Botrylloïde violet
Botrylloides violaceus
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Si vous pensez avoir découvert une espèce aquatique envahissante :
- ne rejetez pas l'espèce à l'eau
- prenez des photos
- Remarque :
- l'emplacement exact (coordonnées GPS)
- la date d'observation
- identification des caractéristiques
- contactez-nous pour le signaler
Caractéristiques d’identification
Le Botrylloïde violet est un tunicier colonial composé d’une colonie normalement d’une seule couleur (violette, rose, jaune, blanche ou orange). Les adultes forment des colonies d’environ 10 cm de diamètre. Les colonies sont souvent pressées les unes contre les autres de sorte à former des tapis ou « lobes » sur le terrain environnant atteignant jusqu’à 5 cm de longueur regroupant plusieurs individus microscopiques appelés zoïdes. Les zoïdes sont droits (verticaux par rapport au substrat) et disposés en réseaux de rangées allongées et sinueuses. Le Botrylloïde violet se distingue des autres tuniciers coloniaux par la disposition apparemment au hasard des individus dans les colonies. Des tracés nervurés distinct sillonnent la surface de son manteau charnu. La coloration du Botrylloïde violet est moins prononcée que celle du botrylle étoilé; sa couleur est donc généralement plus uniforme dans les teintes d’orangé, de bourgogne, de rose terne, de lavande ou de mauve.
Espèces similaires (indigènes)
Le Botrylloïde violet peut être confondu avec des éponges, mais ces dernières ont une texture molle et spongieuse plutôt que gélatineuse.
À quel(s) endroit(s) cette espèce a-t-elle été retrouvée
Le Botrylloïde violet a été observé pour la première fois dans l’est du Canada dans les années 1990, en Nouvelle-Écosse. Il a ensuite été observé dans le golfe du Saint-Laurent et à l’Île-du-Prince-Édouard en 2002, et dans la baie de Fundy en 2009. Dans le sud du Golfe du Saint-Laurent, cette espèce est largement distribuée le long des côtes de l’Île du Prince Édouard et a été observée ailleurs dans le Golfe du Saint-Laurent sur les côtes de la Nouvelle-Écosse et du sud du Nouveau-Brunswick. Il a été décelé pour la première fois à Terre-Neuve-et-Labrador à Belleoram, en 2007. En 2010, il ne s’était pas encore propagé au-delà des eaux entourant Belleoram.
En Colombie-Britannique, cette espèce coloniale est largement répartie, avec des mentions dans le détroit de Georgia, sur la côte ouest de l’île de Vancouver, sur la côte nord, et, plus récemment, aux îles de la Reine Charlotte.
Impacts écologiques et économiques
Le Botrylloïde violet se nourrit de phytoplancton (minuscules algues), de bactéries et d’autres petites particules organiques qu’il tire de l’eau par filtration. Lorsque présent en grand nombre, il concurrence pour sa nourriture d’autres animaux filtreurs, comme les moules et les pétoncles.
Le Botrylloïde violet est presque entièrement composé d’eau. Il grossit rapidement comparativement à d’autres organismes marins. Cet envahisseur peut recouvrir les plantes et les animaux environnants, les privant de lumière ou de nourriture. Il peut même étouffer des organismes plus petits, comme de jeunes mollusques. Le Botrylloïde violet libère un produit chimique qui peut empêcher d’autres organismes marins de se fixer solidement à une surface en mer de sorte. Puis ils deviennent vulnérables à l’arrachement par les courants. Ce produit chimique peut également repousser les prédateurs et inhiber leur croissance. Tous ces facteurs font du Botrylloïde violet une nuisance pour les cueilleurs de coquillages, les aquaculteurs et les organismes qui vivent au fond de la mer.
Origine et mode d’arrivée au pays
Originaire du Pacifique Nord-Ouest
Méthodes de dispersion
Le cycle de vie du Botrylloïde violet n’est pas entièrement compris, mais nous savons qu’il peut se reproduire de deux manières : par fractionnement d’une colonie et bourgeonnement ailleurs et par production d’œufs qui, à l’éclosion, libèrent des larves nageuses. Les fragments de colonie peuvent se reproduire pendant jusqu’à 40 jours et se disperser sur de très grandes distances. Les larves libérées dans la colonne d’eau s’établissent dans les 48 heures mais ne se dispersent que sur de courtes distances.
Actions du gouvernement
Recherche scientifique
Pêches et Océans Canada étudie les populations de Botrylloïde violet afin d’améliorer la compréhension concernant son adaptation aux conditions canadiennes.
