Sélection de la langue

Recherche

Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs

Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs

Répercussions socio-économiques de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs (PDF, 662 KB)

Préparé par
Salim Hayder, Ph. D.

Publié sous la direction de
Debra Beauchamp

Pêches et Océans Canada, Politiques et économie
501, croissant University, Winnipeg (Manitoba) R3T 2N6

Table des matières

Chapitre 8 : Conclusion

La présente étude visait à présenter une analyse détaillée des incidences socio-économiques potentielles découlant de la présence de la carpe asiatique dans les Grands Lacs. L'étude, plus particulièrement les impacts prévus, a pour but de compléter l'évaluation des risques écologiques en tentant de quantifier les impacts socio-économiques de l'établissement de la carpe asiatique dans les Grands Lacs

Bien que les auteurs aient eu recours à des sources secondaires de données, le rapport s'est grandement appuyé sur l'évaluation binationale (Canada et États-Unis) des risques écologiques, menée par le CEARA (MPO), pour décrire la menace de la carpe asiatique pour les Grands Lacs. Le rapport de l'évaluation des risques écologiques, y compris les rapports supplémentaires, a fourni une assise solide et défendable pour l'analyse des incidences socio-économiques qui résulteraient de la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs.

L'étude a permis d'estimer que la valeur de la contribution économique des différentes activités dans les Grands Lacs et aux alentours, qui sont étroitement liées aux lacs et à l'économie canadienne, était de l'ordre des 13,8 milliards de dollars. De ce total, les dépenses et les valeurs/prix estimés des activités dans la région des Grands Lacs comptaient pour 96,9 % (13,4 milliards de dollars) tandis que le surplus des consommateurs comptait pour 3,1 % (0,4 milliard de dollars).

L'étude a permis de reconnaître que le bassin des Grands Lacs offre des services précieux à la société en conservant la santé et la diversité de l'écosystème. Ces valeurs intrinsèques liées à la santé et à la biodiversité des écosystèmes sont toutefois difficiles à quantifier, car elles sont bien plus intangibles que les autres avantages, comme la pêche commerciale (Krantzberg et al. 2008 et 2006). Les auteurs ont connu des difficultés semblables pour déterminer, de manière quantitative, les avantages des valeurs d'option et de non-usage à partir des renseignements existants. Toutefois, il a été signalé que ces valeurs de non-usage totales peuvent représenter de 60 à 80 % de la valeur économique totale (Freeman 1979).

Les Grands Lacs constituent un moyen de subsistance pour les résidents de la région tout en offrant des avantages considérables sur le plan social, culturel et spirituel, sans compter les retombées économiques globales. Les pêches en eaux douces ont largement contribué à la préservation du mode de vie traditionnel des Autochtones dans la région à l'étude. Socialement, les plages et les rives des lacs offrent un « sentiment d'appartenance » et une source de fierté communautaire unique, et déterminent dans une grande mesure la perception du public relative à la qualité de l'environnement. Les Grands Lacs offrent également des possibilités de recherche et d'activités éducatives pour une meilleure compréhension de l'écologie.

Dans le cadre de l'étude, les auteurs ont estimé que, à compter de 2018, la valeur économique totale actualisée des activités (pêche commerciale, pêche récréative, navigation de plaisance, observation de la faune, utilisation des plages et des rives) sur des périodes de 20 ans et de 50 ans serait respectivement de 179 milliards de dollars et de 390 milliards de dollars; ces valeurs pourraient être modifiées par la présence de la carpe asiatique dans le bassin des Grands Lacs (voir le tableau 13 et la carte des points chauds relatifs aux risques et aux incertitudes à l'annexe 6Footnote 116).

Description

Le tableau 13 s’intitule Évaluation des valeurs actualisées (milliards) des activités dans les Grands Lacs dans 20 ans et 50 ans, par activité. Il est tiré des calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique. Il comporte quatre colonnes : Liste des activités, Année de référence (millions), Après 20 ans (milliards) et Après 50 ans (milliards). Les six lignes de la première colonne (Liste des activités) sont les suivantes : - Ligne 1 : Pêche commerciale, avec 227 pour Année de référence (millions), 5 pour Après 20 ans (milliards) et 10 pour Après 50 ans (milliards). - Ligne 2 : Pêche récréative, avec 560 pour Année de référence (millions), 12 pour Après 20 ans (milliards) et 26 pour Après 50 ans (milliards). - Ligne 3 : Navigation de plaisance, avec 7 291 pour Année de référence (millions), 153 pour Après 20 ans (milliards) et 333 pour Après 50 ans (milliards). - Ligne 4: Observation de la faune, avec 218 pour Année de référence (millions), 5 pour Après 20 ans (milliards) et 10 pour Après 50 ans (milliards). - Ligne 5 : Utilisation des plages et des rives des lacs, avec 248 pour Année de référence (millions), 5 pour Après 20 ans (milliards) et 11 pour Après 50 ans (milliards). - Ligne 6 : Total, avec 8 544 pour Année de référence (millions), 179 pour Après 20 ans (milliards) et 390 pour Après 50 ans (milliards).

