Cadre de référence
Réponse à court et à long terme des poissons à l'abaissement du niveau d'eau dans la réserve nationale de faune de St. Clair
Examen par les pairs régional(e) - Région de l'Ontario et des Prairies
Du 21 au 24 mars 2023
Réunion virtuelle
Coprésident(e)s : Sarah Bailey et Dawson Ogilvie
Contexte
La Réserve nationale de faune (RNF) de St. Clair est un complexe de milieux humides de 352 hectares (ha) situé sur la rive est du lac Sainte-Claire, géré par le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Entre 1940 et 1980, des digues et d’autres ouvrages de régularisation des eaux ont été installés pour maintenir la surface mouillée et assurer la fonction de l’habitat à la suite du drainage et d’autres modifications du paysage dans les zones littorales entourant le lac Sainte-Claire (ECCC 2018). Le secteur St. Clair se compose d’une cellule Est et d’une cellule Ouest, et abrite 35 espèces végétales et animales inscrites sur la liste en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), y compris le sucet de lac (Erimyzon sucetta, inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition de la LEP). Les cellules Est et Ouest abritent au moins 16 autres espèces de poissons (Barnucz et coll. 2021). Cette zone humide Ramsar d’importance internationale est également une zone importance pour la conservation des oiseaux à l’échelle mondiale. Le plan de gestion de la RNF de St. Clair recommande des abaissements périodiques du niveau d’eau pour reproduire les conditions rencontrées dans les zones humides côtières naturelles, permettant ainsi la régénération de la végétation aquatique indigène par l’exposition de la banque de semences et d’autres modifications de l’habitat (ECCC 2018). Contrairement aux zones humides côtières naturelles, le système de digues empêche les poissons d’accéder à des refuges plus profonds à l’extérieur des cellules pendant les baisses de niveau d’eau. Des abaissements du niveau d’eau allant jusqu’à 95 % du volume par rapport au niveau d’exploitation normal (NEN) ont été proposés pour la cellule Est, de même que des réductions pendant huit semaines commençant au plus tôt le 1er avril. L’abaissement atteindrait son maximum entre le 1er juin et le 15 septembre.
Des inquiétudes ont été soulevées par le Programme sur les espèces en péril (PEP) et le Programme de protection du poisson et de l’habitat du poisson (PPPHP) de Pêches et Océans Canada (MPO) quant à l’impact qu’un tel abaissement du niveau d’eau aurait sur le sucet du lac dans la cellule Est. En mai 2020, en réponse à une demande du PPPHP du MPO, le secteur des Sciences du MPO a mené un processus régional de réponse des Sciences du Secrétariat canadien des avis scientifiques (SCAS) pour évaluer l’impact écologique de l’abaissement du niveau d’eau sur le sucet de lac dans la RNF de St. Clair. Plus précisément, les objectifs étaient de mieux comprendre :
- i) le lien entre la hauteur de rabattement et l’habitat de refuge disponible pour le sucet de lac de la cellule Est ;
- ii) le lien entre l’habitat disponible et l’abondance du sucet de lac ;
- iii) le potentiel de création d’habitat d’eau profonde avant l’opération en vue d’augmenter la zone de refuge disponible.
