Avis scientifique 2023/039
Évaluation et classification des estuaires à l’échelle de la côte de la région du Pacifique selon les activités anthropiques et les habitats importants du poisson
Sommaire
- Les estuaires sont des écosystèmes très productifs et diversifiés qui sont le site de nombreuses activités anthropiques. Bien qu’ils ne représentent que 3 % du littoral de la Colombie-Britannique, il existe plus de 400 estuaires individuels, ce qui complexifie la gestion et souligne l’importance des approches régionales.
- Une revue de la documentation a permis de compiler les activités anthropiques, y compris les changements climatiques et les autres agents de stress connexes (processus physiques, chimiques ou biologiques qui peuvent changer un écosystème), qui sont pertinentes aux milieux estuariens sur la côte de la Colombie-Britannique, dans les zones terrestres, marines et atmosphériques.
- Selon cette revue de la documentation, 45 couches de données spatiales disponibles à l’échelle de la côte ont été compilées et utilisées pour évaluer le chevauchement spatial, la fréquence ou l’intensité des activités et des agents de stress pertinents pour 439 estuaires et leurs bassins versants.
- Tous les estuaires évalués présentaient au moins une activité marine ou terrestre. C’est dans les estuaires du détroit de Georgia et de l’estuaire de la rivière Skeena que l’on a relevé le plus grand nombre d’activités marines, alors que les activités terrestres ont surtout lieu dans les estuaires du détroit de Georgia, l’estuaire de la rivière Skeena, l’estuaire de la rivière Kitimat et les estuaires le long de la côte ouest de l’île de Vancouver, plus près des agglomérations.
- Une analyse typologique a été effectuée pour catégoriser les estuaires selon le type et l’intensité des activités qui s’y produisent. Cinq groupes d’estuaires et leurs activités caractéristiques connexes ont été retenus.
- L’analyse a ciblé un groupe d’estuaires qui avait un nombre élevé d’activités anthropiques et qui était le plus souvent associé à des activités dans le bassin versant (p. ex. l’agriculture et les barrages) ou à des zones peuplées (p. ex. l’écoulement d’eaux usées et les marinas). Les quatre autres groupes étaient surtout associés à des activités marines. Deux groupes avaient un nombre intermédiaire d’activités, l’un avec plus d’activités de foresterie et de pêche au crabe et aux crevettes, et l’autre avec plus de pêche au saumon. Il y avait peu d’activités dans les deux derniers groupes : un groupe était associé à la navigation commerciale et de plaisance, tandis que l’autre n’était associé à aucune activité.
- Les changements climatiques (variation de la température de l’air et des cours d’eau, variations des précipitations et [ou] hausse du niveau de la mer) devraient avoir des conséquences sur tous les estuaires à des degrés divers. Plus particulièrement, la plus forte hausse de la température des cours d’eau est prévue dans les estuaires à la fin de longs bras de mer (p. ex. le bras de mer Bute et le bras de mer Observatory). Les estuaires qui devraient enregistrer la plus forte hausse du niveau de la mer se trouvent autour de Haida Gwaii.
- Les données spatiales disponibles à l’échelle de la côte pour le saumon, d’autres espèces de poissons d’importance écologique, l’habitat sensible de poissons et d’autres caractéristiques de l’habitat (p. ex. la présence de zostère, de macroalgues et de marais salé) ont été compilées.
- La présence de poissons et de leurs habitats variait d’un estuaire à l’autre. Au moins une espèce de saumon du Pacifique a été observée depuis 1990 dans 76 % des estuaires, alors que les cinq espèces présentes ont été observées dans 20 % des estuaires. Plus il y avait d’activités humaines dans un estuaire, plus la biomasse et la diversité de saumons y étaient élevées. Le crabe dormeur était probablement présent dans 84 % des estuaires. La zostère était présente dans 43 % des estuaires, comparativement à 82 % pour le varech en sous-étage et à 81 % pour le marais salé. Les trois types d’habitats biogènes étaient présents dans 36 % des estuaires.
- L’évaluation des poissons et de leurs habitats a mis en relief des manques de données à l’échelle de la côte, ce qui a limité l’évaluation de toutes les espèces et de tous les habitats d’intérêt, surtout pour les espèces non commerciales.
- Cette analyse fournit une importante ressource de données et une évaluation initiale qui orientent encore plus les efforts de conservation et de gestion des estuaires. Elle peut être utilisée pour trouver les estuaires qui partagent le même type de préoccupations, des options de gestion ainsi que des partenaires et utilisateurs des ressources pertinents.
- Ce travail est un premier pas vers une évaluation complète de la façon dont les activités humaines peuvent se combiner et s’accumuler pour avoir un effet sur les estuaires. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une évaluation de l’incidence cumulative, une analyse future pourrait combiner les résultats de ce travail avec les notes de vulnérabilité des espèces estuariennes individuelles pour quantifier le risque global de chaque estuaire.
Le présent avis scientifique découle de la réunion par les pairs régional des 12 et 13 avril 2023 sur l’évaluation et classification le long de la côte des estuaires de la région du Pacifique en fonction des activités anthropiques et de l’importance de l’habitat du poisson. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, dans le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.
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