Document de recherche 2022/021
Conditions océanographiques optiques, chimiques, et biologiques dans la mer du Labrador entre 2014 et 2018
Par Ringuette, M., Devred, E., Azetsu-Scott, K., Head, E., Punshon, S., Casault, B., et Clay, S.
Résumé
Les caractéristiques chimiques et biologiques de la mer du Labrador et des plateaux adjacents ont subi des changements importants entre 2014 et 2018 par rapport aux années précédentes. Dans le cadre du Programme de monitorage de la zone Atlantique au large du plateau continental (PMZAO), on a observé une augmentation du carbone inorganique dissous et une baisse du pH; il s’agit d’une tendance qui remonte au début du programme, qui a été mis en œuvre au milieu des années 1990. Alors que la concentration moyenne de chlorofluorocarbone (CFC-12) dans la colonne d’eau est restée stable, la concentration d’hexafluorure de soufre (SF6) augmente régulièrement depuis que nous avons commencé à la mesurer en 2011, ce qui reflète le passé atmosphérique de ces gaz. La température moyenne de la couche d’eau supérieure (de 0 à 100 m) est essentiellement inférieure à la normale depuis 2011, sauf pour le plateau du Labrador, où deux années plus chaudes que la normale ont été observées en 2015 et 2018. Les températures inférieures à la normale ont été associées à des concentrations d’éléments nutritifs supérieures à la normale dans la même couche. Le calendrier de la croisière, qui a tendance à devenir plus précoce que d’habitude en raison des contraintes liées aux dates de changement d’équipage, peut expliquer en partie ces résultats et souligne la nécessité d’avoir des dates cohérentes dans les expéditions en mer afin de supprimer les incertitudes liées au temps d’échantillonnage. Les nutriments profonds ont présenté des variations interannuelles jusqu’en 2014, et sont restés pour la plupart au-dessus de la moyenne jusqu’à aujourd’hui. Depuis 2014, les abondances du phytoplancton (indiquées par la concentration de chlorophylle-a) et du mésozooplancton sont restées inférieures à la moyenne de 1999 à 2010 dans les trois régions d’intérêt, soit le plateau du Labrador, le bassin central du Labrador et le plateau du Groenland. Le suivi du plancton au moyen du Continuous Plankton Recorder (CPR) est effectué dans l’Atlantique nord-ouest depuis le début des années 1960. En 2017 (les données les plus récentes disponibles), trois indicateurs de la biomasse du phytoplancton ont donné des valeurs élevées dans la région adjacente au plateau de Terre-Neuve (40 °O à 45 °O) comparativement aux années et décennies précédentes. C’était également le cas pour les abondances de six des sept taxons de mésozooplancton. Plus à l’est, l’un des indices de couleur du phytoplancton et six des sept taxons de mésozooplancton ont présenté des anomalies positives en 2017. L’abondance d’un taxon de macrozooplancton (les amphipodes hypéridés) a augmenté dans tout l’Atlantique Nord-Ouest durant toutes les décennies ou années échantillonnée tandis que celle d’un deuxième taxon (euphausiacés) a diminué. En 2017, les abondances de trois taxons sensibles aux acides étaient toutes supérieures à la moyenne de 1990 à 2009 dans l’ensemble du tourbillon subpolaire et sur le plateau de Terre-Neuve.
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