Document de recherche 2024/053
Exigences scientifiques pour le plan de rétablissement de la morue franche (Gadus morhua) du sud du golfe du Saint-Laurent (division 4T et sous-division 4Vn de l’OPANO de novembre à avril)
Par Turcotte, F., McDermid, J.L., Ricard, D.
Résumé
Le stock de morue franche (Gadus morhua) du sud du golfe du Saint-Laurent (division 4T et sous-division 4Vn [de novembre à avril] de l’Organisation des pêches de l’Atlantique du Nord-Ouest [OPANO]) se situe sous son point de référence limite (PRL) et dans la zone critique selon l’approche de précaution. Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) doit donc élaborer un plan de rétablissement pour ce stock aux termes des nouvelles dispositions relatives aux stocks de poissons de la Loi sur les pêches modifiée. Un plan de rétablissement comprend plusieurs éléments qui nécessitent un avis du Secteur des sciences du MPO, notamment : (i) l’état du stock; (ii) les causes de son déclin; (iii) la cible de rétablissement et son échéancier; (iv) des objectifs mesurables supplémentaires; (v) la probabilité de l’atteinte des objectifs de rétablissement au moyen des mesures de gestion; (vi) une méthode de suivi des progrès vers le rétablissement; et (vii) la fréquence de l’examen périodique du plan de rétablissement.
La taille du stock de morue du sud du golfe du Saint-Laurent (sGSL) remontant à 1917 a été estimée à l’aide d’un modèle de production excédentaire. La biomasse de la morue a dépassé la biomasse du rendement maximal durable jusqu’à la fin des années 1940. La biomasse a commencé à diminuer dans les années 1950, au moment où les prises ont commencé à augmenter à partir de valeurs stables. La biomasse de morue du sGSL en 2018 correspondait à 2,4 % de la biomasse de 1917. La source de dommages graves et la cause du déclin de la morue du sGSL sont la mortalité par pêche supérieure à celle de la mortalité par pêche au rendement maximal durable en 1955 et par la suite. D’autres sources de dommages graves, et probablement de conséquences d’une surpêche, comprennent un état durable de faible production et de faible biomasse, la surpêche menant à la diminution du recrutement, une mortalité naturelle élevée et un effet d’Allee causé par la prédation, une faible croissance et un mauvais état corporel, ainsi qu’une diminution de l’âge à la maturité.
Un examen des points de référence de la biomasse a généré un nouveau PRL calculé à l’aide du modèle statistique des prises selon l’âge; valeur initiale 0,25 B0. On estime qu’il correspond à une biomasse du stock reproducteur (BSR) de 210 000 t. Avec ce nouveau PRL, on estime maintenant que le stock a diminué jusque dans la zone critique en 1990.
En plus d’avoir une probabilité de 75 % d’être égal ou supérieur au PRL, la définition de la cible de rétablissement devrait inclure le fait que le stock doit être égal ou supérieur à ce niveau pendant quatre années consécutives et que les projections de la population doivent montrer que le stock exploité est susceptible de continuer sa trajectoire positive sur quatre années après l’atteinte de la cible.
Les projections ont montré qu’il est peu probable que le stock se rétablisse pour atteindre l’objectif de rétablissement dans les conditions actuelles même en l’absence de mortalité par pêche, et que les conditions environnementales qui permettraient d’inverser le déclin de la biomasse de la morue sont peu susceptibles de se produire. Les projections ont montré qu’à 300 t de morues capturées dans les prises accessoires, la BSR de la population dans 10 ans serait réduite de 10 %. À 500 t de morues capturées dans les prises accessoires, la BSR de la population dans 10 ans serait réduite de 16 %. Des objectifs mesurables supplémentaires concernant le plan de rétablissement devraient comprendre le rétablissement d’une structure selon l’âge tronquée, une amélioration de la taille et de l’état selon l’âge, le rétablissement de la répartition spatiale dans les eaux peu profondes, et la promotion du recrutement au moyen de la protection des frayères.
Les progrès du rétablissement feront l’objet d’un suivi à l’aide du relevé provisoire sur les indicateurs et des modèles d’évaluation des stocks. L’examen périodique du plan de rétablissement devrait suivre le cycle d’évaluation du stock qui dure quatre ans et devrait comprendre une mise à jour provisoire à mi-parcours.
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