Avis scientifique 2022/048
Avis scientifique sur l’encrassement biologique des navires comme vecteur des introductions d’espèces non indigènes au Canada
Sommaire
- L’encrassement biologique des navires est un processus complexe qui inclut un assemblage diversifié d’espèces aquatiques et qui est reconnu comme une importante voie d’introduction des espèces non indigènes à l’échelle mondiale.
- Le présent avis repose sur une première estimation quantitative des taux d’établissement des espèces non indigènes aquatiques associés aux arrivées initiales des navires au Canada, qui proviennent principalement de cargos battant pavillon étranger, à l’aide d’un ensemble de données sur une année représentatif d’une année typique de trafic maritime.
- Les déplacements dans les eaux intérieures (non inclus dans cette évaluation) sont probablement un mécanisme important pour les introductions primaires et secondaires d’espèces non indigènes, qu’il conviendrait d’explorer dans des analyses futures.
- La probabilité d’établissement d’espèces non indigènes par l’encrassement des navires est considérable. Au rythme actuel de la navigation, le Canada peut s’attendre, en moyenne, à huit nouveaux établissements d’espèces non indigènes dus à l’encrassement biologique par année dans chacune des régions de l’Atlantique et du Pacifique, à cinq dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent et à deux dans l’Arctique.
- Les résultats indiquent que la probabilité d’établissement d’espèces non indigènes à partir des recoins est plus grande qu’à partir de la coque principale, malgré une superficie proportionnellement plus petite, ce qui souligne l’importance des recoins pour l’établissement des espèces non indigènes.
- La probabilité d’établissement d’espèces non indigènes était plus grande pour les porte‑conteneurs, les vraquiers, les navires à passagers et les pétroliers que pour les autres types de navires (remorqueurs et autres navires à usage spécial), probablement en raison de la fréquence plus élevée des arrivées et de la plus grande surface mouillée.
- La probabilité plus faible d’établissement d’espèces non indigènes dans l’Arctique s’explique en grande partie par le faible niveau actuel du trafic maritime, tandis que les taux de survie et d’établissement sont plus bas dans le réseau dulcicole des Grands Lacs et du Saint‑Laurent, car les espèces non indigènes associées à l’encrassement biologique des navires sont principalement des taxons marins.
- Les différences régionales dans la probabilité d’établissement d’espèces non indigènes sont liées aux profils de trafic et de taille des navires; les porte-conteneurs et les pétroliers sont les plus nombreux dans la région de l’Atlantique, alors que la région du Pacifique accueille davantage de vraquiers et de porte-conteneurs et que les trois types de navires sont d’importance relativement égale dans les Grands Lacs et le Saint-Laurent. Les vraquiers, suivis des navires à passagers, dominent actuellement le trafic maritime dans l’Arctique.
- Les profils entre les régions peuvent être dus à une petite taille de l’échantillon, bien qu’il existe probablement des différences réelles résultant de la variation des routes de navigation (ports d’escale précédents) entre les régions, qu’il faudrait examiner de manière plus approfondie dans les études futures.
- D’après les prévisions généralisées du trafic maritime pour la seule région de l’Arctique, les établissements d’espèces non indigènes devraient augmenter de plus de 50 %. Les habitats propices prévus devraient augmenter sur les côtes canadiennes pour certaines espèces non indigènes, et cette augmentation devrait être la plus importante dans la région de l’Arctique pour les espèces plus tolérantes au froid. Cependant, comme un nombre limité d’espèces a été évalué (20 à 30 espèces par côte), une modélisation est nécessaire pour des espèces supplémentaires. Bien qu’il n’ait pas été possible de modéliser les taux d’établissement futurs pour toutes les régions pour le moment, en l’absence d’intervention, les établissements devraient augmenter dans tous les ports canadiens avec le réchauffement continu des océans.
- Pour plusieurs raisons, il n’a pas été possible au cours de ce processus du Secrétariat canadien des avis scientifiques (SCAS) de prévoir les effets que les changements prévus dans les activités de navigation et la température pourraient avoir sur la probabilité que des espèces non indigènes s’établissent au Canada par l’encrassement biologique des navires. Ces raisons comprennent notamment l’absence de projections détaillées du trafic maritime et les lacunes dans les données environnementales projetées pour les ports intérieurs et fluviaux. Il est donc crucial de s’efforcer d’élaborer de telles données. Des suggestions sur la façon de prévoir plus largement la probabilité future de l’établissement d’espèces non indigènes au Canada à l’aide des sources de données disponibles ont été formulées, et elles pourraient être entreprises avec un effort supplémentaire dans un avenir proche.
- On a relevé des incertitudes dans les données et les paramètres utilisés dans le modèle; elles sont dues à des facteurs tels que la petite taille des échantillons, la faible résolution taxonomique et la complexité de la dynamique de la communauté des biosalissures (plus de détails ci-dessous).
- D’autres considérations n’ont pas pu être abordées ici, mais mériteront une attention particulière à l’avenir, notamment l’influence de différents revêtements antisalissure, la durée du séjour des navires dans les ports, les effets cumulatifs de l’arrivée de plusieurs navires au fil du temps, et la variabilité de la survie et de l’établissement selon l’espèce (plus de détails ci-dessous).
Le présent avis scientifique découle de la réunion sur les avis scientifiques national du 10 au 14 janvier 2022 sur l’encrassement biologique comme vecteur à introductions d’espèces aquatiques envahissantes. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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