Avis scientifique 2022/006

Évaluation des stocks de crevette nordique de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent en 2021

Sommaire

• En 2020 et 2021, les débarquements préliminaires pour l’ensemble des zones de pêche à la crevette ont été respectivement de 17 845 t et 17 217 t pour des TAC de 17 999 t.
• Depuis 2008, le relevé de recherche montre une diminution de la superficie où la crevette nordique se concentre. Cette superficie minimale est passée de plus de 50 000 km² à moins de 30 000 km². Dans la pêche commerciale, la superficie de la zone où des activités de chalutage ont eu lieu a diminué de 15 000 km² à 10 000 km² depuis 2012.
• Les nombres par unité d’effort (NPUE) des mâles et des femelles dans la pêche commerciale des quatre dernières années sont en diminution dans Estuaire, stables dans Esquiman et en augmentation dans Sept-Îles et Anticosti. Ils se comparent ou sont supérieurs à la valeur moyenne des séries historiques.
• Les abondances des mâles et des femelles observées dans le relevé du MPO présentent des tendances à la baisse depuis 2005. Les estimations de 2020 et 2021 sont parmi les plus faibles des séries historiques.
• Ces dernières années, on observe une divergence entre les indices de la pêche et ceux du relevé du MPO. Les pêcheurs ont réussi à maintenir leurs NPUE à des niveaux moyens, alors que les indices d’abondances de crevette atteignent leur plus faible niveau historique. Cette divergence suggère que l’indicateur principal de l’état du stock est présentement surestimé puisqu’il utilise avec un poids égal ces deux sources d’information.
• Les taux d’exploitation des zones Sept-Îles, Anticosti et Esquiman montrent une tendance à l’augmentation depuis 2003 et sont supérieurs à la moyenne de la période de référence 1990-2010. Le taux d’exploitation dans Estuaire est variable depuis 2016 et inférieur à la moyenne (2008-2021) en 2021.
• La faible abondance des juvéniles et des mâles observée au cours des dernières années et la tendance à la baisse de la taille des femelles suggèrent une plus faible productivité des stocks.
• Le réchauffement des eaux profondes et l’augmentation de la prédation par les sébastes semblent être des facteurs importants contribuant au déclin de la crevette. Ces conditions écosystémiques ne devraient pas s’améliorer à court et moyen terme.
• Selon l’approche de précaution, l’indicateur principal de l’état du stock a légèrement diminué dans les quatre zones en 2021. Les indicateurs sont très près du point de référence supérieur. Les stocks Estuaire, Anticosti et Esquiman sont dans la zone saine, alors que le stock Sept-Îles est dans la zone de prudence.
• Selon les lignes directrices établies dans le cadre de l’approche de précaution, les prélèvements projetés pour 2022 sont de 558 t pour Estuaire, 6 242 t pour Sept-Îles, 5 424 t pour Anticosti et 5 079 t pour Esquiman.
• La somme des évidences (biais dans l’indicateur principal de l’état du stock, taux d’exploitation élevé, augmentation de la prédation et de la température des eaux profondes, et diminution de l’aire de distribution de la crevette) démontre que l’on fonctionne présentement à l’extérieur du cadre dans lequel l’approche de précaution a été développée. Cette situation a pour conséquence d’augmenter le risque pour la durabilité des stocks en utilisant les règles de décision actuelles.
• L’approche de précaution devrait être révisée d’ici la prochaine évaluation.

Le présent avis scientifique découle de la réunion régionale sur les avis scientifiques du 27 au 28 janvier 2022 sur l’Évaluation des stocks de crevette nordique de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.

Avis scientifique 2022/006 (PDF, 6802 ko)

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