Tableau 13 : Évaluation des valeurs actualisées (milliards) des activités dans les Grands Lacs dans 20 ans et 50 ans, par activité
Liste des activités Année de référence (millions) Après 20 ans (milliards) Après 50 ans (milliards)
Pêche commerciale 227 5 10
Pêche récréative 560 12 26
Navigation de plaisance 7 291 153 333
Observation de la faune 218 5 10
Utilisation des plages et des rives des lacs 248 5 11
Total 8 544 179 390

Source : Calculs réalisés par le personnel de Pêches et Océans Canada, Direction des politiques et des études économique, Région du Centre et de l'Arctique.

Par ailleurs, l'étude a permis de conclure que la carpe asiatique aurait des répercussions négligeables ou nulles sur la chasse récréative, l'utilisation de l'eau, la navigation commerciale et les activités d'extraction de gaz naturel et de pétrole.

Enfin, l'étude a permis de reconnaître que, pour les périodes prises en compte, certains facteurs de l'économie qui sont à l'œuvre pourraient engendrer des forces à même de contrer les répercussions de la présence de la carpe asiatique sur les communautés, les entreprises et les personnes. Par conséquent, les répercussions économiques nettes pourraient être contrebalancées tant à l'échelle régionale que nationale, tout en restant considérables pour les intervenants (p. ex., les communautés, les pêcheurs et les utilisateurs), si l'on prenait en compte la (re)distribution du revenu et de l'emploi résultant du changement dans l'échelle des activités dans le bassin des Grands Lacs et aux alentours.

Comme il a été mentionné au chapitre 4, les estimations des contributions économiques des Grands Lacs dont il est question dans ce rapport devraient être perçues comme des estimations prudentes. Pour ce faire, les auteurs ont ajusté les variables des estimations en cas de variations ou d'incertitudes importantes, et en utilisant des approximations raisonnables fondées sur l'analyse documentaire et l'opinion des experts.

De plus, les auteurs indiquent que les valeurs de référence générées par les activités dans le bassin des Grands Lacs et aux alentours ne devraient pas être comparées directement avec les valeurs fournies par les documents existants, en raison des méthodes différentes utilisées dans les études. Ces dernières diffèrent relativement à la portée, aux procédures d'évaluation, aux périodes prises en compte et aux secteurs visés. Des écarts dans les estimations sont apparus également selon que l'on ait tenu compte ou non du Canada et des États-Unis et en raison des effets multiplicateurs secondaires (indirects et induits) lors de l'évaluation des valeurs de référence ainsi que des répercussions.

L'étude présente des limites liées au manque de données, ce qui a permis d'établir les domaines que la recherche doit approfondir. Pendant la collecte et l'analyse de données aux fins de cette étude, les auteurs se sont heurtés aux principaux obstacles suivants :

  1. Le manque de données précises sur les Grands Lacs par activité;
  2. Les valeurs par activités prévues après 20 ans et après 50 ans ont été estimées à partir des valeurs par activité de l'année la plus récente en partant du principe que les valeurs se maintiendront pendant la période de l'étude si tout le reste demeure inchangé. En réalité, les conditions et les valeurs économiques (p. ex., de la pêche commerciale ou de la pêche récréative) peuvent changer rapidement au fil du temps. En outre, le fait que certaines activités se recouvrent (p. ex., la pêche récréative et la navigation de plaisance), et que les biens et les services peuvent être complémentaires ou se substituer, les prévisions fondées sur des conditions d'équilibre aussi précises peuvent introduire des erreurs systématiques par défaut ou par excès.
  3. L'absence d'un lien plus explicite entre les conséquences écologiques établies par l'évaluation binationale (MPO 2012) et les facteurs socio-économiques pris en considération par la présente étude. L'étude a présumé un rapport linéaire entre les répercussions écologiques et socio-économiques, et l'incertitude; les auteurs ont tiré des conclusions à partir des valeurs actualisées des activités et ont cité le classement des résultats de l'évaluation binationale (2012). S'il fallait appliquer à l'étude une échelle quantitative des conséquences écologiques pouvant être reliée aux conséquences socio-économiques, il en résulterait une analyse quantitative des incidences socio-économiques plus précise.
  4. Le manque de données pour une analyse différentielle donnant une estimation quantitative d'un éventail d'estimations de l'impact socio-économique de la présence de la carpe asiatique.

Ces obstacles ont été partiellement surmontés en adoptant des hypothèses et en appliquant des approximations tirées de la littérature existante, tout en apportant des ajustements convenables en fonction des contraintes de temps existantes. Toutefois, pour remédier à ces obstacles, des recherches supplémentaires seraient nécessaires. Par exemple, pour évaluer correctement la ou les valeurs de référence, il sera possible d'entreprendre une étude approfondie de la zone d'étude afin d'obtenir les valeurs générées (y compris la volonté de payer et la récolte de subsistance), par activité et par lac. De même, pour ce qui est des prévisions, les méthodes d'évaluation utilisées, comme le modèle informatique d'équilibre général, peuvent atténuer les biais liés aux prévisions, car ces méthodes tentent de définir les paramètres importants d'une décision ou d'un ensemble de décisions, en partie, afin de rendre compte des changements relatifs au bien-être issus de la complémentarité et de la substituabilité des principaux biens.

Date de modification :