Avis scientifique 2020/028
Conditions océanographiques dans la zone atlantique en 2019
Sommaire
- Les moyennes mensuelles de la température de la surface de la mer ont été généralement inférieures à la normale durant les mois libres de glace de 2019 jusqu’en juillet, y compris des records (depuis 1982) en mars dans les divisions de l’OPANO 3P et 4V. Les températures ont été normales à supérieures à la normale pour le maximum saisonnier atteint en août, mais ont baissé très subitement en septembre le long du passage de la tempête tropicale Dorian au début septembre. Les vents de plus de 100 km/h ont mélangé la colonne d’eau jusqu’à des profondeurs dépassant 35 m par endroit, baissant la température de surface d’autant que de 8 °C et l’augmentant d’autant en profondeur. La température moyenne en septembre était alors à un niveau record de froid dans le golfe du Saint-Laurent ainsi que sur le banc Saint-Pierre et le plateau néo-écossais (divisions OPANO 3P, 4V et 4W). Les températures sont demeurées stables dans l’épaisse couche mélangée jusqu’à ce que la température de l’air refroidisse sous la température de l’eau, conduisant à des températures de surface supérieures à la normale en novembre sur le plateau néo-écossais et l'est du golfe du Maine et la baie de Fundy.
- Les températures de la surface de la mer moyennées durant les mois libres de glace étaient normales à supérieures à la normale sur le plateau du Labrador et dans la partie nord du plateau de Terre-Neuve, et ont varié entre inférieures à près de la normale au sud et à l’est du plateau de Terre-Neuve. Malgré les disparités régionales, la moyenne zonale et saisonnière était inférieure à la normale pour la première fois depuis 1992. Cependant, cette moyenne aurait été presque normale sans la tempête tropicale Dorian.
- L'étendue moyenne des glaces de mer en hiver était inférieure à la normale sur le plateau de Terre-Neuve-et-Labrador et près de la normale dans le golfe du Saint-Laurent. Cependant, la glace s’est formée beaucoup plus tôt que la normale dans les eaux côtières de l’ouest et du sud du golfe, et la première occurrence en novembre dans l’estuaire supérieur était la plus hâtive de la série.
- Les conditions de la couche intermédiaire froide estivale étaient de près de la normale à plus chaudes que la normale dans l’ensemble de la zone. Les données de la section Baie Blanche ne sont pas disponibles à cause de la disponibilité limitée des navires de recherche.
- Les températures sur le fond marin étaient principalement supérieures à la normale dans toute la zone, à l’exception des Divisions OPANO 3LNO où elles étaient près de la normale. Les températures élevées incluaient un record centenaire dans les eaux plus profondes du nord du golfe du Saint-Laurent, un record de série dans le bassin d’Émeraude à 250 m, de même que la seconde valeur la plus élevée à 200 m de profondeur dans le bassin de Georges.
- Aux stations d’échantillonnage à haute fréquence Rimouski et Vallée de Shediac, la stratification saisonnière était supérieure à la normale et la moyenne 0–50 m de la salinité était inférieure à la normale. Les deux étaient associées à la plus grande crue printanière du Saint-Laurent depuis 1974. La température moyenne saisonnière 0–50 m était aussi supérieure à la normale à ces deux stations (record de série à Vallée de Shediac). La température près du fond à la station Rimouski était aussi à un niveau record élevé. La stratification était inférieure à la normale à la Station 27 et Halifax 2.
- Le courant du Labrador a faibli en comparaison à 2018 sur la pente de Terre-Neuve-et-Labrador, devenant près de la normale.
- Les inventaires de sels nutritifs en profondeur variaient entre la normale et supérieur à la normale sur le plateau de Terre-Neuve-et-Labrador et dans le golfe du Saint-Laurent, mais étaient principalement inférieurs à la normale sur le plateau néo-écossais. Des records élevés de série ont eu lieu sur la section Île Seal ainsi qu’à la station Rimouski. Le record élevé à la station Rimouski représente un grand changement depuis le record observé en 2018 de la valeur la plus faible.
- Les inventaires annuels de chlorophylle a étaient supérieurs à la normale sur la majeure partie du plateau de Terre-Neuve-et-Labrador et du nord du golfe du Saint-Laurent, mais étaient inférieurs ou près de la normale dans le sud du golfe et sur le plateau néo-écossais.
- Le début de la floraison printanière du phytoplancton a été très variable au travers de la zone. Elle était précoce dans le bassin St-Anthony, Le Platier et l’est du plateau néo-écossais, et elle était retardée sur le plateau nord-est de Terre-Neuve, le nord-ouest du golfe et le banc Western. L'intensité de la floraison était généralement inférieure à près de la normale, incluant un record inférieur sur le banc de Georges. La durée de la floraison était supérieure à la normale sur le plateau de Terre-Neuve-et-Labrador, atteignait un record dans le bassin St-Anthony et Le Platier. Elle était aussi plus longue que la normale sur le plateau madelinien et l’est du plateau néo-écossais, mais elle était plus courte ou près de la normale dans les autres régions du golfe et du plateau néo-écossais.
- Les changements dans la communauté de zooplancton observé au cours des années récentes (2014–2018), caractérisées par une plus faible abondance du gros copépode Calanus finmarchicus qui est riche en énergie, une plus grande abondance de petits copépodes et de non-copépodes, a persisté en 2019 en dépit d’une apparente amorce d’une tendance vers des conditions normales en 2018. L’abondance de Calanus finmarchicus est demeurée près ou inférieure à la normale au travers de la majeure partie de la zone, à l’exception de l’est du golfe Saint-Laurent et de Prince 5. L’abondance de Pseudocalanus spp. était normal à au-dessus de la normale dans toute la zone, de même que pour les abondances de non-copépodes.
- La biomasse du zooplancton était généralement inférieure à la normale dans la zone. Les exceptions étaient la section Bonavista, la station Rimouski, le nord-ouest du golfe du Saint-Laurent et Prince 5.
- Le pH près du fond marin et la saturation en aragonite sont généralement beaucoup plus faibles dans le golfe du Saint-Laurent que sur les Grands Bancs et le plateau néo-écossais. L’aragonite est sous-saturée près du fond dans presque tout le golfe du Saint-Laurent, incluant les eaux peu profondes du sud du golfe. Des conditions sous-saturées près du fond ont aussi été observées dans le chenal Avalon sur le plateau de Terre-Neuve.
- L’oxygène dissous des eaux profondes a atteint un nouveau record minimum dans l’estuaire du Saint-Laurent.
- Dans la mer du labrador, la convection a atteint une profondeur d’environ 1400 m du côté ouest du bassin du Labrador, et de seulement environ 1000 m dans la partie centrale ainsi que du côté est, contrastant la période de 2014 à 2018 quand la convection a augmentée graduellement de 1600 à 2000 m. La température dans la partie centrale de la mer du Labrador était supérieure à la normale, renversant une tendance au refroidissement observée depuis 2010 dans la couche 15–100 m, et depuis 2011 dans la couche 200–2000 m.
- En général, les indicateurs biologiques étaient inférieurs à la normale dans la mer du Labrador, incluant un record des Hyperiidae. Les exceptions notables sont les anomalies positives observées dans le centre du bassin pour les abondances de Clausocalanoidea et le retard de la floraison printanière de phytoplancton sur le plateau et talus du Labrador ainsi que dans le centre du bassin.
Le présent avis scientifique découle de la Vingt-deuxième réunion annuelle du Programme de Monitorage de la Zone Atlantique (PMZA) tenue par téléconférence du 20 au 21 avril 2020. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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