Footnote 100 (MPO 2008; consulter l'annexe 5).

En considérant qu'aucune mesure supplémentaire ne serait prise pour lutter contre la présence de la carpe asiatique et réduire au minimum les effets nuisibles sur les activités de pêche récréative dans le bassin des Grands Lacs, l'étude prévoit que sur une période de 20 ans à compter de 2018, les impacts sur les dépenses liées à la pêche récréative et le surplus du consommateur des pêcheurs à la ligne canadiens (résidents et non résidents) et sur les dépenses de la même nature des pêcheurs étrangers dans les lacs Érié, Huron et Ontario seront modérés avec un degré d'incertitude modéré à élevé.Footnote 101 Pour le lac Supérieur, l'impact sera faible, avec un degré d'incertitude modéré à élevé. 

Sur une période de 50 ans, à compter de 2018, l'impact sur les dépenses liées à la pêche récréative et le surplus du consommateur des pêcheurs à la ligne canadiens, résidents et non résidents, ainsi que l'impact sur les dépenses de la même nature des pêcheurs étrangers dans les lacs Érié, Huron et Ontario seront élevés, avec un degré d'incertitude modéré à élevé. Les impacts dans le lac Supérieur seront modérés, avec un degré d'incertitude modéré à élevé.

Comme il a été indiqué précédemment, on s'attend à ce que les dommages aux espèces des poissons visées par la pêche récréative causés par la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs entraînent une redistribution des dépenses des Canadiens résidents et non résidents vers d'autres secteurs de l'économie.Footnote 102 Avec un degré d'incertitude modéré à élevé, il a été estimé que la valeur actualisée de la chute des dépenses des Canadiens dans les lacs Érié, Huron, Ontario et Supérieur sur des périodes de 20 ans et de 50 ans (à compter de 2018) sera respectivement de l'ordre de 7,9 milliards et de 17,2 milliards de dollars.Footnote 103

En plus des conséquences écologiques mentionnées (MPO [2012] et Cudmore et al. [2012]), la présence de la carpe asiatique pourrait décourager la pêche récréative en raison de dommages corporels que les carpes peuvent causer. Le bruit du moteur d'un bateau serait capable d'effrayer la carpe argentée et la faire bondir hors de l'eau; ces carpes peuvent alors atterrir dans les embarcations en provoquant des dommages matériels et corporels. On rapporte des dommages tels que des bris de canne à pêche, de pare-brise et d'autre matériel. En outre, une fois dans le bateau, les carpes laissent de la boue, du sang et des excréments.

En plus de décourager la pratique de la pêche récréative, les bonds hors de l'eau des carpes asiatiques sont en mesure de provoquer un transfert de richesse des propriétaires d'embarcations aux fournisseurs de services qui opèrent dans la région des Grands Lacs. La carpe asiatique cause certes une augmentation des coûts de fonctionnement et d'entretien (p. ex., installation d'équipement protecteur) des propriétaires d'embarcations, mais l'étude reconnaît que les coûts supplémentaires que devraient supporter les propriétaires d'embarcations seraient transférés aux fournisseurs de services.Footnote 104

Outre la pêche récréative, les pêcheurs à la ligne s'adonnent à d'autres activités de plein air pendant leurs excursions de pêche. La Commission canadienne du tourisme (2006) a constaté que, comparés aux touristes canadiens moyens, les pêcheurs à la ligne étaient plus enclins à pratiquer la navigation de plaisance, la baignade et l'observation de la faune pendant leurs excursions. Les pêcheurs étaient de nature à assister à des événements sportifs (professionnels ou amateurs) et visiter des attractions ayant pour thème l'agriculture ou l'Ouest (p. ex., l'agrotourisme, les spectacles équestres et festivals westerns). Les dommages à la pêche récréative et les activités connexes auront des répercussions sur ce secteur et les personnes qui en dépendent. Les auteurs prévoient que les impacts sur ces activités secondaires seront élevés, mais ceux-ci n'ont pas été quantifiés en raison du manque de données.

Navigation de plaisance

La présence de la carpe asiatique aura des répercussions négatives sur tous ceux qui pratiquent la navigation de plaisance, le ski nautique ou qui aiment aller dans l'eau. Les carpes peuvent causer des blessures aux plaisanciers, comme il a été déjà mentionné dans la section précédente consacrée à la pêche récréative, et limiter les occasions de pratiquer les sports nautiques, la navigation de plaisance et la voile. De plus, comme pour la pêche récréative, l'impact sur la navigation récréative dans les Grands Lacs se traduit par une augmentation des coûts de fonctionnement et d'entretien associés à la navigation de plaisance dans des eaux où la carpe asiatique est susceptible de s'être établie.

