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Document de recherche 2013/032

État des ressources physiques et biologiques et de certaines ressources halieutiques des écosystèmes des eaux canadiennes du Pacifique en 2011

Par J.R. Irvine et W.R. Crawford

Résumé

Ce rapport résume le 14e atelier annuel sur l’état des ressources physiques et biologiques, ainsi que sur celui de ressources halieutiques sélectionnées, des écosystèmes marins de la région canadienne du Pacifique en particulier.

La température mondiale a été plus élevée que la moyenne du XXe siècle presque partout en 2012, sauf dans le nord-est de l’océan Pacifique, où des eaux fraîches sont présentes pour ainsi dire chaque année depuis 2007; ce phénomène fait partie des conditions météorologiques observées dans tout le Pacifique qui sont associées à La Niña de ces années-là.

Les mesures à la surface de l’océan prises par les stations le long de la côte de la Colombie-Britannique et dans la mer des Salish ont confirmé que les conditions océaniques ont été plus fraîches en 2012 qu’en 2011 et en 2010. Les résultats préliminaires des mesures d’un enregistreur continu du plancton dans l’est du golfe d’Alaska traitées en partie au moment de mettre sous presse révèlent que la biomasse des grosses diatomées (une sorte de phytoplancton) a été un peu moins importante qu’à l’habitude et que la biomasse des copépodes l’a été bien plus.  Ces résultats sont tous deux compatibles avec des eaux fraîches à la surface de l’océan.  L’imagerie satellitaire a permis de découvrir une très forte prolifération de coccolithophores à l’ouest du nord de l’île de Vancouver en juin 2012, la plus grosse enregistrée en 11 ans. 

Un intense bloom phytoplanctonique a été observé par le satellite MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer : spectroradiomètre imageur à résolution moyenne) dans le golfe d’Alaska, à plus de 200 milles nautiques à l’ouest de Haida Gwaii, en août 2012. Son emplacement, sa taille et son ampleur donnent pourrait avoir été causé par la fertilisation de l’océan à l’aide d’un produit riche en fer réalisée dans le cadre d’un projet de la Haida Salmon Restoration Corporation.

Les prises de thon blanc ont augmenté en 2012 dans les eaux canadiennes par rapport à l’année précédente, mais cela vient probablement de ce que l’effort de pêche s’est accru. Au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, la communauté zooplanctonique était composée de plus de zooplancton d’eau douce qu’elle ne l’est en moyenne, ce zooplancton étant associé à l’échelle locale à un bon taux de survie et à une croissance satisfaisante des jeunes saumons et autres poissons, et des oiseaux de mer planctonophages, comme le starique de Cassin. Les densités de goberges de l’Alaska et de crevettes océaniques ont augmenté en 2012, tandis que le nombre d’eulakanes, de harengs et de sardines est resté relativement faible. Les populations de poissons côtiers dans les herbiers de zostère et de varech de la réserve de parc national du Canada Pacific Rim varient plus selon les zones que selon les années.

Les stocks de saumons rouges de la partie sud de la côte, autres que ceux du Fraser, ont continué à se reconstituer, alors que la tendance décennale s’est poursuivie dans le centre et le nord de la côte, les stocks en montaison restant inférieurs à la moyenne tout au long de 2012. Le nombre de saumons roses qui reviennent frayer les années paires a tendance à être stable, comme ce fut le cas en 2012, tandis que les populations en montaison les années impaires, y compris celles du Fraser, sont en général à la hausse. En 2012, les taux des prises de saumons kéta, rouges, coho et quinnat ont été en règle générale plus élevés qu’en 2011 au large de la côte ouest de l’île de Vancouver et dans le centre de la côte, et ont atteint la moyenne à long terme de 1998-2012, ou ont été supérieurs à celle-ci, pour toutes les espèces.

Les eaux de la mer des Salish, formée du détroit de Juan de Fuca, de la baie Puget et du détroit de Georgie et des eaux avoisinantes, abritent un écosystème distinct de celui des eaux du large.  Une étude détaillée des eaux de la baie Puget depuis 1998 a révélé des modifications systématiques, dont beaucoup sont dues à l’irruption d’eau océanique.  Par exemple, la concentration moyenne en oxygène de l’eau de la baie à plus de 20 mètres de profondeur varie en fonction de l’indice des remontées d’eau au large de la côte ouest de l’État de Washington.  La concentration en oxygène diminue depuis environ cinq ans, bien qu’elle ait rebondi en 2012. Il existe une série chronologique plus longue pour le détroit de Georgie, où la concentration en oxygène dans les eaux profondes a diminué au cours des 40 dernières années, ce qui est attribué à des diminutions semblables dans les eaux profondes du plateau continental qui pénètrent par advection dans le détroit.  Cette réduction de l’oxygène est préoccupante parce que, dans notre région, les eaux de subsurface qui sont pauvres en oxygène sont souvent plus acides, et que l’acidité des océans augmentera partout en conséquence de l’ajout de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Le phytoplancton prolifère dans le détroit de Georgie à la fin de l’hiver et au début du printemps, atteignant un sommet lorsqu’il a consommé tous les éléments nutritifs de la couche de surface.  Au printemps, le moment et la durée de ce sommet influencent, semble-t-il, la survie des saumons et des harengs juvéniles.  La prolifération printanière de végétaux planctoniques a eu lieu plus tard qu’à l’accoutumée en 2012 dans le détroit de Georgie, et à peu près au moment où elle s’est produite les six années précédentes.

Les saumons juvéniles du fleuve Fraser arrivent d’habitude dans le détroit de Georgie d’avril à juin, et beaucoup y restent jusqu’à l’automne. Une étude pluriannuelle sur des saumoneaux étiquetés qui quittaient le lac Chilkko, dans le bassin du fleuve Fraser, a révélé que la survie à ce stade est sensiblement la même d’une année à l’autre. Les poissons étiquetés sont rapidement passés dans le détroit de Georgie et le détroit de la Reine-Charlotte. Les larges prises de saumons rouges juvéniles vieux de deux ans effectuées en 2012 au cours des relevés au chalut dans le détroit de Georgie sont la conséquence des montaisons records dans le fleuve Fraser en 2010. En se fondant sur ces relevés, on prévoit que la montaison des saumons rouges du fleuve Fraser  en 2014 et celle des saumons roses et coho en 2013 seront bonnes, mais que la montaison des saumons kéta et quinnat en 2013 et en 2014 sera médiocre.

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