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Centre d’expertise sur les mammifères marins

Rapport sur la recherche scientifique
2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017

Centre d’expertise sur les mammifères marins - Rapport sur la recherche scientifique, 2015-2017 (PDF, 3.14 MB)

Table des matières

Écoute en eaux profondes : Surveillance acoustique passive des baleines au large de la Nouvelle-Écosse

Hilary Moors-Murphy
Photo de gauche : Enregistreurs acoustiques multicanaux autonomes (AMAR) fabriqués par JASCO Applied Sciences (photo : H. Moors-Murphy). Photo de droite : schéma de l’amarrage d’un AMAR.

Photo de gauche : Enregistreurs acoustiques multicanaux autonomes (AMAR) fabriqués par JASCO Applied Sciences (photo : H. Moors-Murphy). Photo de droite : schéma de l’amarrage d’un AMAR.

Plus de vingt espèces différentes de mammifères marins se retrouvent au large de la Nouvelle-Écosse, incluant de espèces résidentes et migratrices et plusieurs espèces en péril. Malgré cette communauté diversifiée de mammifères marins, on sait relativement peu de choses sur la répartition, les patrons de déplacement et l’utilisation de l’habitat au cours d’une année d’un grand nombre de ces espèces dans la plus grande partie de nos eaux. Parmi les espèces les plus étudiées, la plupart des renseignements sur leur présence proviennent d’études menées à partir de bateaux pendant les mois d’été, lorsque les conditions météorologiques sont favorables et qu’il est le plus faisable, sur le plan logistique, de sortir en Atlantique Nord-Ouest pour étudier les mammifères marins.

La plupart des mammifères marins de nos eaux produisent des vocalises sous l’eau propres à chaque espèce. La surveillance acoustique passive ou l’« écoute » dans le milieu océanique offre un moyen d’acquérir de l’information sur l’utilisation de l’habitat par les mammifères marins qui est moins limité par les conditions météorologiques et les plateformes en mer. Établie à l’Institut océanographique de Bedford dans la région des Maritimes, l’équipe Cétacés utilise des appareils d’écoute sous-marine appelés « enregistreurs acoustiques multicanaux autonomes » (ou AMAR) pour surveiller la présence des baleines dans diverses zones d’intérêt au large de la Nouvelle-Écosse. Ces systèmes sont fixés au fond marin et recueillent et stockent des données de façon autonome. Avec leurs téraoctets d’espace de mémoire et leur grand nombre de batteries, les AMAR peuvent être déployés pour recueillir des données acoustiques pendant un an ou plus à la fois.

Des AMAR ont été utilisés pour recueillir des données acoustiques depuis la zone de protection marine du Gully et deux zones, situées à proximité, en bordure du plateau pendant la période 2012-2014 (figure 11). Ces systèmes ont été installés sur le plancher océanique à environ 1 500 m de profondeur pendant environ six mois, avec un intervalle de quelques semaines entre chaque période de déploiement pour télécharger les données, changer les batteries et remettre à neuf les systèmes. Cela a donné lieu à un ensemble de données acoustiques sur deux ans pratiquement continu qui pouvait être examiné pour déceler des vocalises de baleines. L’analyse a fourni de l’information sur la présence régulière au cours d’une année de baleines à bec communes dans les canyons et les zones dépourvues de canyons, le long de l’est du talus néo-écossais, et elle contribuera à identifier d’autres zones importantes à l’extérieur de l’habitat essentiel désigné de ces espèces en voie de disparition.

De nouveaux renseignements sur la présence saisonnière d’autres espèces dans ces zones ont aussi été obtenus, incluant les pics de détection du rorqual bleu et du rorqual commun désignés respectivement en voie de disparition et préoccupant, les chantssupNote de bas de page 1 du rorqual à bosse pendant les mois d’hiver, les pics de détection du rorqual boréal pendant les mois d’été, la présence relativement constante au cours d’une année du cachalot, les clics de la baleine à bec de Sowerby inscrite comme espèce préoccupante, ainsi que la passionnante découverte d’un nouvel utilisateur régulier de la ZPM du Gully, à savoir la baleine à bec de Cuvier! Bien que les baleines à bec de Cuvier aient été détectées de façon acoustique dans le Gully dans environ 25 % des jours d’enregistrement et que leur présence tout au long de l’annéeNote de bas de page 2 soit constante quoique faible, une seule observation visuelle a déjà été documentée dans le canyon, malgré de nombreux relevés ciblant les baleines à bec qui ont été menés à bord de navires dans la zone depuis les années 1980.

