Avis scientifique 2024/014

*Cet avis a été élaboré lors d’une réunion d’examen par les pairs en 2023 et devrait être interprété dans le contexte de la situation à ce moment-là.

Évaluation de la crevette nordique (Pandalus borealis) et de la crevette ésope (Pandalus montagui) dans la zone de pêche de la crevette (ZPC) 4 en 2022 et évaluation d2024-02-19un point de référence limite (PRL) proposé pour la crevette ésope dans la ZPC 4

Sommaire

• L’état de la ressource de crevette nordique (aussi connue sous le nom de crevette rose) et de la crevette ésope a été évalué à partir des données de la Northern Shrimp Research Foundation (NSRF) et du MPO recueillies lors du relevé au chalut effectué en été ainsi que des données sur les prises commerciales.
• On sait que la crevette nordique est largement répandue dans l’océan Atlantique Nord‑Ouest, notamment dans la ZPC 4, et que toutes ces zones sont reliées par la dispersion des larves. Mais on comprend moins bien les taux d’échange des adultes. Des études préliminaires démontrent l’existence de bassins génétiquement distincts localisés qui pourraient être liés à des profils océanographiques à plus petite échelle (c.-à-d. des tourbillons). Il faut tenir compte de ces liens pour interpréter les dynamiques dans les zones d’évaluation et entre elles.
• Il existe un décalage à l’échelle spatiale entre l’unité d’évaluation et la dynamique de la population en général.
• La crevette nordique dans la ZPC 4 est actuellement évaluée par rapport à un point de référence limite (PRL) et à un point de référence supérieur (PRS) conformément au cadre de l’approche de précaution du MPO.
• La majorité de la population de crevette ésope s’étend dans la zone d’évaluation est (ZEE), la zone d’évaluation ouest (ZEO) et la ZPC 4. On ne connaît pas l’étendue des déplacements entre ces zones; il faut donc intégrer les renseignements provenant de toute l’aire de répartition pour comprendre la dynamique des ressources dans son ensemble.

Environnement et écosystème

• Les conditions environnementales dans l’Atlantique Nord-Ouest subissent des fluctuations à des échelles de temps décennales, avec des répercussions potentielles sur la disponibilité de l’habitat optimal des Pandalidés. Un indice composite du climat est demeuré élevé et a indiqué que 2022 était la neuvième année la plus chaude de la série chronologique (1950 à aujourd’hui), poursuivant la tendance au réchauffement continu depuis 2018.
• La prolifération printanière de phytoplancton dans la ZPC 4 en 2021 a été la plus précoce de la série chronologique, mais est revenue à un moment plus normal en 2022.
• De multiples analyses suggèrent que l’habitat thermique disponible pour les crevettes de la famille des Pandalidés dans la ZPC 4 est favorable depuis la fin des années 2010.

Point de référence limite pour la crevette ésope de la ZPC 4

• Conformément au cadre de l’approche de précaution du MPO, un PRL pour la crevette ésope fondé sur la série chronologique des données combinées des relevés (de 2005 à 2022) de la ZPC 4, de la ZEE et de la ZEO a été établi à partir d’un modèle spatio-temporel qui a créé un nouvel indice de la biomasse exploitable (BE_pop) afin de déterminer l’état du stock dans la ZPC 4.
• Le PRL adopté est basé sur la BE_pop et a été calculé comme la moyenne de :
• la biomasse exploitable la plus faible pour laquelle le stock a augmenté et est demeuré au-dessus de la moyenne géométrique pendant une période d’au moins trois ans;
• la biomasse exploitable la plus faible observée dans la série chronologique;
• 40 % de la moyenne géométrique de l’indice de la biomasse exploitable tout au long de la série chronologique.

Crevette nordique de la ZPC 4

• Les indices de la biomasse exploitable de la crevette nordique et de la biomasse du stock reproducteur (BSR) femelle étaient exceptionnellement élevés en 2021. Malgré une baisse d’une année à l’autre en 2022 (de 47 % à 79 500 t pour la biomasse exploitable et de 55 % à 51 300 t pour la BSR), la tendance récente laisse entrevoir des augmentations continues par rapport au creux historique de 2018.
• L’indice du taux d’exploitation a varié de 5,8 % à 36,7 % de 2005/06 à 2021/22, et s’est établi à 15,3 % en 2022/23. Si le total autorisé des captures (TAC) est prélevé en 2022/23, l’indice du taux d’exploitation sera de 16,3 %.
• En 2022, la crevette nordique dans la ZPC 4 se trouvait dans la zone saine selon le cadre de l’approche de précaution, juste au-dessus du PRS, avec une probabilité de 53 % de se trouver dans la zone de prudence.

Crevette ésope de la ZPC 4

• Dans la ZPC 4, la biomasse exploitable de la crevette ésope et les indices de la BSR ont augmenté depuis 2021, de 25 % (à 38 800 t) et de 37 % (à 30 600 t) respectivement et sont supérieurs à la moyenne à long terme (2005–21) de la série chronologique du relevé.
• L’indice du taux d’exploitation a varié de 0,8 % à 23,3 % de 2005/06 à 2021/22, et se situait à 9,0 % en 2022/23. Si le TAC est prélevé en 2022/23, l’indice du taux d’exploitation sera de 10,4 %.
• En 2022, la biomasse de la crevette ésope (BE_pop) a été estimée à cinq fois le PRL. D’autres indices de la santé du stock, y compris l’indice des prédateurs potentiels, l’indice de ponte totale et l’indice de la biomasse exploitable propre à la ZPC 4, ne suscitaient aucune préoccupation. La crevette ésope dans la ZPC 4 est considérée comme en bonne santé selon le cadre de l’approche de précaution.

Le présent avis scientifique découle de l’examen par les pairs régional tenue du 14 au 16 mars 2023 sur l’évaluation de la crevette nordique et la crevette rayée dans la ZPS 4 et le développement d'un point de référence limites (PRL) pour la crevette rayée dans la ZPS 4. Toute autre publication découlant de cette réunion sera publiée, lorsqu’elle sera disponible, sur le calendrier des avis scientifiques de Pêches et Océans Canada.

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