Avis scientifique 2023/004
*Cet avis a été élaboré lors d’une réunion d’examen par les pairs en 2021 et devrait être interprété dans le contexte de la situation à ce moment-là.
État des stocks de sébaste dans la sous-zone 0 et dans la sous-zone 2 et la division 3K de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO)
Sommaire
Cette réunion a permis d’évaluer deux stocks de sébaste (Sebastes spp.), soit celui de la sous-zone (SZ) 2 et de la division (div.) 3K de l’OPANO et celui de la sous-zone 0 de l’OPANO. Ces stocks sont évalués et gérés comme un complexe d’espèces qui a toujours été dominé par S. mentella et comprend également S. fasciatus et S. norvegicus.
Renseignements sur l’écosystème et l’environnement
- C’est dans les années 1960 que les températures océaniques ont été les plus chaudes des 70 dernières années dans les divisions 2HJ3K, et au début des années 1990 qu’elles ont été les plus froides. On a observé une tendance soutenue au réchauffement entre le début des années 1990 et le début des années 2010. Après un bref retour à des conditions plus fraîches proches de la moyenne au milieu des années 2010, les températures au fond et de la couche intermédiaire froide (CIF) se sont réchauffées de nouveau entre 2018 et 2020.
- Dans les divisions 2HJ3K, les stocks de nitrate plus élevés depuis environ 2015 ont entraîné une amélioration des indices de la production primaire (biomasse de la chlorophylle) et secondaire (biomasse du zooplancton) ces quatre à cinq dernières années. Depuis le milieu des années 2010, la communauté zooplanctonique a subi des changements structurels caractérisés par une proportion plus élevée de petits copépodes et une augmentation de la biomasse globale. Les changements de la saisonnalité du zooplancton (signaux plus faibles au printemps et plus forts en été et en automne) et de la structure de la taille de la communauté (moins de grands calanoïdes riches en énergie et plus de petits copépodes) peuvent avoir une incidence sur le transfert d’énergie vers les niveaux trophiques supérieurs.
- Les conditions de l’écosystème dans la biorégion de Terre-Neuve-et-Labrador continuent d’indiquer une productivité limitée de la communauté de poissons et de mollusques et crustacés visée par les relevés, avec des niveaux de biomasse totale beaucoup plus bas qu’avant l’effondrement des pêches du début des années 1990. Après un certain redressement entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2010, la biomasse totale a diminué après 2015. Bien qu’il y ait eu des améliorations depuis, la biomasse totale actuelle n’est pas revenue aux niveaux de 2010-2015. L’augmentation des poissons de fond prédateurs de taille moyenne à grande taille entre 2010 et 2015 était principalement associée à des processus ascendants, notamment la disponibilité du capelan et de la crevette.
- Un indice du climat océanique dérivé pour la sous-zone 1 (considéré comme représentatif pour la division 0B), y compris les températures de la surface de la mer de la plateforme du Groenland occidental, de la mer du Labrador et du détroit d’Hudson, a atteint sa valeur la plus élevée en 2019 depuis le record de 2010.
- Le début de la prolifération printanière du phytoplancton dans la division 0B a été retardé une deuxième année consécutive en 2019, comparativement à la moyenne de 1998 à 2015, et la production totale de l’efflorescence printanière était inférieure à la normale en 2019.
- La diversité des espèces de poissons est plus grande dans la division 0B que dans la division 0A. L’espèce S. mentella était présente dans les deux divisions et a été identifiée comme espèce indicatrice dans un assemblage de poissons occupant les eaux peu profondes et chaudes du sud du plateau de Baffin. On a également constaté que S. mentella représentait 10 % (poids humide) du régime alimentaire du flétan du Groenland capturé dans la division 0B.
Évaluation du sébaste dans la sous-zone 2 et la division 3K
- L’indice du recrutement en 2020 dans les divisions 2J3K (abondance du sébaste de moins de 15 cm de longueur) était considérablement plus élevé que toutes les valeurs observées précédemment dans la série chronologique (de 1978 à 2020). Les signaux indiquent que le recrutement était également élevé dans les divisions 2H et 2G en 2020. Le recrutement du sébaste est épisodique et on ne comprend pas les conditions qui produisent un fort recrutement, y compris la possibilité que les recrues proviennent des régions avoisinantes.
- L’indice de l’abondance dans les divisions 2J3K tiré du relevé de recherche d’automne du MPO a généralement diminué de 2011 à 2017, avant de connaître une forte augmentation en 2020 pour atteindre la troisième valeur la plus élevée de la série chronologique (de 1978 à 2020). Les indices de l’abondance des relevés effectués dans les divisions 2H (de 1978 à 2020) et 2G (de 2005 à 2020) ont atteint un pic des séries chronologiques en 2020. Les indices de la biomasse dans toutes les zones de relevé étaient comparables aux tendances observées de l’abondance, à l’exception des augmentations récentes qui ne se reflétaient pas dans les indices de la biomasse (puisque ces augmentations ont été causées par de très petits poissons qui ne contribuent pas encore de façon importante à la biomasse).
