Avis scientifique 2006/041
Identification des espèces et des attributs des communautés d’importance écologique
Sommaire
- L’identification des espèces et des attributs des communautés d’importance écologique n’est pas une stratégie générale visant à protéger toutes les populations et les communautés marines qui remplissent un certain rôle écologique. Il s’agit plutôt d’un moyen d’attirer l’attention sur une espèce ou un attribut d’une communauté qui a une importance écologique particulièrement élevée afin de faciliter l’application d’un degré d’aversion au risque plus grand qu’à l’habitude dans la gestion des activités humaines qui peuvent affecter de telles espèces ou de tels attributs des communautés.
- Les « critères » dont il est question dans le présent rapport correspondent aux attributs des écosystèmes qui ont une importance sur le plan écologique. Avec de tels « critères », nous ne pouvons pas déterminer qu’une espèce ou un attribut d’une communauté possède une importance sur le plan écologique si les conséquences, en cas de perturbation, touchent principalement les humains. Le processus d’identification des objectifs sociaux et économiques, y compris les espèces importantes sur le plan culturel, doit se dérouler dans le cadre plus vaste d’une gestion intégrée fondée sur des objectifs.
- Nous connaissons peu les processus écologiques qui affectent l’ensemble des espèces aquatiques, y compris ceux qui sont potentiellement affectés par l’activité humaine et que nous tentons de régir d’une façon durable. Ainsi, à la lumière de la meilleure information disponible, de nombreuses espèces et de nombreux attributs des communautés peuvent NE PAS être considérés comme exceptionnellement importants sur le plan écologique mais, si nous les étudions davantage, ils peuvent se révéler tout aussi importants que les parties de l’écosystème auxquelles nous accordons une priorité très élevée relativement à ces critères.
- L’échelle écologique est un facteur clé dans le rôle écologique d’une d’espèce ou d’un attribut d’une communauté. Aussi, l’importance écologique d’une d’espèce ou d’un attribut d’une communauté doit toujours être interprétée à la fois en fonction d’échelles spatiales et d’échelles temporelles.
- Des critères existent pour évaluer quatre types d’espèces et d’attributs des communautés d’importance écologique.
- Les cas les plus directs et les plus faciles à gérer sont les évaluations de l’importance écologique fondées sur l’espèce – c’est-à-dire, identifier une espèce et gérer potentiellement son incidence sur la structure et la fonction de l’écosystème. Une pareille situation survient notamment lorsqu’une espèce joue un rôle trophodynamique essentiel (type 1);
- ou lorsqu’elle fournit une structure tridimensionnelle importante pour la biodiversité et la productivité (type 2).
- Au-delà du niveau de l’espèce, nous trouvons les attributs globaux de l’écosystème qui sont eux-mêmes essentiels au maintien de la structure et de la fonction de l’écosystème (type 3).
- Les espèces ou les groupes d’espèces, s’ils sont abondants, peuvent constituer une menace particulière pour la structure et la fonction de l’écosystème et peuvent devoir faire l’objet d’une gestion améliorée de leur importance écologique, une gestion qui permet de régir leur abondance et/ou leur répartition et non de les protéger et de les mettre en valeur (type 4).
- La meilleure approche pour identifier les espèces d’importance écologique d’après leurs rôles trophiques consiste à évaluer la force d’interaction de toutes les espèces du réseau trophique. Actuellement, nous n’avons toutefois pas l’information nécessaire pour quantifier la répartition des forces d’interaction entre les espèces dans la quasi-totalité des réseaux trophiques aquatiques. Lorsque nous ne pouvons pas identifier directement les espèces qui ont une grande force d’interaction, la meilleure pratique scientifique pour les relations trophiques consiste à mettre l’accent sur les principaux rôles trophiques, qui sont notamment ceux joués par :
- les espèces fourrages;
- les prédateurs fortement influents;
- les espèces qui importent (et qui exportent) des substances nutritives;
- la production primaire et la décomposition, qui sont également essentielles pour la structure et la fonction de l’écosystème. Cependant, elles peuvent être moins utiles comme critères pour évaluer l’importance écologique d’une espèce du fait qu’il est souvent difficile de les associer à des espèces en particulier. Cependant, elles sont souvent limitées à des lieux qui répondent aux critères des ZIEB et, ainsi, reçoivent souvent une protection améliorée par des approches de gestion à l’échelle spatiale.
- L’évaluation des espèces formant des structures physiques nous oblige à évaluer l’effectif de l’espèce, la qualité de l’habitat structurel fourni et l’importance de l’habitat structurel vis-à-vis de la structure et de la fonction de l’écosystème dans son ensemble.
- La formulation d’un avis pour la gestion est également possible pour les attributs des communautés au-delà du niveau de l’espèce bien que, avec les connaissances actuelles, peu de critères puissent être opérationnalisés pour évaluer l’importance écologique des attributs de ces communautés. Cependant, on s’attend à ce que la recherche sur les attributs des communautés de l’écosystème augmente la spécificité des avis scientifiques fondés sur les communautés que nous pourrons formuler. Les critères proposés actuellement incluent :
- les attributs fondés sur la taille;
- la distribution statistique de l’abondance et/ou la de biomasse entre les espèces.
- L’établissement d’objectifs de conservation et la prise de mesures de gestion prises vis-à-vis d’une espèce considérée comme étant une menace pour la structure et la fonction de l’écosystème dépend de nombre de facteurs, notamment de la nature de la menace, des valeurs sociales et de l’applicabilité des mesures de gestion. En fait, ce critère fait ressortir la nécessité de discussions centrées sur ces sujets. Parmi les types d’espèces qui doivent être pris en considération, mentionnons :
- les espèces envahissantes;
- les espèces nocives ou toxiques.
- Deux facteurs supplémentaires, soit la rareté et la vulnérabilité/potentiel de rétablissement, ont une incidence sur l’application des critères susmentionnés et peuvent accroître légèrement le rang d’une espèce ou d’un attribut d’une communauté dans l’ordre des priorités.
- Le MPO doit combler rapidement les lacunes au chapitre des connaissances indiquées dans le présent rapport. Les scientifiques doivent surveiller avec vigilance les changements touchant d’autres attributs, tandis que les gestionnaires doivent réagir aux principaux changements constatés, même si nous ne comprenons pas complètement l’importance écologique de chaque changement.
- De façon générale, l’utilisation de cet ensemble de critères pour évaluer l’importance écologique d’une espèce et associer l’évaluation au degré d’aversion au risque voulu au niveau de la gestion représente un changement fondamental dans le fondement conceptuel de la gestion.
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