Avis scientifique 2008/036
État de la population de requins pèlerins au Canada atlantique
Sommaire
- Les caractéristiques du cycle biologique du requin-pèlerin sont méconnus et on ne peut qu’estimer, plutôt que de mesurer, des paramètres essentiels comme le taux de croissance, la mortalité naturelle et la fécondité de ce requin. Toutefois, il est à peu près certain que l’espèce est relativement improductive et incapable de supporter des taux de mortalité mêmes modestes.
- L’aire de répartition du requin-pèlerin semble se limiter aux eaux dont la température se situe entre 6 et 16 °C, ce qui signifie que les signalements de requins-pèlerins au nord de Terre-Neuve et dans les eaux froides d’autres régions sont dus vraisemblablement à la confusion de cette espèce avec le requin du Groenland.
- Il n’y a pas de pêche dirigée du requin-pèlerin dans les eaux canadiennes. Les prises accessoires annuelles observées dans les pêches étrangères ont culminé dans les années 1980 et au début des années 1990 à environ 150 tm, mais depuis 2000, elles sont en moyenne de l’ordre de quelques tonnes métriques. Des requins-pèlerins sont capturés accessoirement dans les pêches canadiennes, les prises accessoires les plus nombreuses ayant été observées dans les pêches du poisson de fond et du sébaste au chalut. Proportionnées aux débarquements totaux, les prises globales estimées ont été en moyenne de 164 tm par an (correspondant à 164 requins-pèlerins) depuis 1986.
- Il est possible que les prises accessoires soient quelque peu supérieures aux estimations, car il n’y a pratiquement pas d’observateurs dans les pêches côtières pratiquées avec des engins comme les filets maillants et les trappes à morue.
- D’après des relevés aériens sur les baleines réalisés dans la baie de Fundy, dans la région du plateau néo‑écossais et du golfe du Saint-Laurent et dans les eaux de Terre‑Neuve, on a estimé le nombre de requins-pèlerins à 4 200, 5 340 et 560, respectivement, pour un total de 10 100, en été 2007. Ces estimations sont incertaines en raison des diverses hypothèses sur lesquelles elles reposent.
- Une analyse de la table de survie révèle que le taux intrinsèque de croissance (r) d’une population de requins-pèlerins non exploitée est de 0,040, ce qui est proche de la mortalité accessoire maximale viable. Compte tenu du fait que Fcrit= 0,043 et que le nombre annuel moyen de rejets est de 164, et en tenant pour acquis que la mortalité des rejets est de 100 %, l’effectif moyen qui pourrait supporter le nombre estimé de rejets Ncrit serait d’environ 4 800. La meilleure estimation de la population dont on dispose pour 2007 se situe au ‑dessus de Ncrit.
- Une analyse de Monte-Carlo fondée sur le cycle biologique du requin-pèlerin et sur les données au sujet des rejets a servi à évaluer les tendances récentes de l’abondance. Les résultats de ce modèle de population, qui sont conformes aux résultats de l’analyse de la table de survie, dénotent une probabilité de 23 % (soit environ une chance sur cinq) que la population est en train de diminuer, quoique l’incertitude associée aux paramètres d’entrée du modèle soit grande. Ce résultat est plus ou moins cohérent avec les indices OUE dans les eaux des États‑Unis, qui ne présentent pas de signe de déclin depuis 1979.
- Compte tenu des caractéristiques du cycle biologique du requin-pèlerin, le fort taux de mortalité par rejets associé aux prises accessoires pourrait mener à un effondrement de la population. Par conséquent, il importe de continuer à surveiller les prises accessoires de requin-pèlerin. Des mesures visant à améliorer l’identification de l’espèce dans le programme d’observateurs, à recenser le nombre et le sexe des individus capturés accessoirement et à réduire la mortalité par rejets seraient utiles.
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