- Bien que la pêche demeure assujettie à un moratoire (en vigueur depuis 1997), on ignore actuellement les impacts des prélèvements (débarquements de prises accessoires et rejets) dans d’autres pêches sur le stock. Les prélèvements de sébaste, principalement de petits poissons, se sont établis en moyenne à 55 t de 2015 à 2019, mais ont dépassé 200 t en 2020 dans l’ensemble de la zone du stock, principalement dans la pêche de la crevette dans la division 2G. Même des prélèvements en petites quantités, en poids, peuvent équivaloir à de grands nombres lorsque les poissons sont petits.
- Il n’existe pas actuellement de modèle de population accepté pour ce stock et il n’a pas été possible de produire des projections. Le sébaste est une espèce à croissance très lente et les fortes poussées de recrutement ne persistent pas toujours. On ne sait donc pas si la poussée de 2020 représentera une contribution importante au stock ou à une pêche potentielle.
- Bien qu’il n’y ait pas de cadre de l’approche de précaution défini pour ce stock, les niveaux actuels de la biomasse totale tirée du relevé demeurent bas; par conséquent, il est conseillé que les mesures de gestion visent à encourager la croissance des stocks.
Évaluation du sébaste dans la sous-zone 0
- Il n’y a pas de pêche commerciale du sébaste dans la sous-zone 0. La mortalité par pêche est limitée aux prises accessoires, principalement de petits poissons capturés dans la pêche de la crevette et, dans une moindre mesure, dans la pêche du flétan du Groenland. Le total annuel des prises accessoires pour la pêche de la crevette et la pêche du flétan du Groenland a atteint un sommet en 2005 (229 t), puis a diminué à moins de 50 t par année (de 2014 à 2019). De petites quantités de prises accessoires, en poids, peuvent équivaloir à un grand nombre de prélèvements lorsque les poissons sont petits, mais on ne connaît pas actuellement les répercussions globales des prises accessoires sur le stock.
- Les indices de l’abondance et de la biomasse tirés des relevés de recherche du MPO dans les divisions 0A (de 1999 à 2019) et 0B (de 2000 à 2016) ont culminé en 2012 et sont depuis retombées à des niveaux semblables aux creux des séries chronologiques du début des années 2000.
- Les indices de l’abondance et de la biomasse dans le relevé des zones de pêche de la crevette (ZPC) 2, 3 et de l’île Resolution réalisé par la Northern Shrimp Research Foundation (NSRF), principalement composés de sébastes de moins de 20 cm, se sont redressés dans le milieu des années 2000 avant de diminuer, puis d’atteindre un pic de la série chronologique en 2020. Le relevé dans la ZPC 2 est considéré comme l’indice le plus représentatif pour ce stock; les indices de la biomasse et de l’abondance dans le relevé ont diminué par rapport à la période 2010-2019, avec une augmentation soudaine en 2020.
- Aucun indice du recrutement des sébastes de moins de 15 cm n’est disponible pour la sous‑zone 0. Le relevé plurispécifique est effectué à des profondeurs de plus de 400 m; on y capture donc peu de sébastes de moins de 15 cm, car ceux-ci qui occupent des habitats moins profonds. La NSRF mène son relevé à des profondeurs où les sébastes de moins de 15 cm sont présents, mais ne recueille pas les données sur les fréquences de longueur.
- D’après les données sur les fréquences de longueur dans les relevés plurispécifiques du MPO dans les divisions 0A et la division 0B, on trouve peu de classes d’âge dans la division 0A et il n’y a aucune preuve de recrutement entrant depuis 2016, mais les classes d’âge sont plus diverses dans la division 0B, avec des signaux de recrutement plus constants.
- Il n’existe pas actuellement de modèle de population accepté pour ce stock et il n’a pas été possible de produire des projections. Le sébaste est une espèce à croissance très lente et les fortes poussées de recrutement ne persistent pas toujours. On ne sait donc pas si la poussée de 2020 dans l’indice du relevé de la ZPC 2 représentera une contribution importante au stock ou à une pêche potentielle.
- Il n’existe pas de cadre de l’approche de précaution défini pour ce stock. Compte tenu de la tendance à la baisse dans la série chronologique sur la biomasse de la ZPC 2 avant 2020 et de l’incertitude entourant la persistance du pic observé en 2020, il est conseillé d’adopter une approche prudente dans les mesures de gestion pour cette cohorte jusqu’à ce que cette dernière atteigne une taille exploitable.
Le présent avis scientifique découle de la réunion de l’examen par des pairs zonal du 4 au 7 mai 2021 sur l’Évaluation des stocks de sébaste dans les sous-divisions 0 et 2 et la division 3K de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO).
Avis d’accessibilité
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