Avis scientifique 2018/050
Évaluation du potentiel de rétablissement de la truite arc-en-ciel (Onchorhyncus mykiss) des unités désignables des rivières Thompson et Chilcotin
Sommaire
- Cette évaluation du potentiel de rétablissement de la truite arc-en-ciel des rivières Chilcotin et Thompson porte sur les unités désignables (UD) des rivières Chilcotin et Thompson. Ces deux UD ont été évaluées comme étant en voie de disparition par le COSEPAC au terme d’une évaluation d’urgence réalisée en janvier 2018.
- Le nombre estimatif de poissons matures étant retournés en eau douce depuis la mer à l’automne 2017 et ayant frayé au printemps 2018 était de 150 pour l’UD de la rivière Thompson et de 77 pour l’UD de la rivière Chilcotin. Le déclin estimé pour les reproducteurs de l’espèce au cours des trois dernières générations était de 79 % (sur 15 ans) pour l’UD de la rivière Thompson, et 81 % (sur 18 ans) pour l’UD de la rivière Chilcotin.
- Étant donné les délais réduits imposés par l’évaluation d’urgence, les conseils présentés dans cette évaluation du potentiel de rétablissement concernent seulement un sous-ensemble des éléments requis dans le cadre d’une évaluation du potentiel de rétablissement exhaustive. Les éléments laissés de côté seront abordés ultérieurement au cours des processus de la Loi sur les espèces en péril.
- Les menaces et les facteurs limitatifs repérés comme étant les plus pertinents pour la survie et le rétablissement de la truite arc-en-ciel comprennent les changements apportés au milieu marin, la mortalité par pêche, la dégradation des habitats marin et d’eau douce, et la prédation et la concurrence. Des catégories générales de menaces et de facteurs limitants ont été convenus, mais la justification et la notation du niveau d'impact, de la certitude du lien de causalité et du risque de menace comportaient une plus grande incertitude et nécessiteraient des informations et une évaluation plus poussées.
- L’objectif de répartition recommandé vise à conserver le niveau actuel d’occupation dans les habitats d’eau douce, et par conséquent d’éviter toute réduction de l’aire de répartition en eau douce. On recommande cinq sous-zones spatiales au sein des aires de frai et d’élevage des juvéniles dans l’UD de la rivière Thompson, y compris dans le bras principal, ainsi que deux sous-sections spatiales dans l’UD de la rivière Chilcotin. Ces objectifs de répartition sont conformes au niveau actuel d’occupation dans les habitats d’eau douce, et par conséquent semblent être suffisants pour éviter toute réduction de l’aire de répartition en eau douce.
- L’objectif de rétablissement recommandé en matière d’abondance pour la truite arc-en-ciel dans l’UD de la rivière Thompson est de 938 reproducteurs. Cette valeur, qui répond également à l’objectif de répartition, correspond aux échappées totales dans l’UD qui donnent une probabilité de 95 % que la montaison comprenne au moins 100 reproducteurs dans chacune des cinq sous-zones au cours de la même année
- L’objectif de rétablissement recommandé en matière d’abondance pour la truite arc-en-ciel dans l’UD de la rivière Chilcotin est compris entre 562 et 744 reproducteurs, en s’appuyant sur une exigence normalisée en fonction de la longueur comprise entre 1,8 et 2,4 reproducteurs par km. Cela correspond également à l’objectif immédiat de répartition pour l’UD de la rivière Chilcotin.
- Les simulations modélisées indiquent que de futures augmentations de l’abondance dans les deux UD dépendant des améliorations apportées à la productivité naturelle. La baisse du taux d’exploitation (mortalité par pêche) pourrait permettre de limiter les taux de déclin si les plus récents taux de productivité observés perdurent à l’avenir. Cependant, l’élimination de l’exploitation ne permettra pas seule d’assurer le rétablissement de la population.
- Des incertitudes en ce qui concerne les estimations du taux d’exploitation, le taux de pêche fixe en estuaire non pris en compte, et les variations en ce qui concerne les échappées ont été relevées, et elles peuvent potentiellement avoir une incidence sur la productivité estimée de chaque population.
- En ce qui concerne l’UD de la rivière Thompson, les simulations estiment que si les niveaux de productivité de la dernière année demeurent semblables (recrues/reproducteur), on ne prévoit pas de rétablissement, peu importe le taux d’exploitation. Si les taux de productivité sont multipliés par deux (à 5 ans et à 10 ans), la probabilité estimée du rétablissement dépasse 47 % pour tous les taux d’exploitation. Cependant, si la productivité à 1 an double, la probabilité estimée de rétablissement est de 12 % ou moins pour tous les taux d’exploitation.
- En ce qui concerne l’UD de la rivière Chilcotin, les simulations estiment que la probabilité de rétablissement est nulle pour tous les taux d’exploitation si les niveaux de productivité de la dernière année perdurent; cependant, la probabilité de rétablissement dépasse 39 % pour tous les taux d’exploitation si la productivité augmente pour atteindre le niveau moyen sur cinq ans. Si les taux de productivité sont multipliés par deux (à 5 ans et à 10 ans), la probabilité estimée du rétablissement dépasse 74 % pour tous les taux d’exploitation.
- Étant donné les niveaux d’abondance très faibles et en baisse dans les UD des rivières Thompson et Chilcotin, toute menace pourrait entraver ou retarder le rétablissement potentiel et causer des baisses supplémentaires de l’abondance. Les dommages admissibles ne doivent pas dépasser les niveaux actuels, et être réduits au minimum. La prévention et l’atténuation de la destruction de l’habitat, la restauration de l’habitat endommagé et la réduction des taux d’exploitation constituent des mesures qui doivent être prises immédiatement afin d’augmenter la probabilité que les dommages admissibles ne dépassent pas les niveaux actuels et d’assurer le rétablissement si la productivité augmente.
Le présent avis scientifique découle de la réunion régional par les pairs du 20 au 21 septembre 2018 sur Évaluation du potentiel de rétablissement de la truite arc-en-ciel (Onchorhyncus mykiss) des unités désignables des rivières Thompson et Chilcotin. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
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