Des hauteurs de rabattement de 0,05 m à 0,75 m ont été modélisées afin d’évaluer les changements de la zone humide, la profondeur et la disponibilité des parcelles, ainsi que leur relation avec l’abondance du sucet de lac. Les changements dans la disponibilité de l’habitat dépendaient de la hauteur de rabattement, puisqu’un rabattement de 0,3 m entraîne une perte de 50 % du volume d’eau et de la profondeur moyenne et un rabattement de 0,6 m entraîne une perte de 50 % de la surface mouillée, une réduction de 99,96 % du refuge en eau profonde et un quadruplement presque total des parcelles d’habitat isolées. Les effets dépendants et indépendants de la densité s’aggraveraient avec la hauteur de rabattement. Le sucet de lac, qui se reproduit au printemps (d’avril à juin), est estimé à 234-247 adultes dans la cellule Est, ce qui est inférieur à la taille minimale viable de la population (600 à 1 000 adultes). En outre, la superficie de la cellule Est (60,93 ha) est inférieure à la superficie minimale nécessaire à la viabilité de la population (100 ha). Dans l’ensemble, une augmentation de la profondeur de rabattement augmenterait la probabilité de dommages à la population de sucets de lac. L’augmentation initiale la plus importante de la probabilité d’extinction se produirait à des hauteurs de rabattement entre 0,20 et 0,45 m sous le NEN, et la probabilité d’extinction atteindrait 1,0 à des hauteurs de rabattement entre 0,45 et 0,75 m sous le NEN. La cellule Est est limitée en profondeur (profondeur moyenne de 0,58 m; 0,23 ha avec une profondeur > 1,0 m) sous le NEN, ce qui soulève des inquiétudes quant à la mort des poissons au-delà du sucet de lac si l’espace d’habitat est encore réduit. Créer un habitat en eau profonde et assurer la connectivité entre les parcelles d’habitat de refuge pourraient accroître la quantité et la qualité de l’habitat de refuge, et seraient probablement bénéfiques pour le sucet de lac et d’autres poissons pendant l’abaissement du niveau d’eau (MPO 2021).
Cet avis précédent évaluait les conséquences à court terme pour le sucet de lac pendant et immédiatement après l’abaissement. Cependant, les effets à long terme de l’abaissement du niveau d’eau peuvent améliorer l’habitat du sucet de lac et d’autres espèces en augmentant la productivité des zones humides, en améliorant le cycle des nutriments et en régénérant un ensemble diversifié de macrophytes. Les conséquences d’une inaction sont également floues. Par conséquent, le PPPHP a demandé au secteur des Sciences du MPO de fournir d’autres avis afin de mieux comprendre la réponse à court et à long terme (c.-à-d. 10 ans) du sucet de lac et d’autres poissons à l’abaissement du niveau d’eau dans la cellule Est, y compris les répercussions des mesures d’atténuation et de compensation proposées (p. ex. le moment et l’intensité de la création d’habitats en eau profonde ou de la connectivité des parcelles, l’élimination ou le contrôle des espèces aquatiques envahissantes, l’élimination des poissons piscivores, la récupération et la réintroduction du sucet de lac). Bien que cet avis soit élaboré spécifiquement pour la cellule Est de la RNF de St. Clair, on s’attend à ce que les résultats généraux s’appliquent à d’autres milieux humides endigués du bassin des Grands Lacs.
Objectifs
L’objectif de l’examen par les pairs est d’évaluer la réponse à court et à long terme des poissons (y compris le sucet de lac) dans la Réserve nationale de faune de St. Clair selon trois scénarios d’abaissement du niveau d’eau :
- aucun abaissement (statu quo) ;
- hauteur de rabattement intermédiaire (c.-à-d., réduction volumétrique < 95 %), y compris l’effet des compensations applicables ;
- hauteur de rabattement extrêmement grave (c.-à-d., réduction volumétrique de 95 %), y compris l’effet des compensations applicables.
Publications prévues
- Avis scientifique
- Document de recherche
- Compte rendu
Participation prévue
- Pêches et Océans Canada (MPO) (Sciences, Programme de protection du poisson et de l’habitat du poisson, Programme sur les espèces en péril)
- Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) (Service canadien de la faune)
- Universités
- Autres experts invités
Références
- Barnucz, J., Colm, J.C., and Drake, D.A.R. 2021. Fish Community Inventory of Dyked Wetlands in the St. Clair National Wildlife Area, Ontario, 2018 and 2019. Can. Dat. Rep. Fish. Aquat. Sci. 1324: vii + 34 p.
- ECCC. 2018. St. Clair National Wildlife Area Management Plan. Environment and Climate Change Canada, Canadian Wildlife Service, Ontario Region, 75 p.
- MPO. 2021. Impacts écologiques de l’abaissement du niveau d’eau sur le sucet de lac (Erimyzon succetta) de la réserve nationale de faune de st. Clair. Secr. can. de consult. sci. du MPO. Rép. des Sci. 2021/012.
Avis
La participation aux réunions d'évaluation par les pairs du SCCS est sur invitation seulement.
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