Avis scientifique 2023/038
*Cet avis a été élaboré lors d’une réunion d’examen par les pairs en 2022 et devrait être interprété dans le contexte de la situation à ce moment-là.
Évaluation de la crevette nordique (Pandalus borealis) dans les zones de pêche de la crevette 4 à 6 en 2021
Sommaire
- L’état de la ressource de crevettes nordiques a été évalué à partir des données du MPO recueillies lors des relevés plurispécifiques au chalut effectués à l’automne (Zone de pêche de la crevette [ZPC] 5 et 6), des données de la Northern Shrimp Research Foundation (NSRF) et du MPO recueillies lors des relevés au chalut effectués à l’été ainsi que des données sur les captures commerciales (indice du taux d’exploitation).
- L’état de l’écosystème des divisions 2J3K et 2H (ZPC 5 et 6) a été pris en compte en examinant les conditions océanographiques accessibles, la structure de la communauté biologique, les interactions prédateur-proie, la composition génétique des éléments de la crevette et certains effets de l’activité humaine (y compris les tendances en matière de rendement des pêches). Les données sur l’état de l’écosystème dans la ZPC 4 sont limitées.
- On sait que la crevette nordique est largement répandue dans l’océan Atlantique Nord-Ouest, notamment dans les ZPC 4 à 6, et que ces zones sont reliées par la dispersion des larves, mais les taux d’échange des adultes sont moins bien compris. La recherche préliminaire démontre des bassins génétiquement distincts localisés qui peuvent être liés à des profils océanographiques à plus petite échelle (c’est-à-dire des tourbillons). Il faut tenir compte de ces liens pour interpréter les dynamiques dans les zones d’évaluation et entre elles.
Environnement et écosystème
- L’indice climatique de Terre-Neuve-et-Labrador a permis d’établir que 2021 a été l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, poursuivant la tendance au réchauffement en cours depuis 2018.
- L’efflorescence phytoplanctonique printanière était plus précoce que la moyenne en 2021, ce qui poursuit la tendance d’efflorescences plus précoces observée depuis le milieu des années 2010. Au cours des dernières années, la structure de la communauté du zooplancton est revenue à un état où de plus grandes espèces de copépodes (Calanus finmarchicus) sont présentes dans une proportion plus élevée, ce qui pourrait avoir une incidence positive sur le transfert d’énergie aux niveaux trophiques supérieurs.
- Dans l’état actuel de l’écosystème (c’est-à-dire faible taille du stock de crevettes, faible productivité de l’écosystème, retour à une structure dominée par les poissons, faible production nette de crevettes par habitant et pression de prédation généralement élevée dans la ZPC 6 et dans le sud de la ZPC 5), la pêche est peu susceptible d’être un facteur dominant pour les stocks de crevettes dans la ZPC 6 et dans le sud de la ZPC 5, mais est probablement un facteur dominant dans le nord de la ZPC 5. L’état de l’écosystème dans la ZPC 4 n’a pas pu être déterminé.
- Vu l’effet relatif de la prédation au cours des dernières années dans la ZPC 6 et dans le sud de la ZPC 5, de petits changements dans les captures pourraient avoir une plus grande incidence sur la trajectoire du stock que celle qu’ils auraient eue au milieu des années 2000. Des analyses semblables pour le nord de la ZPC 5 ne montrent pas une augmentation constante de l’effet relatif de la prédation, mais indiquent que les effets probables de la pêche ont été plus importants que la prédation au cours des dernières années. Il n’existe aucune information sur l’effet relatif de la prédation dans la ZPC 4.
Pandalus borealis dans la ZPC 6
- Les captures par unité d’effort (CPUE) commerciales annuelles ont diminué considérablement entre 2015–16 et 2017–18, atteignant leurs plus bas niveaux en vingt ans, et, même si elles ont augmenté depuis 2019–20, elles demeurent en deçà de la moyenne à long terme.
- Le nombre de stations échantillonnées par le MPO lors des relevés plurispécifiques en 2021 a été grandement réduit. Le rééchantillonnage simulé des données historiques issues de relevés, effectué en utilisant la couverture du relevé de 2021, laisse supposer que les estimations de la biomasse de 2021 pourraient légèrement surestimer l’état du stock dans la ZPC 6.
