Document de recherche 2003/067
Application de l'approche de précaution et de points de référence pour la conservation à la gestion des phoques de l'Atlantique : Document de travail
Par M. Hammill et G. Stenson
Résumé
La gestion des ressources établit habituellement les limites de prélèvement à partir d'un compromis entre les besoins de conservation, les enjeux économiques et les enjeux politiques. L'incertitude liée à l'information disponible sur la ressource est souvent négligée lors de la prise de décisions, avec pour résultat des conséquences fâcheuses.
Dans le cadre de l'approche de précaution (AP), les scientifiques, les gestionnaires de ressources et les parties intéressées s'unissent pour fixer des objectifs clairs en matière de gestion et des points ou niveaux de référence précis qui permettent d'évaluer l'état de la ressource et de déterminer des mesures de gestion précises à prendre lorsque la taille d'une population s'approche d'un point de référence ou devient inférieure à celui-ci. Le Canada s'est engagé à respecter le principe de précaution tel qu'énoncé dans la Déclaration de Rio. Dans ce cadre de travail, il est possible d'établir des points de référence (cibles, de précaution et pour la conservation) et de les lier à certaines mesures de gestion de la ressource. L'AP reconnaît également que la quantité de données disponibles sur l'état d'une ressource peut varier, et qu'un manque de données ne peut servir de prétexte pour remettre à plus tard la prise de décisions de gestion.
Le phoque du Groenland, le phoque à capuchon et le phoque gris font l'objet de chasses commerciales d'intensité différente dans l'ensemble du Canada atlantique. La disponibilité de données scientifiques sur l'état de ces ressources (abondance, taux de reproduction et taux de mortalité) varie également selon l'espèce. Nous présentons un cadre conceptuel d'application de l'AP à la gestion des phoques de l'Atlantique. Pour les espèces bien documentées, nous proposons deux points de référence de précaution et un pour la conservation. Le premier point de référence de précaution pourrait être fixé à 70 % (N70) de la taille de la population à l'état originel ou d'une mesure indirecte de cette population (p. ex. taille maximale de la population). Lorsque la taille d'une population passe sous N70, il faut davantage tenir compte des objectifs de conservation lors de l'établissement des limites de prélèvement, et des mesures sont mises en ouvre afin de permettre à cette population d'accroître son effectif au-dessus de N70. Le deuxième point de référence de précaution est fixé à 50 % de la taille estimée de la population à l'état originel, tandis que la limite pour la conservation, sous laquelle la chasse commerciale est fermée, est fixée à 30 % de la taille maximale estimée de la population.
Les espèces pour lesquelles nous ne possédons pas de données récentes sont considérées comme peu documentées et elles doivent faire l'objet de mesures de gestion plus prudentes. Par exemple, il est possible de déterminer le prélèvement maximal qui permet de réduire à 5 % les chances que la population passe sous le point de référence. Cette limite a été désignée « prélèvement biologique potentiel » et elle est facilement calculable à l'aide de valeurs par défaut et d'une estimation de l'abondance. Puisqu'une estimation de la taille de la population est la seule donnée nécessaire, cette méthode ou une méthode semblable convient aux espèces peu documentées. De plus, les simulations effectuées dans le cadre de cette méthode pour déterminer la taille appropriée de la population (NMin) ont permis de vérifier la robustesse de la procédure lorsque les postulats du modèle sont assouplis et que les incertitudes possibles sont prises en compte.
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