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Document de recherche 2010/025

Séquences des effets du bruit causé par l’aquaculture sur les écosystèmes marins naturels au Canada

Par Peter F. Olesiuk, Jack W. Lawson et Edward A. Trippel

Résumé

Le but du présent document consiste à examiner les séquences des effets du bruit causé par l’aquaculture sur les écosystèmes marins naturels au Canada. Comme la plupart des activités menées en milieu marin, l’aquaculture produit des sons, qui constituent un sous‑produit de ses activités courantes, notamment les activités de construction, d’entretien et de déclassement des installations aquacoles. Dans certains cas, des sons forts sont produits intentionnellement pour décourager les attaques des prédateurs (phoques et otaries). L’eau constitue un milieu excellent pour la propagation des sons, qui peuvent se faire entendre à des dizaines, voire à des centaines de kilomètres de leur source. Les organismes aquatiques utilisent les sons aux fins de communication et d’alimentation, et certaines espèces ont une acuité auditive optimale dans la gamme de fréquences dominantes des sons produits par les activités aquacoles. L’utilisation des sons et l’acuité auditive sont particulièrement perfectionnées chez les mammifères marins, et ceux-ci constituent probablement de bons indicateurs des effets possibles du bruit. Les sons relativement forts peuvent provoquer des réponses comportementales, dont un comportement d’évitement, nuire à la communication et à l’écholocalisation, et entraîner une perte auditive temporaire ou permanente. Par conséquent, le bruit peut forcer des animaux à quitter leur habitat ou à interrompre leurs déplacements normaux (p. ex. migration), nuire aux comportements d’alimentation et de reproduction et accroître le risque de prédation. Les dispositifs de harcèlement acoustique (DHA) utilisés pour décourager les attaques des phoques et des otaries contre les fermes salmonicoles sont reconnus pour avoir des effets à grande échelle sur les cétacés non ciblés, comme le marsouin commun et l’épaulard, qui peuvent s’éloigner considérablement des lieux d’utilisation de DHA. Par contre, les pinnipèdes (phoques et otaries) semblent s’habituer à ces dispositifs et peuvent subir une perte auditive à la suite d’une exposition prolongée ou d’une étroite proximité avec ces dispositifs, ce qui fait en sorte que les DHA constituent une mesure dissuasive généralement inefficace à long terme. Les DHA pourraient perturber le comportement de certains poissons dotés d’un système auditif spécialisé, en particulier les clupéidés comme le hareng (Clupea harengus), mais ces effets n’ont pas été documentés. Étant donné leur inefficacité comme mesure dissuasive et leurs effets à grande échelle sur des espèces non ciblées, y compris des espèces inscrites à la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP), il est recommandé d’interdire l’utilisation de DHA dans les fermes piscicoles. Des sons sont aussi produits régulièrement dans le cadre de l’exploitation normale des installations aquacoles, notamment par les bateaux et leur sonar. Ces sons peuvent avoir des effets localisés ou éphémères sur les animaux aquatiques et ils contribuent au problème chronique lié à l’augmentation du bruit d’origine anthropique dans les océans. Il est recommandé que l’industrie adopte des pratiques visant à réduire au minimum le bruit et sa propagation, en particulier dans les zones d’importance écologique et biologique (ZIEB), à proximité de celles‑ci et à proximité de l’habitat important des espèces inscrites à la liste de la LEP. L’aquaculture peut produire des sons plus forts dans certaines circonstances, comme dans le cadre de travaux de dynamitage ou de battage de pieux aux fins de construction ou de démolition. Ces sons forts n’ont pas été étudiés dans le cadre de la présente évaluation, mais ils pourraient avoir des effets néfastes sur les animaux aquatiques et ils devraient être gérés de la même façon que d’autres activités industrielles en milieu marin. Les connaissances sur le bruit en milieu océanique et sur ses effets sur les écosystèmes aquatiques sont encore limitées, ce qui rend difficile la prévision et la compréhension des répercussions écologiques de réponses comportementales à grande échelle au bruit causé par l’aquaculture. Nous sommes en faveur de la surveillance continue des composantes vulnérables des écosystèmes, en particulier les cétacés, à proximité des sites aquacoles et des zones de trafic maritime.

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