Avis scientifique 2010/033
Évaluation écologique du crabe vert (Carcinus maenas) envahissant à Terre-Neuve entre 2007 et 2009
Sommaire
Dynamique des populations de crabes verts
- À la suite des premiers signalements de crabes verts envahissants à North Harbour, dans la baie de Plaisance, à Terre-Neuve en août 2007, l’espèce s’est rapidement disséminée dans plusieurs zones des baies de Plaisance et St. Georges, sur la côte ouest de l’île.
- La présence de nombreuses classes de taille, qui reflètent les multiples classes d’âge, indique qu’une population reproductrice de crabes verts s’est établie dans la portion nord de la baie de Plaisance et que son abondance est de plusieurs ordres de grandeur plus élevée que ne l’étaient les populations documentées par le passé dans les provinces des Maritimes ainsi que dans la partie ouest des États-Unis et du Canada.
- Des analyses génétiques du crabe vert à Terre-Neuve ont révélé l’existence d’une étroite relation avec une population de crabes verts tolérante au froid introduite dans les Maritimes vers la fin des années 1980. Le trafic maritime est l’activité humaine qui constitue vraisemblablement le principal vecteur d’introduction à Terre‑Neuve.
- En ce qui concerne l’information relative à la dynamique des populations, il existe une grave lacune dans les connaissances sur la densité des populations de crabes verts.
Répercussions biologiques du crabe vert sur les habitats et les espèces indigènes
- Dans les zones où le crabe vert est abondant, cette espèce a d’importantes répercussions sur les espèces de mollusques et de crustacés, d’intérêt commercial ou non, ainsi que sur l’habitat naturel.
- Il existe un lien direct entre le crabe vert envahissant et le crabe commun (Cancer irroratus), une espèce indigène de Terre-Neuve, cette dernière semblant être délogée ou consommée par le crabe vert envahissant. Dans des zones où l’invasion par le crabe vert est élevée ou même modérée, des déclins et des répercussions négatives similaires concernant des espèces indigènes de crabes d’autres régions de l’Amérique du Nord ont été signalés.
- On a établi que les mollusques et les crustacés étaient les principales proies du crabe vert à Terre-Neuve (comme c’est le cas dans d’autres régions). Les gisements de myes et de pétoncles, en particulier de petits pétoncles, sont touchés par les concentrations élevées de crabes verts dans les zones où ces gisements sont moins profonds. La prédation exercée sur le homard est très préoccupante, des analyses du contenu intestinal, des essais en laboratoire et des rapports anecdotiques indiquant que le crabe vert peut s’attaquer et s’attaque effectivement aux homards juvéniles de même qu’aux adultes pris dans des casiers.
- On a constaté une réduction visible de l’étendue des zostères au cours des dernières années à Terre‑Neuve, aux endroits où les crabes verts affichent une concentration élevée. À beaucoup endroits en Amérique du Nord, il a été démontré que le crabe vert, par son comportement fouisseur – que ce soit pour s’abriter ou pour trouver de la nourriture – réduit de façon substantielle la quantité de zostères disponible et la couverture offerte par cet habitat important des points de vue de l’écologie et de la biologie.
- Bien que des recherches aient démontré que le crabe vert a une incidence sur la biodiversité et l’habitat, les seuils relatifs à ses répercussions et au nombre critique de crabes verts par zone n’ont pas encore été déterminés; il s’agit grave lacune dans les connaissances.
Mesures d’atténuation et leur efficacité pour limiter les populations de crabes verts
- On a établi que le prélèvement direct de crabes verts à l’aide de casiers était une mesure d’atténuation efficace qu’il convenait d’évaluer. La pêche au casier est une méthode de lutte expérimentale actuellement utilisée en Californie, à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, en Nouvelle‑Écosse et à Terre-Neuve.
- Dans tous les cas (parmi les régions), des analyses des méthodes de pêche au casier indiquent que les taux de prises diminuent si cette pêche est concentrée. Une pêche au casier menée en continu réduit graduellement la taille moyenne du crabe vert, le faisant tôt ou tard passer du statut de prédateur à celui de proie en raison de sa taille qui le rend plus vulnérable face à plusieurs espèces indigènes de prédateurs, comme des oiseaux de rivage ou d’autres crustacés de plus grande taille.
- Dans les zones de pêche intensive au casier, le nombre de crabes communs, une espèce indigène, a généralement connu une hausse au fil du temps.
- La pêche intensive au casier semble être une méthode de lutte efficace pour atténuer les effets des invasions par le crabe vert; toutefois, on doit encore définir précisément, en tenant compte d’environnements précis, les seuils relatifs aux densités des populations de cette espèce, les calendriers de mise en œuvre des mesures en fonction des répercussions constatées ainsi que les mesures du succès.
- Même si l’information dont on dispose est incomplète ou inappropriée et que beaucoup d’incertitude y est rattachée, la lutte contre cette espèce, par tous les moyens appropriés, est soutenue par l’approche de précaution du fait que le crabe vert a été signalé, à la suite d’exercices d’évaluation nationale du risque, comme étant une espèce présentant un risque élevé de répercussions sur l’écologie et l’économie.
Le présent avis scientifique découle d'une réunion de consultation scientifique régionale du 17 mars 2010 sur l'évaluation écologique du crabe vert (Carcinus maenas) envahissant à Terre-Neuve entre 2007 et 2009, du Secrétariat canadien de consultation scientifique de Pêches et Océans Canada. Toute autre publication découlant de ce processus sera publiée lorsqu’elle sera disponible sur le calendrier des avis scientifiques du secteur des Sciences du MPO.
Avis d’accessibilité
Ce document est disponible en format PDF. Si le document suivant ne vous est pas accessible, veuillez communiquer avec le Secrétariat pour l’obtenir sous une autre forme (par exemple un imprimé ordinaire, en gros caractères, en braille ou un document audio).
- Date de modification :