Document de recherche 2018/024
Une évaluation de l’holothurie (Cucumaria frondosa) sur le banc de Saint-Pierre (sous-division 3Ps de l’OPANO) en 2016
Par Pantin, J. R., Coughlan, E. J., Hynick, E. M., et Skanes, K. R.
Résumé
L’aire de distribution de l’holothurie (Cucumaria frondosa) dans l’hémisphère Nord a été déclarée quasi circumpolaire. On trouve habituellement les populations au large de Terre-Neuve-et-Labrador à une profondeur pouvant atteindre 100 mètres, généralement sur le fond marin dur dont le substrat est composé de galets, de coquillages et de rochers.
En 2003, une pêche à la drague de l’holothurie a été menée sur le banc de Saint-Pierre, dans le cadre de la Politique sur les nouvelles pêches, au terme de laquelle huit participants se sont partagé une allocation totale de 454 tonnes. Les huit mêmes pêcheurs de cette nouvelle pêche ont conclu un accord de projet conjoint quinquennal avec Pêches et Océans Canada en vue de mener un relevé d’évaluation de la ressource et une pêche exploratoire subséquente; celle-ci a eu lieu de 2004 à 2008. En 2012, la nouvelle pêche de l’holothurie est officiellement devenue une pêche commerciale. L’allocation a graduellement augmenté à 2 242 tonnes, en 2013, et est demeurée telle quelle depuis.
On recense deux principales zones de pêche de l’holothurie dans la partie canadienne du banc de Saint-Pierre : l’une se trouve au nord-ouest de la zone économique exclusive française, tandis que l’autre se trouve au sud-est. La majorité des activités de pêche ont eu lieu dans la zone nord-ouest du banc de Saint Pierre, et en 2010, la zone sud-est a été fermée à la pêche en tant que mesure de conservation pour préserver les ressources dans cette zone jusqu’à ce que l’on puisse évaluer les effets de la pêche dans la zone nord-ouest.
En septembre 2016, Pêches et Océans Canada a mené un relevé de l’holothurie sur le banc de Saint-Pierre, et celui-ci couvrait la totalité de la zone sud-est et 23 % de la zone nord-ouest. En février 2017, en fonction de ce relevé de recherche, un examen par les pairs a été effectué pour l’évaluation de l’holothurie dans la sous-division 3Ps de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO).
Depuis 2010, la moyenne des débarquements d’holothuries s’élève à environ 1 200 tonnes par année, à l’exception de 2015, alors que 2 297 tonnes ont été débarquées. Les captures par unité d’effort (CPUE) ont augmenté entre le début de la pêche (2003) et 2008, et sont demeurées stables depuis, avec une moyenne de 597 kg/trait. En fonction des relevés de la nouvelle pêche de l’holothurie menés entre 2004 et 2008 (sauf 2005), les indices de biomasse atteignaient en moyenne 89 kt dans la zone nord-ouest et 210 kt dans la zone sud-est. L’estimation de 2005 n’était pas considérée comme fiable en raison de problèmes associés à la configuration des engins. En 2016, l’indice de biomasse de l’holothurie était de 187 kt dans la zone sud-est; les données pour la zone nord-ouest étaient cependant incomplètes. L’indice de l’abondance de l’holothurie dans la zone sud-est en 2016 était supérieur à la moyenne de 2004 à 2008. Les mesures de longueur, de poids et de circonférence de l’holothurie tirées du relevé de 2016 indiquent que les individus de la zone nord-ouest sont plus gros et plus lourds que ceux de la zone sud-est. Puisque les taux de mortalité et d’exploitation durable de l’espèce sont inconnus et qu’il existe de nombreuses incertitudes concernant cette espèce sur le banc de Saint-Pierre, il n’est pas possible d’évaluer scientifiquement le risque que poserait une augmentation du niveau de récolte.
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