Cadre de référence

Risques génétiques associés à l’aquaculture de la morue charbonnière en Colombie-Britannique, au Canada

Examen par les pairs régional - Région du Pacifique

Le 30 octobre 2024

Virtuel

Président : Geoff Lowe

Contexte

L’aquaculture de la morue charbonnière (Anoplopoma fimbria) est actuellement limitée à trois installations marines en Colombie-Britannique, avec des permis de six ans qui ont été délivrés le 1er juillet 2024. Cependant, l’intérêt pour la production de cette espèce augmente, en particulier à la suite de l’interdiction par le gouvernement du Canada de la salmoniculture en parcs en filets ouverts le 19 juin 2024. Comme pour toute espèce cultivée, le prélèvement d’individus sauvages de morue charbonnière dans une population pour la constitution d’un stock reproducteur et la remise en liberté par inadvertance d’individus issus de l’aquaculture dans une population peuvent présenter des risques génétiques pour la viabilité à long terme de l’espèce. Par exemple, les poissons en captivité et sauvages peuvent être génétiquement ou épigénétiquement différents, de sorte que le flux génétique des populations reproduites ou élevées en captivité vers les populations naturelles peut avoir un effet négatif sur la valeur adaptative dans la nature. L’ampleur de ces risques génétiques est souvent spécifique au contexte et à l’espèce, et les risques génétiques n’ont pas encore été officiellement évalués pour l’aquaculture de la morue charbonnière en Colombie-Britannique. La compréhension des risques génétiques associés à l’aquaculture marine de la morue charbonnière est un facteur important à la poursuite de cette pratique d’une manière défendable sur le plan scientifique dans la province.

Actuellement, les activités d’aquaculture de la morue charbonnière en Colombie-Britannique consistent à prélever des individus d’origine sauvage pour le stock de reproducteurs et à produire des descendants de première ou de deuxième génération élevés en captivité, sans relâcher intentionnellement des individus en captivité dans la nature. La sélection naturelle qui s’exerce généralement dans la nature est réduite en captivité, et la sélection artificielle ou de domestication peut entraîner une évolution des caractéristiques qui serait sous-optimale dans le milieu naturel. Par conséquent, ces différences peuvent être néfastes pour les populations sauvages si des individus évadés par inadvertance introduisent des variations génétiques désavantageuses dans les habitats naturels. L’ampleur des risques génétiques associés au prélèvement de reproducteurs et à la domestication dépend à la fois des pratiques aquacoles spécifiques et des caractéristiques biologiques de l’espèce cultivée. De nombreuses études ont démontré que le flux génétique des populations en captivité vers les populations sauvages se fait souvent au détriment de la valeur adaptative dans la nature. Toutefois, la majorité de ces travaux sur les poissons se sont concentrés sur les salmonidés, en particulier le saumon atlantique (Salmo salar), dont les populations sont fortement structurées sur le plan génétique. Contrairement aux salmonidés, les populations de morue charbonnière sont bien répandues et relativement peu structurées, ce qui laisse supposer que les risques génétiques associés à l’aquaculture de cette espèce pourraient être relativement faibles. En 2022, l’état du stock de la morue charbonnière en Colombie-Britannique se situait dans la zone saine (MPO 2009; MPO 2023).

La Division de la gestion de l’aquaculture de Pêches et Océans Canada (MPO) a demandé à la Direction des sciences de fournir un avis sur les risques génétiques associés à l’aquaculture marine de la morue charbonnière avec les pratiques actuelles et avec un éventuel scénario dans lequel le stock de reproducteurs ne serait plus d’origine sauvage. L’évaluation et l’avis découlant de ce processus de réponse des Sciences du Secrétariat canadien des avis scientifiques (SCAS) serviront à appuyer les prochaines prises de décision relatives à l’aquaculture de la morue charbonnière.

Objectifs

Les objectifs précis de cet examen sont les suivants :

1. Examiner les connaissances actuelles sur la génétique des populations sauvages de morue charbonnière en Colombie-Britannique.
2. Documenter les risques génétiques pour la morue charbonnière sauvage causés par l’élevage en captivité d’individus destinés à l’aquaculture.
3. Évaluer ces risques génétiques pour les populations sauvages avec les pratiques actuelles d’aquaculture de la morue charbonnière en Colombie-Britannique.
4. Évaluer la façon dont les risques génétiques pourraient changer si les pratiques actuelles d’aquaculture de la morue charbonnière passaient de l’utilisation d’un stock de reproducteurs sauvages à un stock de reproducteurs en captivité.

Publications prévues

• Réponse des Sciences

Participation prévue

• Pêches et Océans Canada (Sciences des écosystèmes et des océans et Gestion des pêches et de l’aquaculture)
• Milieu universitaire (p. ex. Université Simon Fraser)
• Autres experts invités (p. ex. NOAA)

Références

• MPO 2009. Un cadre décisionnel pour les pêches intégrant l’approche de précaution.
• MPO. 2023. Modèle opérationnel révisé pour la morue charbonnière en Colombie-Britannique en 2022. Secr. can. des avis. sci. du MPO. Avis sci. 2023/010.