Contrôle de l’abondance
Les tuniciers peuvent se propager par le déplacement d’engins de pêche, de mollusques ainsi que de bateaux de pêche récréative et commerciale. Afin de limiter la propagation du Botrylloïde violet, il faut faire une inspection visuelle des coques de bateau et des engins de pêche et les nettoyer au besoin.
Pour éviter la propagation de fragments vivants, il faut enlever l’eau accumulée dans le fond des bateaux et les laisser sécher pendant 24 heures. De plus, parce que le Botrylloïde violet peut rapidement former des colonies et établir de grandes populations autosuffisantes, il devrait être enlevé des quais et des structures environnantes.
Le Botrylloïde violet dans les eaux de Terre-Neuve
Découverte et résultats des relevés
Au cours d’un relevé entrepris en septembre 2007, le Botrylloïde violet a été découvert à Belleoram, dans la baie de Fortune. Cette découverte est préoccupante pour l’industrie de l’aquaculture à Terre-Neuve. Toutefois, cet envahisseur n’a pas encore été décelé dans les installations mytilicoles locales. Heureusement, sa répartition semble limitée à Belleoram, où il se trouve sur les structures des quais, les coques de bateaux, les surfaces de plastique, les rochers et les moules sauvage.
Mais comme cette espèce pose toutefois un risque potentiel pour les animaux aquatiques de fond dans d’autres secteurs de Terre-Neuve-et-Labrador, il est important de continuer à y effectuer une surveillance. Ces efforts aideront à la gestion à long terme et à la prévention de la propagation du Botrylloïde violet.
En 2008-2009, le ministère des Pêches et des Océans s’est associé à l’Université Memorial de Terre-Neuve pour évaluer diverses méthodes de lutte contre le Botrylloïde violet à Belleoram, y compris l’enveloppement des pieux du quai et le recouvrement des rochers et structures touchés avec du plastique. Un grand nombre d’individus ont été tués, mais cet envahisseur est par la suite revenu en grand nombre pour recoloniser les surfaces traitées et à proximité. Au cours de 2010, d’autres méthodes de lutte et de prévention ont été évaluées, notamment l’introduction, par Pêches et Océans Canada, d’oursins autour du quai de Belleoram. Les oursins mangent des botrylloïdes violets et le Ministère veut déterminer si la prédation qu’ils exercent sur cet envahisseur arrivera à en limiter le nombre.
La poursuite des travaux de relevé et de surveillance nous permettra d’améliorer notre compréhension du Botrylloïde violet. La compréhension du cycle de vie de cet organisme dans le nouveau milieu qu’il a envahi nous aidera à établir où et quand cibler les efforts de prévention et de lutte. Il est surtout particulièrement important de comprendre comment le botrylloïdes violet hiverne et quand il se reproduit par voie sexuée. Combinée aux relevés, la détection des œufs et des larves de Botrylloïde violet au moyen d’outils génétiques nous aidera à cibler nos efforts.
Pour plus d’information
- Publications du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS)
- Fiches d'information - Les Tuniciers Envahissants
- Carnet d’identification des espèces marines dans l’Est du Canada
- Carnet d’identification des envahisseurs aquatiques (PDF)
Pêches et Océans Canada – mars 2013 - Synthèse biologie des tuniciers coloniaux, Botryllus schlosseri and Botrylloides violaceus. (en anglais seulement)
Pêches et Océans Canda – 2006 - Espèces Aquatique Envahissante : Le Botrylloïde violet dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador
Pêches et Océans Canada - 2011 - Avis scientifique issu de l'évaluation des risques posés par cinq espèces de tuniciers sessiles (SCCS AS - 2012/049)
Références
- Berrill, N.J. 1950. The Tunicata, with an account of the British species. Ray Society, London. Publication 133: iii + 354 p.
- Callahan, A.G., Deibel, D., McKenzie, C.H., Hall, J.R., et Rise, M.L. 2010. Survey of harbours in Newfoundland for indigenous and non-indigenous ascidians and an analysis of their cytochrome c oxidase I gene sequences. Aquat Inv 5: DOI 10.339/ai2010.5.1.
- Carver, C.E., A.L. Mallet et B. Vercaemer. 2006. Biological synopsis of the colonial tunicates, Botryllus schlosseri and Botrylloides violaceus. Can Mans Rep Fish Aquatic Sci, 2747, MPO. 42 p.
- Lambert, C.C. et G. Lambert. 2003. Persistence and differential distribution of nonindigenous ascidians in harbors of the Southern California Bight. Mar Ecol Prog Ser, 259:145-161. Oka, A. 1927. Zur kenntnis der japanischen Botryllidae (vorlaufige Mitteilung). Proc Imp Acad, 3: 607-609.
- Van Name, W.G. 1945. The North and South American ascidians. Bull Am Nat Hist, 84 p.
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