- Les indices de la biomasse exploitable et de la biomasse du stock reproducteur (BSR) femelle ont diminué depuis 2020, de 20 % (à 94 300 tonnes) et de 3 % (à 72 900 tonnes), respectivement, et demeurent parmi les plus faibles dans les relevés de la série chronologique.
- L’indice du taux d’exploitation a varié entre 5,5 % et 21,5 % de 1997 à 2021–22 et s’est établi à 6,0 % en 2021–22. Si le total autorisé des captures (TAC) est atteint en 2021–22, l’indice du taux d’exploitation sera de 8,1 %.
- Pour une sixième année consécutive, l’indice de la BSR femelle se trouve actuellement dans la zone critique selon le cadre de l’approche de précaution du Plan de gestion intégrée des pêches (PGIP), avec une probabilité de 22 % de se situer dans la zone de prudence.
- Le plan de rétablissement indique que le taux d’exploitation ne devrait pas dépasser 10 % tant que le stock se trouve dans la zone critique. Si le TAC de 2021–22 de 9 534 tonnes est maintenu et pris en 2022–23, l’indice du taux d’exploitation sera de 10,1 %.
Pandalus borealis dans la ZPC 5
- Les CPUE normalisées des gros navires ont varié sans afficher de tendance à des niveaux relativement élevés pendant plus d’une dizaine d’années, mais ils se situent près de la moyenne à long terme depuis 2017–18.
- Le nombre de stations échantillonnées par le MPO lors des relevés plurispécifiques en 2021 a été grandement réduit. Le rééchantillonnage simulé des données historiques issues de relevés, effectué en utilisant la couverture du relevé de 2021, laisse supposer que les estimations de la biomasse de 2021 dans la ZPC 5 ne montrent aucun biais constant.
- Les indices de la biomasse exploitable et de la BSR femelle ont diminué depuis 2020, de 12 % (à 71 000 tonnes) et de 17 % (à 42 800 tonnes), respectivement, et demeurent parmi les plus faibles dans les relevés de la série chronologique.
- L’indice du taux d’exploitation a varié entre 7,8 % et 29,3 % de 1997 à 2021–22 et s’est établi à 11,1 % en 2021–22. Si le TAC est atteint en 2021–22, l’indice du taux d’exploitation sera de 20 %.
- L’indice de la BSR femelle se trouve dans la zone saine selon le cadre de l’approche de précaution du PGIP, avec une probabilité de 42 % de se situer dans la zone de prudence. Si le TAC de 16 080 tonnes est maintenu et atteint en 2022–23, l’indice du taux d’exploitation sera de 22,7 %.
Pandalus borealis dans la ZPC 4
- Les CPUE normalisées des gros navires ont varié sans afficher de tendance de 1989 à 2020–21, mais ont atteint ou dépassé la moyenne à long terme au cours des cinq dernières années.
- Le relevé ciblant les crevettes réalisé en 2021 par la NSRF et le MPO a révélé une augmentation des estimations de la biomasse, mais ce sont deux grandes calées localisées qui influent sur la grande ampleur de l’augmentation. On ne sait pas dans quelle mesure cette augmentation estimée par rapport à 2020 est attribuable à des changements dans la productivité de la crevette à l’échelle locale, à des variations dans l’échantillonnage ou aux mouvements des crevettes dans la ZPC 4 en provenance des zones voisines.
- Les indices de la biomasse exploitable et de la BSR femelle ont grandement augmenté depuis 2020, de 156 % (à 151 000 tonnes) et de 162 % (à 113 000 tonnes), respectivement, et se trouvent parmi les plus élevés dans les relevés de la série chronologique.
- L’indice du taux d’exploitation a varié entre 7,0 % et 36,7 % de 2005–06 à 2020–21 et s’est établi à 5,8 % en 2021–22. Si le TAC avait été atteint, l’indice du taux d’exploitation aurait été de 6,6 %.
- En 2021, l’indice de la BSR femelle se situait dans la zone saine selon le cadre de l’approche de précaution du PGIP, après quatre ans dans la zone de prudence, avec 8 % de probabilité de se situer dans la zone de prudence.
Le présent avis scientifique découle de l’examen par les pairs régional du 15 au 17 février 2022 sur l’évaluation de la crevette nordique dans les ZPC 4 à 6. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera accessible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Avis d’accessibilité
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