Description

Le tableau 11 s’intitule Valeurs actualisées estimées (k$) des dépenses liées à la navigation de plaisance et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans. Il est tiré des calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique. Il comporte cinq colonnes : Variables, Dépenses (navigation de plaisance), Tourisme, Surplus du consommateur et Total. Les deux lignes sont les suivantes : - Ligne 1 : 20 ans, avec 108 982 348 pour Dépenses (navigation de plaisance), 37 696 090 pour Tourisme, 6 234 075 pour Surplus du consommateur et 152 912 513 pour Total. - Ligne 2 : 50 ans, avec 237 328 071 pour Dépenses (navigation de plaisance), 82 089 811 pour Tourisme, 13 575 786 pour Surplus du consommateur et 332 993 668 pour Total.

Tableau 11 : Valeurs actualisées estimées (k$) des dépenses liées à la navigation de plaisance et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans
Variables Dépenses (navigation de plaisance) Tourisme Surplus du consommateur Total
20 ans 108 982 348 37 696 090 6 234 075 152 912 513
50 ans 237 328 071 82 089 811 13 575 786 332 993 668

Source : Calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique.

L'estimation réalisée dans le cadre de l'étude a indiqué que la valeur actualisée du surplus du consommateur des plaisanciers et des dépenses étrangères liées à la pêche récréative dans le bassin des Grands Lacs s'élèvera à 43,9 milliards de dollars et à 95,7 milliards de dollars respectivement pour les périodes de 20 ans et de 50 ans, à compter de 2018 (voir tableau 11). En l'absence de mesures supplémentaires pour lutter contre la présence de la carpe asiatique et réduire au minimum les dommages aux activités de navigation de plaisance dans le bassin des Grands Lacs, l'impact sur le surplus du consommateur des plaisanciers et sur les dépenses étrangères liées à la pêche récréative dans le bassin des Grands Lacs sera proportionnel à l'importance de la tendance qui caractérise le comportement de la carpe argentée à sauter hors de l'eau.Footnote 105

Comme pour la pêche récréative, on s'attend à une redistribution des dépenses des Canadiens résidents et non résidents vers d'autres secteurs, en raison des dommages que les carpes sont réputées causer à la navigation de plaisance et aux activités connexes.Footnote 106 Dans le cadre de l'étude, les auteurs ont estimé la valeur actualisée des dépenses des Canadiens liées à la navigation de plaisance dans les Grands Lacs à 109 milliards de dollars et à 237,3 milliards de dollars respectivement pour les périodes de 20 ans et de 50 ans (à compter de 2018); il a été considéré, également, qu'une partie de ces montants pourrait être transférée vers d'autres secteurs en fonction de l'importance du comportement de la carpe argentée.

Observation de la faune

La carpe asiatique s'alimente de Cladophora (algues vertes)Footnote 107 et peut contribuer à l'expansion des tapis algaux de Cladophora, en particulier autour des zones côtières.Footnote 108 Ces algues vertes en décomposition constituent un lieu propice à la prolifération de bactéries entériques, y compris de certains agents pathogènes qui peuvent produire des toxines dangereuses. À l'aide de techniques microbiologiques et basées sur l'ADN, des études ont révélé que les Cladophora offrent un habitat favorable à la survie et à la croissance des bactéries indicatrices et, potentiellement, des agents pathogènes. Cela peut avoir un impact sur la qualité de l'eau des plages (Fiche d'information du GLSC 2009).

En dépit des opérations de nettoyage des Grands Lacs dans les années 1970, il y récemment a eu une réapparition de Cladophorapour diverses raisons (p. ex., présence de moules zébrées et quagga, activités agricoles et eaux usées). On sait que les accumulations de Cladophora le long des côtes ont une incidence sur les activités récréatives (p. ex., l'observation de la faune) et, potentiellement, sur la qualité de l'eau, ce qui n'est pas sans conséquence sur le plan sanitaire et économique (Fiche d'information du GLSC 2009). La présence de la carpe asiatique renforcera la capacité des Cladophora de s'accumuler dans les Grands Lacs, accentuera les problèmes qui y sont associés, entraînera un risque sanitaire accru pour les utilisateurs des Grands Lacs et contribuera à la diminution des activités d'observation de la faune dans la région du bassin des Grands Lacs.

Dans le cadre de la présente étude, les auteurs ont estimé la valeur actualisée du surplus du consommateur des observateurs de la faune résidents et la valeur actualisée des dépenses étrangères liées à l'observation de la faune dans le bassin des Grands Lacs à 1,1 milliard de dollars et à 2,4 milliards de dollars, respectivement pour les périodes de 20 ans et de 50 ans, à compter de 2018 (voir tableau 12).

Description

Le tableau 12 s’intitule Valeurs actualisées estimées (k$) des dépenses liées à l'observation de la faune et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans. Il est tiré des calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique. Il comporte cinq colonnes : Variables, Dépenses d’observation, Tourisme, Surplus du consommateur et Total. Les deux lignes sont les suivantes : - Ligne 1 : 20 ans, avec 3 453 391 pour Dépenses d’observation, sans objet pour Tourisme, 1 108 425 pour Surplus du consommateur et 4 561 816 pour Total. - Ligne 2 : 50 ans, avec 7 520 362 pour Dépenses d’observation, sans objet pour Tourisme, 2 413 789 pour Surplus du consommateur et 9 934 151 pour Total.

