Avis scientifique 2023/046
Évaluation du potentiel de rétablissement de la mulette verruqueuse (Cyclonaias tuberculata)
Sommaire
- La mulette verruqueuse est une moule d’eau douce (Unionidae) à longue durée de vie (âge maximum > 90 ans). L’âge de maturité est estimé à 6-10 ans et la durée de génération à 26 ans au Canada.
- L’aire de répartition actuelle de la mulette verruqueuse au Canada se limite à trois rivières du sud-ouest de l’Ontario, dont la rivière Ausable (bassin versant du lac Huron) et les rivières Sydenham et Thames (bassin versant du lac Sainte-Claire). Les populations des rivières Sydenham et Thames affichent une croissance positive, tandis que celle de la rivière Ausable est probablement stable. Il a disparu de la rivière Detroit et du lac Érié autour de l’île Pelée.
- Au Canada, la mulette verruqueuse occupe les rivières de taille moyenne à grande. L’occurrence est associée à une gamme de conditions d’habitat, y compris des types de substrat variables, la profondeur et la vitesse de l’eau.
- Les glochidies de la mulette verruqueuse doivent s’enkyster sur les branchies d’un poisson hôte approprié pour survivre et se métamorphoser. Les poissons hôtes potentiels de la mulette verruqueuse au Canada comprennent la barbotte noire et la barbotte jaune (Ameiurus melas, A. natalis), la barbue de rivière (Ictalurus punctatus) et peut-être la barbue à tête plate (Pylodictis olivaris). Ceci est fondé sur des infestations en laboratoire aux États-Unis (étant donné que des expériences d’infestation n’ont pas eu lieu avec la mulette verruqueuse au Canada), et le chevauchement de la distribution des aires connues dans les eaux canadiennes.
- Pour atteindre une probabilité de persistance d’environ 99 % sur 250 ans, il faut environ 2 800 (IC : 1 900-4 000) mulettes verruqueuses adultes. Un minimum de 623,3 m2 (IC : 251,9-1 396,9) et de 2 900 m2 (intervalle crédible [IC] : 301,5-17 166,3) d’habitat approprié dans les rivières Sydenham et Thames, respectivement, est nécessaire pour soutenir une population minimale viable (PMV); il y a suffisamment d’habitats disponibles dans les deux rivières. La configuration spatiale des populations et de l’habitat est importante et n’a pas été prise en compte.
- Des projections de population ont été réalisées pour la zone d’échantillonnage par quadrats des rivières Sydenham, Thames et Ausable. L’abondance estimée dans les habitats échantillonnés dans la rivière Sydenham dépassait l’intervalle de confiance supérieur estimé de la PMV. Des taux de croissance positifs de la population ont été estimés dans les rivières Sydenham et Thames, et la distribution des tailles de la mulette verruqueuse laisse entendre qu’un recrutement réussi a lieu dans les deux systèmes. Les populations de la rivière Ausable n’ont pas montré une croissance positive de leur population et restent à une faible densité. Les résultats sont considérés comme prudents, car les relevés par quadrat n’ont pas été réalisés dans tous les habitats occupés et une quantité importante d’habitats n’a pas été étudiée.
- Les populations de mulettes verruqueuses sont généralement les plus sensibles aux perturbations de la survie des adultes; cependant, elles deviennent plus sensibles aux perturbations de la survie des juvéniles lorsqu’elles connaissent une croissance importante de leur population. L’incertitude quant à l’âge de la maturité et à la proportion de la reproduction qui a lieu plus tard dans la vie (fertilité relative) affecte la sensibilité des populations aux perturbations de la survie des adultes et des juvéniles.
- Les moules Dreissenid sont à l’origine de la disparition de la mulette verruqueuse de la rivière Detroit et du lac Érié autour de l’île Pelée. Les plus grandes menaces qui pèsent sur les populations existantes sont la pollution d’origine agricole et urbaine et le ruissellement des routes, les phénomènes météorologiques extrêmes associés au changement climatique, les espèces aquatiques envahissantes (moules dreissenidés et gobie à taches noires Neogobius melanostomus) et les travaux de construction et d’entretien des ponts et des ponceaux.
- Des lacunes importantes subsistent en ce qui concerne les taux vitaux, les relations entre les glochidies et les hôtes, les mécanismes de menace, l’ampleur de l’impact et les interactions. Les lacunes dans les connaissances qui entraînent des incertitudes quant à la façon dont la mulette verruqueuse réagira aux menaces et aux mesures de rétablissement doivent être comblées par des recherches supplémentaires.
Le présent avis scientifique découle de l’examen par les pairs régionale du 25 au 27 octobre 2022 sur l’évaluation du potentiel de rétablissement de la mulette verruqueuse (Cyclonaias tuberculata). Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques du secteur des Sciences du MPO.
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