Pendant la période 2015-2017 (figure 12), le programme de surveillance acoustique passive de l’équipe Cétacés s’est étendu à cinq stations de déploiement de l’appareil AMAR et est venu compléter une étude acoustique plus vaste menée par JASCO Applied Sciences. Au total, 25 enregistreurs AMAR ont été déployés dans l’ensemble de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador pendant cette période. L’analyse d’un grand nombre de données acoustiques est en cours en collaboration avec JASCO et le laboratoire Taggart de l’Université Dalhousie.

Les clics de la baleine à bec commune du plateau néo-écossais, désignée en voie de disparition, sont régulièrement détectés tout au long de l’année dans la zone de protection marine du Gully et les zones situées à proximité en bordure du plateau (photo : H. Moors-Murphy).

Les clics de la baleine à bec commune du plateau néo-écossais, désignée en voie de disparition, sont régulièrement détectés tout au long de l’année dans la zone de protection marine du Gully et les zones situées à proximité en bordure du plateau (photo : H. Moors-Murphy).

Trois stations de déploiement de l’appareil AMAR (étoiles bleues) du MPO au cours de la période 2012-2014 le long de l’est du plateau néo-écossais, y compris la zone de protection marine du Gully et deux zones situées à proximité en bordure du plateau.

Figure 11

Trois stations de déploiement de l’appareil AMAR (étoiles bleues) du MPO au cours de la période 2012-2014 le long de l’est du plateau néo-écossais, y compris la zone de protection marine du Gully et deux zones situées à proximité en bordure du plateau.

Stations de déploiement d’enregistreurs AMAR en 2015-2017 au large de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador par le MPO (étoiles bleues), JASCO Applied Sciences (étoiles rouges) et le laboratoire Taggart de l’Université Dalhousie (étoile jaune – système perdu/non récupéré).

Figure 12

Stations de déploiement d’enregistreurs AMAR en 2015-2017 au large de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador par le MPO (étoiles bleues), JASCO Applied Sciences (étoiles rouges) et le laboratoire Taggart de l’Université Dalhousie (étoile jaune – système perdu/non récupéré).

Des programmes de surveillance passive similaires utilisant des enregistreurs installés sur le fond marin appelés AURAL (Autonomous Underwater Recorder for Acoustic Listening) sont menés par les chercheurs du MPO dans d’autres régions de l’est du Canada.

Yvan Simard de l’Institut Maurice-Lamontagne au Québec dirige des déploiements d’enregistreurs AURAL dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent et Jack Lawson du Centre des pêches de l’Atlantique Nord à Terre-Neuve déploie des enregistreurs AURAL au large du sud de Terre-Neuve et de l’est du Labrador depuis 2009.

Au cours des quelques prochaines années, le programme de surveillance acoustique passive du MPO au large de l’est du Canada continuera de s’étendre dans le cadre du nouveau Programme de protection des océans (PPO).

Le financement par le PPO appuie l’achat d’un équipement d’enregistrement acoustique supplémentaire et l’embauche de personnel ayant une expertise en acoustique pour aider à mieux comprendre les répercussions du bruit d’origine humaine, en particulier le bruit généré par les navires, sur des espèces de baleines désignées en voie de disparition comme la baleine noire de l’Atlantique Nord, le béluga du Saint-Laurent et l’épaulard résident du sud dans le Pacifique.

L’amélioration des efforts de surveillance acoustique passive nous permettra de continuer à élargir nos connaissances sur le moment et l’endroit où les baleines sont présentes au large de l’est du Canada, nous aidera à surveiller le bruit sous-marin dans nos eaux et contribuera à améliorer notre compréhension des répercussions du bruit d’origine humaine sur les baleines pour mieux évaluer la façon d’atténuer ces impacts et de protéger les baleines dans nos eaux.

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