Tableau 12 : Valeurs actualisées estimées (k$) des dépenses liées à l'observation de la faune et du surplus du consommateur dans 20 ans et dans 50 ans
Variables Dépenses d'observation Tourisme Surplus du consommateur Total
20 ans 3 453 391 s.o. 1 108 425 4 561 816
50 ans 7 520 362 s.o. 2 413 789 9 934 151

Source : Calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique.
Note : S.O. signifie « sans objet »

En l'absence de mesures supplémentaires pour prévenir la présence de carpes asiatiques dans le bassin des Grands Lacs, l'impact sur le surplus du consommateur lié à ces activités sera proportionnel à la dégradation de la qualité de l'eau et aux problèmes de Cladophora causés par la présence de la carpe asiatique.

Comme pour la pêche récréative et la navigation de plaisance, les auteurs s'attendent à une redistribution des dépenses des Canadiens résidents vers d'autres secteurs, en raison des dommages prévus aux activités d'observation de la faune.Footnote 109 Dans le cadre de la présente étude, la valeur actualisée des dépenses des Canadiens résidents liées à l'observation de la faune dans les Grands Lacs a été estimée à 3,5 milliards de dollars et à 7,5 milliards de dollars sur des périodes de 20 ans et de 50 ans respectivement (à compter de 2018); les auteurs ont également considéré qu'une partie de ces montants pourrait être transférée vers d'autres secteurs en fonction de l'importance des problèmes causés par la carpe asiatique.Footnote 110

Utilisation des plages et des rives des lacs

L'impact de la présence de la carpe asiatique sur l'utilisation des plages et des rives résulterait de l'accumulation de tapis de Cladophora.Footnote 111

Comme pour la pêche récréative, la navigation de plaisance et l'observation de la faune, on s'attend à une redistribution des dépenses des utilisateurs des plages vers d'autres secteurs, en raison des dommages que la présence des carpes est censée causer aux activités liées à l'utilisation des plages et des rives.Footnote 112 Les auteurs ont estimé la valeur actualisée des dépenses liées à l'utilisation des plages dans les Grands Lacs à 5,2 milliards de dollars et à 11,3 milliards de dollars respectivement sur des périodes de 20 ans et de 50 ans (à compter de 2018); ils ont également considéré qu'une partie de ces montants pourrait être transférée vers d'autres secteurs en fonction de l'ampleur des problèmes causés par la carpe asiatique.Footnote 113

Autres secteurs

Comme il a été mentionné, d'après certaines études (MPO [2012] et Cudmore et al. [2012]) et après en avoir discuté avec des scientifiques, l'étude a permis de conclure que la présence de la carpe asiatique aurait probablement un impact négligeable ou nul sur la chasse récréativeFootnote 114, l'utilisation de l'eau, la navigation commerciale et les activités d'extraction de gaz naturel et de pétrole.

Écoservices

La variabilité des écoservices pourrait s'accentuer avec la présence de la carpe asiatique, car les entreprises et les ménages préfèrent généralement éviter les risques ou recevoir une compensation pour des changements qui pourraient être considérés comme des impacts supplémentaires de la présence de la carpe asiatique.Footnote 115

Répercussions socioculturelles

Au fil du temps, la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs pourrait changer les écosystèmes lacustres en déplaçant les espèces de poissons indigènes et les remplaçant comme espèce dominante, ce qui pourrait ternir l'image publique des Grands Lacs à l'échelle régionale, nationale et internationale. Le bien-être des résidents habitant à proximité de cette ressource naturelle unique serait aussi compromis.

La carpe asiatique pourrait certes représenter une occasion pour la pêche de subsistance (les pêcheurs de subsistance s'adaptent aux changements écologiques), mais elle est susceptible de causer des dommages considérables à la pêche de subsistance d'espèces indigènes des Grands Lacs et porter atteinte aux valeurs sociales, culturelles et spirituelles associées aux Grands Lacs et aux activités connexes. La pêche de subsistance pourrait subir des impacts en raison de : i) changements dans l'écosystème ayant une incidence sur les espèces indigènes et sur la qualité des aliments pour les pêcheurs de subsistance, ce qui aurait à son tour des répercussions négatives sur ces pêcheurs et leurs communautés; ii) obstacles à pêche de subsistance, comme la distance à parcourir pour pêcher, qui fait augmenter les coûts de la pêche. Par ailleurs, le savoir traditionnel perd de son importance et de son utilité, tout comme le transfert intergénérationnel de ce savoir et de la culture, et l'on assiste à une évolution des modes de vie. Enfin, la présence de la carpe asiatique peut aussi favoriser : i) la concurrence entre les pêcheurs de subsistance et entre leurs différentes communautés pour un nombre restreint d'espèces indigènes; ii) les conflits et la concurrence avec la pêche commerciale et récréative s'il y a moins d'espèces de poissons à pêcher. Il n'est toutefois pas possible d'évaluer quantitativement ces répercussions en raison du manque de renseignements pertinents.

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