Document de recherche 2022/041
État de la limande à queue jaune (Limanda ferruginea) dans la division 4T de l’OPANO jusqu’en 2020
Par Rolland, N., Swain, D. et Ricard, D.
Résumé
La limande à queue jaune (Limanda ferruginea) est généralement répartie dans les zones peu profondes et près des rives du sud du golfe du Saint-Laurent (sGSL; division 4T de l’OPANO). La limande à queue jaune est principalement pêchée comme appât depuis 1995, et cette pêche a principalement lieu au large des Îles-de-la-Madeleine. Un Total Admissible des Captures (TAC) de 300 tonnes (t) en place depuis 2000 a été révisé à 225 t en 2016. Le présent document fournit une évaluation de l’état de la limande à queue jaune dans le sGSL. Les tendances relatives de l’abondance et de la biomasse varient considérablement entre les longueurs commerciales (>=25 cm) et précommerciales (< 25 cm). L’indice d’abondance tiré des relevés et pour les poissons de moins de 25 cm, a augmenté d’un facteur de 10 entre 1985 et 2013. En revanche, l’indice des poissons de 25 cm et plus a diminué de 94 % entre 1981 et 2011, et est demeuré à ce faible niveau depuis. Selon un modèle de population, la mortalité naturelle des limandes à queue jaune de grande taille et âgées (6 ans et plus) est passée de 21 % annuellement à la fin des années 1980 à 86 % annuellement en 2009-2020. Dans le cas des limandes à queue jaune plus jeunes (de 1 à 3 ans), la mortalité naturelle estimée a diminué de 34 % par année en 1985- 1990 à 15 % en 2003-2008, pour revenir à 34 % en 2015-2020. Contrairement à la mortalité naturelle, on a estimé que la mortalité par la pêche était faible pour tous les âges pendant toute la série chronologique. Par conséquent, les variations de l’abondance et de la biomasse du stock de limande à queue jaune dans la division 4T semblent avoir été attribuables aux variations de la mortalité naturelle depuis 1985. La mortalité naturelle des poissons plus âgés et plus grands est actuellement anormalement élevée. La prédation par le phoque gris semble être une cause importante de cette mortalité élevée. L’estimation de la biomasse du stock reproducteur (BSR) a diminué de 50 % par rapport à sa biomasse de pointe au début des années 2000, soit beaucoup moins que la baisse de 95 % de l’abondance des poissons de grande taille (>=25 cm) ou âgés (6 ans et plus). Cela reflète un changement important dans la composition du stock reproducteur. La taille à 50 % de maturité a diminué de façon constante pour ce stock. Le stock reproducteur est passé d’un stock dominé par des poissons âgés de 7 ans et plus à un stock maintenant composé presque entièrement de poissons âgés de 4 ans et moins. Le point de référence limite (PRL) pour ce stock est estimé à 5 710 t dans la catégorie de longueur commerciale (>=25 cm). Le stock était estimé à 39 % du PRL en 2020, et la probabilité que le stock soit inférieur au PRL était estimée à 99 % de 2016 à 2020. La population a été projetée sur 10 ans en supposant que les conditions actuelles de productivité persisteraient pendant cette période. On a supposé que les prises s’élevaient à 0, 100 ou 300 t. La BSR estimée a diminué de plus de 50 % au cours de la projection sur 10 ans, avec un effet négligeable du niveau de prise sur la trajectoire. La biomasse estimée de la catégorie des poissons de grande taille a également été projetée sur 10 ans. La probabilité que le stock soit inférieur au PRL était estimée à 100 % pour toutes les années de projection. En conclusion, ce stock est bien inférieur au PRL et devrait continuer de diminuer même en absence de pêche. La situation actuelle de ce stock semble dépendre d’une forte mortalité naturelle plutôt que de la mortalité par la pêche. Toutefois, cette évaluation concerne l’ensemble du stock du sGSL. La pêche est maintenant limitée à la région des Îles-de- la-Madeleine. Elle pourrait jouer un rôle plus important dans cette région que dans l’ensemble du sGSL.
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