Avis scientifique 2014/021
Évaluation du potentiel de rétablissement du saumon de l’Atlantique de l’extérieur de la baie de Fundy
Sommaire
- En novembre 2010, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné le saumon de l'Atlantique (Salmo salar) de l'unité désignable 16 de l'extérieur de la baie de Fundy comme une espèce en voie de disparition.
- Il est estimé que 20 rivières abritent ou ont déjà abrité des populations de saumon de l'Atlantique de l'extérieur de la baie de Fundy. Seul l'habitat situé à l'intérieur des frontières canadiennes a été pris en compte pour évaluer les menaces, aussi qu’établir l'abondance et fixer les objectifs de rétablissement pour l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy. La rivière Saint-Jean et ses affluents en amont du barrage de Mactaquac sont considérés comme un seul bassin hydrographique et, par conséquent, ils représentent une des vingt rivières. Toutes les 20 rivières sont influencées par l'incursion d'eau de marée ou rencontrent directement les marées de la baie de Fundy.
- Malgré les récentes diminutions dans la taille de la population, les mesures de la variation génétique au sein des échantillons analysés des populations de saumon de l'Atlantique de l'extérieur de la baie de Fundy étaient relativement élevées. Ils étaient plus élevés que ceux observés dans les collectes d'échantillons comparables des populations de l'intérieur de la baie de Fundy et des hautes terres du Sud, mais similaires à ceux des populations de l'est du Cap-Breton et du nord du Nouveau-Brunswick, ou légèrement plus bas. Les comparaisons de la variation des populations dans les observations microsatellites indiquent que les populations de l'extérieur de la baie de Fundy sont regroupées ensemble en plus d'être séparées de toutes les autres populations analysées dans les provinces maritimes, y compris des populations de l'intérieur de la baie de Fundy, à proximité.
- Un modèle de régression linéaire logarithmique et un modèle de fonction en escalier (rapport) ont été utilisés pour prédire les déclins dans l'abondance de la population au cours des 15 prochaines années. Les analyses des tendances pour l'ensemble de l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy indiquent des déclins similaires de 64 % et 65 % dans l'abondance totale de la population de saumons adultes au cours des 15 dernières années.
- Pendant la même période, les montaisons de saumons unibermarins de cette unité désignable ont diminué de 68 % à 73 %, un déclin légèrement plus élevé que celui déterminé pour les saumons pluribermarins, soit de 52 % à 68 %. Les saumons pluribermarins comprennent les poissons qui retournent à leur rivière natale après un ou plusieurs hivers en mer et les saumons multifrai. Les plus importants déclins ont été observés dans les montaisons totales vers la rivière Magaguadavic (de 80 % à 92 %)
- En 2012, les montaisons totales étaient estimées à 194 saumons unibermarins (poissons d'écloserie et poissons sauvages) et à 371 saumons pluribermarins, pour un total combiné de seulement 565 saumons dans l'ensemble de l'unité désignable, le plus bas taux de la série chronologique.
- Les faibles taux de montaisons des adultes observés en 2012, les plus bas jamais enregistrés, suivent deux années d'abondance accrue des adultes, alors que les montaisons de l'unité désignable étaient estimées à environ 11 500 (2010) et 8 000 (2011).
- En 2009, les relevés de la pêche à l'électricité à 189 sites situés dans la plupart des rivières et affluents de la région de l'extérieur de la baie de Fundy indiquaient que le saumon (juvéniles) se trouve toujours dans 15 des 20 rivières à saumon, mais que son abondance est faible dans la majorité de celles-ci.
- L'objectif de rétablissement proposé pour le saumon de l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy comprend à la fois des composantes d'abondance et de répartition. Les objectifs de répartition à court terme sont basés sur sept critères visant à maintenir le génotype, le phénotype et la représentation géographique de l'unité désignable tout en offrant la meilleure possibilité de rétablissement. Les objectifs d'abondance sont établis au moyen de la ponte requise pour la conservation, soit 2,4 œufs par mètre carré d'habitat productif.
- Les rivières visées par l'objectif de répartition à court terme comprennent la rivière Saint-Jean et ses affluents en amont du barrage de Mactaquac (spécifiquement Tobique, Shikatehawk et Becaguime), cinq rivières en aval du barrage de Mactaquac (Keswick, Nashwaak, Canaan, Kennebecasis et Hammond) et une rivière du réseau de l'extérieur de la baie de Fundy (Digdeguash). Ensemble, ces rivières représentent 56 % de l'habitat productif du saumon dans la région de l'extérieur de la baie de Fundy.
- L'objectif d'abondance à court terme pour l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy est d'atteindre chaque année la ponte requise pour la conservation dans les sept rivières prioritaires sélectionnées pour les objectifs de répartition. Cet objectif se traduit par environ 54,4 millions d'œufs qui pourraient être produits par 23 500 saumons adultes (17 000 unibermarins et 6 500 pluribermarins) dans les 22,62 millions de mètres carrés de la zone d'habitat productif.
- L'objectif d'abondance à long terme, basé sur 2,4 œufs par mètre carré, est de 97 millions d'œufs dans les 40,46 millions de mètres carrés d'habitat productif actuellement accessibles. Cette ponte d'œuf pourrait être produite par 41 200 saumons adultes (29 700 unibermarins et 11 500 pluribermarins selon les caractéristiques biologiques actuelles).
