Avis scientifique 2022/052
Avis scientifique destiné au Programme de protection du poisson et de son habitat concernant l’estimation des effets néfastes sur le poisson et des mesures de compensation pour la mort du poisson
Sommaire
- Le présent avis scientifique résume une analyse des méthodes qui peuvent être utilisées pour quantifier la mortalité résiduelle (p. ex. la mort du poisson par des moyens autres que la pêche) résultant d’un ouvrage, d’une entreprise ou d’une activité (OEA) pour les populations et les communautés halieutiques, et des mesures visant à compenser cette mortalité résiduelle.
- Cet avis met l’accent sur la prise de décisions en lien avec la mortalité et la productivité du poisson dans le cadre du Programme de protection du poisson et de son habitat. Bon nombre de ces méthodes peuvent aussi être utilisées dans des situations de mortalité où des espèces sont en péril, mais le choix des méthodes et du profil de risque dans ces situations peut être différent.
- Nous avons étudié les méthodes au niveau de la population qui permettent d’évaluer l’équivalence entre la quantification de la mortalité du poisson découlant d’un OEA, et les hausses de productivité issues d’une compensation associée (y compris les possibles mesures de compensation pour de l’habitat).
- Lorsqu’il existe des données, la méthode de « perte totale de la biomasse » est recommandée, car elle s’harmonise mieux aux considérations relatives à la « productivité » de la Loi sur les pêches. Toutes les méthodes ont des avantages et des limites, et le choix d’une approche appropriée peut dépendre du cas, en fonction de considérations comme la disponibilité des données, les modèles existants et l’objectif global de l’analyse. La prise en compte du risque en vertu de la Loi sur les espèces en péril peut nécessiter l’application de diverses méthodes.
- Le calcul de l’équivalence doit reconnaître, évaluer et gérer du mieux possible toutes les sources d’incertitude, y compris l’incertitude sur la prévision des effets, l’efficacité de la compensation et les états futurs des écosystèmes aquatiques.
- Les possibles décalages temporels et l’incertitude liés à la mise en œuvre et au fonctionnement d’une compensation, de même que l’incertitude relative à l’ampleur des dommages et à l’efficacité des compensations proposées, peuvent être inclus dans les calculs selon des ratios de décalages temporels et les ratios de compensation liés à l’incertitude. Les ratios de compensation dans la documentation oscillent généralement entre 1:1,5 et 1:5.
- La mortalité appliquée à une plus grande proportion d’espèces dans une communauté ou un écosystème suggère une forte probabilité que les espèces du réseau présenteront un résultat négatif. En fin de compte, le résultat pour toutes les espèces dépend des effets directs et indirects dans le réseau. Une série de méthodes au niveau de la communauté sont présentées; des méthodes qui doivent être utilisées dans des simulations de scénario si l’on prévoit que la mortalité affectera de nombreuses espèces de poissons.
- Des modèles de communauté d’une seule espèce laissent supposer que la productivité des espèces de niveaux trophiques supérieurs tend à être affectée négativement par la mortalité agissant à un niveau trophique inférieur. Ces espèces de niveaux trophiques supérieurs sont souvent des espèces de valeur pour la pêche.
- Lors de l’évaluation des effets de la mortalité du poisson sur les populations et les communautés, les facteurs suivants doivent être pris en compte : le cycle biologique des espèces, la taille et la dynamique des populations touchées, la composition de la communauté et de l’écosystème, le moment, la durée, l’échelle, l’ampleur et le mécanisme de mortalité, ainsi que les interactions avec d’autres sources de mortalité.
- Les cadres de l’approche de précaution utilisés pour gérer les pêches peuvent être utilisés pour appuyer les décisions fondées sur le risque liées à la mortalité du poisson découlant des OEA, et aux mesures de compensation connexes. L’utilisation d’un cadre commun par les responsables des pêches, des poissons et des habitats des poissons permettrait de mettre à profit les données et l’information dans différentes approches décisionnelles. Les cadres de l’approche de précaution peuvent être appliqués dans des scénarios riches ou limités en données.
- Un examen systématique des options et des méthodes de compensation pour les cas de mortalité du poisson a montré que la documentation actuelle sur ce sujet est plutôt limitée, mais des exemples de compensations fondées sur la création, la restauration et la mise en valeur de l’habitat ainsi que la manipulation biologique et chimique (dont l’empoissonnement) ont été utilisés dans différentes circonstances.
- Toutes les méthodes de compensation examinées présentent de possibles défis et bienfaits à l’égard de leur mise en œuvre. Un avis détaillé sur ces méthodes existe quelque part. En ce qui concerne la mortalité du poisson, la création de l’habitation a été le plus souvent étudiée pour les salmonidés et portait généralement sur les stades de vie du frai/des œufs, des larves et des juvéniles.
- La restauration et la mise en valeur de l’habitat sont les mesures de compensation les plus utilisées dans les cas de mortalité du poisson. Les mesures de restauration sont souvent avantageuses pour l’ensemble de la communauté de poissons, alors que les mesures de mise en valeur sont plus susceptibles de procurer des avantages à des espèces précises. La mise en valeur et la restauration de l’habitat sont surtout avantageuses aux premiers stades de vie.
- L’empoissonnement et l’ajout de nutriments ont aussi été utilisés pour compenser la mortalité du poisson dans les écosystèmes d’eau douce. Bien que les deux approches présentent des difficultés inhérentes, elles peuvent être utilisées dans des circonstances particulières. L’empoissonnement peut être utile si la mortalité du poisson est directe et non liée à des sources indirectes. L’enrichissement en nutriments peut être une solution provisoire pour compenser les déficiences en nutriments et augmenter la productivité globale de l’écosystème.
- La documentation étudiée indique que, peu importe la méthode utilisée, les projets de compensation ayant fait l’objet d’une évaluation avant les effets et les programmes de surveillance prolongée permettaient de mieux évaluer l’efficacité de la compensation. Voilà qui laisse présumer que les programmes de planification et de suivi de la compensation sont importants et qu’il existe un avis détaillé pour la conception et le suivi de ces programmes.
- En général, la portée des modèles et des analyses présentés dans cet avis est établie au niveau de la population, et dans des situations applicables, la portée de l’analyse peut être établie au niveau d’une sous-population ou au niveau local.
Le présent avis scientifique est tiré de la réunion sur les avis scientifiques national sur l’avis scientifique destiné au Programme de protection du poisson et de son habitat concernant l’estimation des effets néfastes sur le poisson et des mesures de compensation pour la mort du poisson, qui s’est tenue du 12 au 16 avril 2021. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
Ce document est disponible en format PDF. Si le document suivant ne vous est pas accessible, veuillez communiquer avec le Secrétariat pour l’obtenir sous une autre forme (par exemple un imprimé ordinaire, en gros caractères, en braille ou un document audio).
- Date de modification :