Avis scientifique 2016/018
Scénarios de réduction des populations de phoques du Groenland (Pagophilus groenlandicus) de l’Atlantique Nord-Ouest
Sommaire
- Les phoques du Groenland de l’Atlantique Nord-Ouest sont chassés dans les eaux du Canada et du Groenland. Après avoir atteint un sommet de 355 000 captures déclarées en 2006, les captures ont diminué pour atteindre 35 000 animaux en 2015. Au Groenland, depuis 2003, les captures annuelles ont oscillé entre 66 100 et 92 200 phoques. Les prélèvements dans l’Arctique canadien sont quant à eux demeurés faibles (< 1 000 individus). Les prélèvements additionnels comprennent les prises accessoires ainsi que les estimations d'animaux qui ont été tués, mais qui n'ont pas été récupérés (abattus et perdus). Les prélèvements totaux ont été de moins de 250 000 individus annuellement depuis 2009.
- Les femelles âgées de huit ans et plus (8 +) comptent pour environ 70 % de la production de petits. Les taux de gestation pour ces âges, qui étaient élevés durant les années 1960, ont décliné depuis le milieu des années 1990. Les taux de gestation annuels ont considérablement fluctué, surtout depuis le début des années 2000.
- Le modèle d'évaluation de la population a utilisé comme données d'entrée les estimations de production de petits de la série chronologique, y compris l'estimation pour 2012, ainsi que les taux de reproduction, les estimations de la mortalité causée par les glaces et les renseignements concernant la chasse pour 2013. Le modèle estime la production de petits en 2012 à 929 000 (écart-type [ET] = 148 000) et la population totale à 7 445 000 phoques (ET = 698 000).
- La Stratégie de gestion du phoque de l’Atlantique détermine trois niveaux de référence fondés sur la population maximale observée, désigné par le terme Nmax. Le premier niveau de référence est un niveau de référence de précaution N70, fixé à 70 % du Nmax. Le point de référence limite N30, est fixé à 30 % du Nmax. Selon le modèle actuel, la population maximale est estimée à 7,8 millions d'animaux, le niveau de référence de précaution est de 5,5 millions de phoques, et le point de référence limite est de 2,3 millions d'individus.
- Les impacts des différentes options de captures canadiennes sur la population projetée ont été mis à l'essai dans le cadre de deux scénarios. Le premier scénario (modèle A) supposait que les taux de reproduction et les prises dans les eaux du Groenland étaient similaires à ceux observés au cours des dix dernières années. Le deuxième scénario (modèle B) supposait une hausse du taux de reproduction et une diminution des prises dans les eaux du Groenland lorsque la population décline (c'est-à-dire une compensation dépendante de la densité).
- Dans les deux scénarios, le nombre d'individus qui doivent être prélevés à chaque année dépend fortement de la composition selon l'âge de la récolte, et de la vitesse à laquelle la réduction a été réalisée. En général, un nombre plus élevé de phoques doit être prélevé à chaque année si la réduction est effectuée plus rapidement, ou si elle implique un plus grand nombre de jeunes de l'année.
- Les captures annuelles nécessaires pour réduire la population à 6,8 millions d'individus étaient similaires dans les deux scénarios. Toutefois, les prélèvements annuels nécessaires pour réduire la population à 5,4 millions étaient beaucoup plus élevés pour le modèle avec dépendance de la densité (modèle B). Une réduction à 5,4 millions d'individus, en supposant des prises annuelles de 90 % de jeunes de l'année sur 5 ans, n'est pas possible, quel que soit le scénario.
- Dans la majorité des scénarios, après que la population a été réduite, les prises annuelles ont dû être diminuées considérablement pour permettre à la population de rester au-dessus du point de référence limite.
- Ces résultats de simulation sont très sensibles aux hypothèses du modèle et ne devraient être considérées qu'à titre indicatif. Les deux scénarios représentent deux situations peu probables, l'un supposant que les taux de reproduction et les prises ne changeront pas en réponse à des changements dans la population totale, tandis que l'autre suppose une compensation totale des taux de reproduction et des prises dans le cas d'un déclin de la population. D'après les changements historiques dans les taux de reproduction, nous nous attendons à une certaine compensation dépendante de la densité, mais les récents changements environnementaux suggèrent qu'elle ne sera peut-être pas totale. L'estimation de la capacité de support est fondée sur les conditions historiques et pourrait avoir changé. Par conséquent, les résultats présentés ici ne sont valables que dans le contexte des scénarios de modélisation examinés dans la présente étude.
Le présent avis scientifique découle du processus national d'examen par les pairs de la Réunion annuelle du Comité national d'examen par les pairs sur les mammifères marins (CNEPMM) tenue du 20 au 23 octobre 2015. Tout autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu'elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifique de Pêches et Océans Canada.
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