- Le taux de reproduction maximal à vie (le nombre maximal de reproducteurs produits par reproducteur dans l'ensemble de sa vie à une très faible abondance) pour la population de la rivière Nashwaak a diminué, passant d'une moyenne de 2,49 pour la période de 1973 à 1982 à une moyenne de 1,13 pendant les années 2000. Ces taux sont très faibles pour le saumon de l'Atlantique et indiquent que la population de la rivière Nashwaak est à risque d'extinction en raison d'une capacité réduite de rétablissement après des années de faibles taux de survie pouvant être causés par des événements environnementaux ou des activités humaines.
- Les analyses de viabilité indiquent que l'abondance de la population de la rivière Nashwaak, un repère pour les populations dans la rivière Saint-Jean en aval du barrage de Mactaquac, continuera de diminuer dans les conditions actuelles. La productivité en eau douce devrait augmenter en raison d'une augmentation dans l'abondance de la population et d'une diminution de la probabilité d'extinction. Des augmentations dans la productivité en eau douce et la survie en mer sont nécessaires pour que la probabilité d'atteindre les objectifs de rétablissement soit supérieure à 90 %.
- Pour la population de la rivière Tobique, le nombre de reproducteurs remplacés d'une génération à l'autre, à savoir le taux de reproduction maximal à vie, a été estimé à 0,18; ce taux indique que le nombre de reproducteurs se trouve bien en deçà du nombre nécessaire au remplacement et que la population n'est pas viable. Cette population disparaîtra du pays à moins que le taux augmente. Les taux de production en eau douce, de survie en aval de la passe à poisson et de survie en mer pour la population de la rivière Tobique ont tous augmenté et atteint les objectifs de rétablissement.
- Certaines caractéristiques des frayères répondent aux exigences en matière de résidence.
- Les sept rivières et affluents visés par l'objectif de répartition à court terme et leurs estuaires constituent un important habitat et sont nécessaires à la réalisation du cycle vital du saumon de l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy. Les renseignements disponibles permettent seulement de définir l'aire de répartition générale entre l'extérieur de la baie de Fundy et la mer du Labrador, et non les limites importantes de l'habitat marin.
- Les éléments fonctionnels de l'habitat en eau douce, y compris les caractéristiques et paramètres connexes, sont bien connus pour le saumon de l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy.
- Il est estimé que 41,75 millions de mètres carrés d'habitat productif en eau douce ont déjà été disponibles dans la zone occupée par le saumon de l'extérieur de la baie de Fundy; 40,46 millions de mètres carrés sont toujours accessibles. Les passes à poisson offrent un accès à 41,1 % de cette zone. Les obstacles anthropiques dans les rivières Monquart, Nackawic et Musquash empêchent totalement le saumon d'accéder à environ 1,30 million de mètres carrés d'habitat productif; d'autres obstacles (on en compte plus de 200 dans la région) et problèmes de passage à certaines traversées routières touchent l'accès à l'habitat dans cette région.
- Selon les données sur le marquage, l'habitat marin du saumon de l'unité désignable de l'extérieur de la baie de Fundy comprend une vaste répartition spatiale et temporelle de la baie de Fundy et du golfe du Maine jusqu'aux côtes atlantiques de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador, y compris la mer du Labrador et la côte ouest du Groenland. Rien n'indique que l'aire de répartition en mer a diminué. Toutefois, les éléments fonctionnels de l'habitat marin sont relativement moins bien connus.
- En eau douce, les barrages hydroélectriques et les activités de pêche illégales sont considérés comme les menaces les plus préoccupantes.
- Le retrait de saumons adultes des rivières de l'extérieur de la baie de Fundy constitue une importante menace pour les populations et une perte directe de reproducteurs.
- Pour de nombreuses activités dont le niveau de dommages est très faible, l'effet sur le risque d'extinction ne peut probablement pas être mesuré. Par exemple, dans le cas de la construction d'un pont ou d'un ponceau, seule une faible partie de la population peut être touchée par l'activité. Dans d'autres cas, notamment les activités scientifiques (par exemple la surveillance des poissons juvéniles par pêche à l'électricité), l'amélioration de l'habitat et la pêche récréative d'autres espèces, la faible augmentation du risque d'extinction peut être contrebalancée par certains avantages, y compris l'amélioration des conditions pour le saumon et l'augmentation des connaissances sur l'état de la population.
- Les possibles mesures d'atténuation en eau douce pour les menaces de haut niveau comprennent : la mise en œuvre et l'amélioration des passes à poisson en aval, le retrait ou la rénovation des réservoirs et des barrages, l'amélioration des activités d'éducation et de sensibilisation du public ainsi que l'intensification des activités d'application dans les secteurs préoccupants.
- Les menaces en milieu marin pour lesquelles le niveau de préoccupation est élevé comprennent (sans ordre d'importance) : les changements dans les conditions marines (qui ont des effets sur les températures, les courants et les interactions entre les prédateurs et les proies), l'aquaculture de salmonidés, le phénomène de dépression des populations de même que les maladies et les parasites.
- Les possibles mesures d'atténuation en milieu marin pour les menaces de haut niveau comprennent : l'application de critères de choix du site pour les activités aquacoles basés sur la science, des régimes de gestion des fugitifs, une meilleure gestion de la santé des poissons, une conformité et une application accrues des pratiques de gestion exemplaires et une amélioration des activités d'éducation et de formation pour l'industrie.
Le présent avis scientifique découle de la réunion du 19 au 22 février 2013 sur l'Évaluation du potentiel de rétablissement de saumon atlantique (unité désignable de l’extérieur de la baie de Fundy). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu'elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
Ce document est disponible en format PDF. Si le document suivant ne vous est pas accessible, veuillez communiquer avec le Secrétariat pour l’obtenir sous une autre forme (par exemple un imprimé ordinaire, en gros caractères, en braille ou un document audio).
- Date de modification :